Site d'échanges et de partage d'informations sur l'aquariophilie et le milieu aquatique

L'aquarium planté - l'aquarium hollandais

par Olivier HENEAU
Reproduit avec l'aimable autorisation du groupe aquariophile "Le MEEKI"

L a différence entre un aquarium planté et un aquarium hollandais n'est pas toujours évidente et indique simplement que dans le deuxième cas, "l'esprit vert" est poussé à son extrême, et tant la population piscicole que les éléments du décor sont réduits à leur plus simple expression pour laisser la vedette au règne végétal.
Ce genre d'aquarium requiert le goût du jardinage (entretien parfois fastidieux), un certain sens esthétique pour une association réussie des plantes et de bonnes connaissances biologiques.
Cet article a pour vocation de répondre à la question : " mais comment diable faire pousser mes plantes ? "


L'AQUARIUM

La taille minimale sera de 130x60x60 cm (Lxlxh). Le bac sera profond(l) ce qui permet de créer de belles perspectives tout en ayant de la place pour un bon développement des plantes. La faible hauteur d'eau (h) sera propice à un bon éclairement au niveau du sol et facilitera l'entretien.


Système venturi
LA FILTRATION
Elle sera faible (maximum 1 fois le volume du bac par heure), le rejet ne devant pas faire bouger la surface de l'eau afin de ne pas perdre le précieux CO2.Tout diffuseur d'air ou tout système venturi est à proscrire, du moins durant la journée. Au vu de la faible densité piscicole envisagée, n'importe quel type de filtration convient, excepté la filtration sous sable et la filtration semi-humide.

Diffuseur d'air
Une aspiration en surface permet d'éviter la formation d'un voile bactérien sur l'eau et favorise ainsi les échanges gazeux et une bonne pénétration lumineuse. Malgré la perte lumineuse due aux tanins, certains auteurs préconisent de filtrer sur un peu de tourbe ou d'utiliser de l'extrait de tourbe ou de feuilles de chêne car la coloration jaune absorbe les rayonnements bleus de la lumière, ce qui est néfaste aux algues et donc bon pour les plantes.
Je déconseille le charbon actif ou les lampes germicides UV pour ne pas risquer de dégrader les engrais liquides du commerce. L'utilisation d'un dénitrateur ne me semble pas utile, les plantes jouant en partie ce rôle. De plus, le dénitrateur ne fonctionne vraiment bien qu'avec de l'eau au pH basique.

L'EAU

La grande majorité des plantes aquatiques vivent dans une eau douce et légèrement acide, l'eau aura donc un GH de 5 à 10°, une conductivité de maximum 600µs/cm2 et un PH entre 6,5 et 7. Elle ne contiendra pas trop de nitrates ni de phosphates afin d'éviter la prolifération des algues. L'eau qui aurait été traitée par un adoucisseur ménager est impropre à une utilisation aquariophile car trop chargée en sels de sodium.

Câble chauffant et thermostat


Les deux photos : substrat du commerce

LE CHAUFFAGE

Chaque plante possède sa plage de température préférentielle, mais pour les espèces d'origine tropicale on peut considérer qu'une température de 22 à 26°C est optimale.

La résistance chauffante sera placée à proximité de l'entrée ou de la sortie du filtre pour assurer une meilleure répartition thermique. Il existe sur le marché des câbles chauffants à placer dans le sol et qui favorisent la croissance des plantes. Celles-ci, tout comme nous, aiment avoir les "pieds" au chaud (surtout vrai pour des pièces peu chauffées). Ce procédé, à associer au chauffage classique, a l'avantage d'aérer le sol grâce au lent mouvement d'eau créé par la chaleur, mais est incompatible avec le sol nutritif développé ci-après, sans doute à cause de l'oxydation des éléments nutritifs ou de problèmes de libération d'H2S.

LE SOL

Deux grandes techniques s'opposent pour la fertilisation des plantes, la méthode hydroponique et celle du sol nutritif argilo-humique. Alors que la première revient simplement à fournir aux plantes la gamme complète des engrais d'une marque réputée en suivant scrupuleusement les recommandations des fabricants, le sol nutritif permet une approche plus naturelle et moins onéreuse avec néanmoins quelques défauts inhérents au principe tel que la putréfaction possible du substrat, le risque accru d'apparition d'algues (cas personnellement vécus avec des algues bleues), ou encore la réfection nécessaire après une dizaine d'années.

Réalisation du sol nutritif

Le substrat idéal se trouve dans les méandres des rivières
Voici la recette avec quelques variantes : Mélanger minutieusement et à sec 30 % d'argile verte de marque ARGILETZ en poudre (car l'argile de cette marque contient du fer) avec 20 % de véritable terre de bruyère non enrichie ou, à défaut, de tourbe de sphaigne vierge ou encore de terreau de feuilles très décomposé et 50 % de sable de Loire de granulométrie de +/- 1 mm. Ajouter une petite poignée de calcium (poudre d'os, corne torréfiée ou sable fin de corail) pour 10 litres de mélange. Damer au maximum cette préparation (à sec selon certains ou mouillé selon d'autres) dans l'aquarium sur une couche de 10 cm d'épaisseur. Certaines personnes ajoutent de la pouzzolane concassée, de la zéolithe ou du charbon actif au mélange pour permettre un meilleur ancrage des racines. Je pense que la latérite doit avoir le même rôle à jouer que l'argile.

Installer un grillage en plastique de +/- 4 mm de vide de maille ou un voile d'hivernage pour éviter les dégâts des éventuels poissons fouisseurs. Le grillage a ses détracteurs qui considèrent qu'un aquarium planté ne doit pas héberger de poissons qui creusent le sol et qu'il devient difficile de déplanter les plantes à fort enracinement tel que les grands Echinodorus.

Tube TL et son indispensable réflecteur

Éclairage d'aquarium
Recouvrir le tout de 4 cm de gravier lavé d'une granulométrie de 2 à 3 mm.

Bien que datant de la " préhistoire " de l'aquariophilie, il n'est peut-être pas idiot ( ce n'est en tout cas pas néfaste) d'ajouter des clous en fer avec un peu de tourbe en dessous du mélange, là où le milieu est très pauvre en oxygène (et voilà que l'on réinvente les chélates naturels !).

Bien que souvent très difficile à trouver, il est très important de se procurer les constituants exacts du mélange sous peine d'échecs cuisants. Pour ma part, j'ai été chercher de la terre de bruyère…dans une bruyère et l'argile verte (que j'ai réduit en poudre à l'aide d'un moulin à café) dans un magasin de diététique. Ce sol est disponible déjà préparé chez HAGEN sous le nom FERTIL+.

Les plantes "bullent" (production d'oxygène en présence de CO2), d'éléments nutritifs et de lumière intense.


Graphique montrant que la clorophylle est particulièrement sensible au longueurs d'onde bleue et rouge


Système clasique de diffusion de CO2 (bombone sous pression). Associée à une eau chargée en nitrate, la diffusion artificielle de CO2 provoque une explosion d'algues.
Dans le commerce il existe une multitude de sols pseudo-nutritifs, mais seul le complexe argilo-humique est garant d'une croissance luxuriante dans le temps.

Pour éviter que certaines plantes ne colonisent tout l'aquarium, il sera utile soit de confectioner des jardinières en verre, ou de cloisoner le fond du bac avec du shiste collé au silicone.

LA LUMIÈRE

La lumière du jour ne convient pas pour éclairer un bac planté car elle est beaucoup trop irrégulière et favorise la croissance des algues. Il est donc souhaitable de placer l'aquarium loin des fenêtres. Il convient de ne pas lésiner sur la puissance lumineuse et on installera 1 watt de puissance par litre d'eau à éclairer (oui je sais, c'est beaucoup ! ), quitte à utiliser des plantes flottantes pour tamiser la lumière. On prendra soin de nettoyer régulièrement les TL, les indispensables réflecteurs, et les vitres situées entre les lampes et l'eau (à supprimer si pas absolument nécessaire) pour éviter toute perte lumineuse. Dans un même ordre d'idée, on remplacera les tubes un à la fois (important pour éviter de stresser les plantes) au minimum tous les ans (+/- 6000 heures) car l'intensité et le spectre lumineux se dégradent au fil du temps.

L'utilisation de ballast électronique allonge la durée de vie des tubes tout en consommant +/- 25 % en moins pour un prix d'achat malheureusement assez élevé. Des tubes de 16 mm de diamètre (T5) spécialement conçus pour les ballast électronique diminuent encore la consommation.

Pour une hauteur d'eau supérieure à 60 cm, on utilisera des lampes haute pression HQL ou HQI (bacs ouverts). Alors que l'HQL a un rendu (=CRI) très mauvais et donne une dominante jaune, l'HQI (utiliser des ampoules 5200 ou 6500°K) donne une lumière très naturelle alliée à une très grande puissance

Quel type de TL choisir ?

Soit on achète bien cher des tubes prévus pour l'aquariophilie, ou on mélange moitié " lumière du jour " (= Daylight) à l'arrière-plan, moitié " horticoles " à l'avant-plan. Chaque amateur préconise une association de TL différente de son voisin.

Les TL horticoles ont un CRI mauvais car ils sont conçus pour faire pousser les plantes (ils émettent principalement dans le rouge et le bleu) et non pour donner un rendu agréable à l'œil. Pour la petite histoire, il parait que les plantes poussent très bien sous des lampes à vapeur de sodium ( = les lampes jaune des autoroutes ), mais bonjour le rendu visuel !

Diffusion de CO2 par électrolyse


Les engrais liquide sont a utiliser avec prudence car ils provoquent facilement des proliférations d'algues.
Le site Internet http://optimal.free vante les effets du tube BIOLUX mais après essai, ce TL sans être mauvais n'a rien de révolutionnaire.

Pour les personnes recherchant plus de lumière, elles peuvent utiliser des tube " triphosphore " hautes performances Les végétaux d'origine tropicale ont besoin d'un rythme nycthéméral régulier de 12 heures d'obscurité suivie de 12 heures de clarté. Les plantes des régions tempérées ont besoin quant à elles de 15h30 de clarté en été. L'achat d'une minuterie programmable est donc nécessaire.

Les aquariophiles spécialisés dans le domaine des bacs hollandais devraient tester certaines données scientifiques comme une lumière plus riche en longueur d'onde rouge et infrarouge le matin et le soir (marque le départ et l'arrêt de la photosynthèse), un allumage et une extinction progressive, la présence d'UV (plantes moins chétives mais croissance ralentie et risque accru d'algues). Une forte proportion de longueurs d'ondes bleues favorisent le développement horizontal des plantes ce qui est souhaitable en aquariophilie, alors que les rouges ont tendance à attirer les plantes vers la surface.

LE CO2

Ce gaz est aussi vital pour les plantes que l'oxygène l'est pour nous.

Engrais solide à enfouir


Mélanoïdes tubercularia


Ancistrus sp.


face ventrale de pekoltia sp
Tous les aquariums plantés n'ont pas nécessairement besoin de fumures complémentaires en CO2, il est naturellement produit par les bactéries et par la respiration des poissons. Néanmoins, pour les aquariums hollandais ou pour les bacs contenant une eau de dureté carbonatée >= à 8°, cela devient vite indispensable. On considère que pour une bonne croissance, la quantité de CO2 doit être> que 10 mg/l et< que 20 mg/l avec un optimum à 15 mg/l. Il existe plusieurs procédés de diffusion artificielle de CO2 dont certains sont plutôt artisanaux, voire franchement " folkloriques ".Un des plus sérieux est celui utilisant une bouteille sous haute pression avec détendeur, vanne électrostatique, compte bulles, diffuseur, et, pour les plus fortunés avec coupure automatique par pH-mètre électronique. Pour les petits bacs, une autre solution valable malgré une tendance à une diminution du KH, est celle de la diffusion par électrolyse d'une anode en carbone (se méfier du prix des consommables).

Le dioxyde de carbone joue un rôle important dans la chimie de l'eau de nos aquariums, mais je ne rentrerai pas dans le détail, retenons seulement que le CO2, le pH et le KH sont interdépendants et qu'en connaissant 2 de ces valeurs, on peut déduire la dernière.

LES MACRO-ÉLÉMENTS

Aussi appelés éléments plastiques ou éléments majeurs, ils sont indispensables aux plantes et leur servent de nourriture. C'est eux que l'on retrouve associés aux oligo-éléments dans les engrais liquides ou solides du commerce. Quels sont-ils ? :

l'azote (N) en faible dose ! ; le soufre (S); le calcium (Ca); le magnésium (Mg); le phosphore (P); le potassium (K), le carbone (C), l'oxygène(O) et l'hydrogène (H).

Une loi fondamentale qui régit le règne végétal est celle du baron Justus von Liebig (1803-1873) plus couramment appelée loi de Liebig ou loi du minimum, qui affirme que la croissance des plantes est limitée par l'élément nutritif nécessaire le moins abondant.

LES OLIGO ÉLÉMENTS

Ils ont le même rôle que les macro-éléments, mais ne sont présents qu'à l'état de trace.

Il y a le bore (B), le cuivre (Cu), le fer (Fe), le manganèse (Mn) et le molybdène (Mo).

Le juste dosage du fer est assez empirique car les tests aquariophiles mesurent la teneur en fer totale et non la teneur en Fe++ utile aux plantes.


plante bien enracinée d'origine européenne


plante vendue sans racines (à éviter)


culture en émergé
LES MÉTABOLITES

Ce terme barbare désigne des substances telles que polysaccharides, vitamines, hormones, acides aminés présents naturellement dans nos aquariums.

LES ENGRAIS SOLIDES À ENFUIR

A n'employer que quand si la plante est bien enracinée, ils servent à redonner du tonus à un sol argilo-humique vieillissant. Ils sont à enfouir régulièrement dans des sols peu nutritifs. Ils sont très utiles pour les plantes gourmandes telles les grands Echinodorus, les Crinum, les Aponogeton, les Nymphaea, etc.

LES AUXILIAIRES UTILES

Il existe des animaux utiles aux plantes, certains se nourrissent des algues indésirables et d'autres aèrent le sol en enfouissant les déchets à la manière des lombrics de nos jardins. Les plus efficaces dans ce travail sont :

-les poissons alguivores : Gyrinochelius aymonieri, Garra, Otocinclus, Ancistrus, Pekolcia, Crossochelus siamensis, Ameca splendens, poecillia reticulata, P. latipina, Xiphophorus helleri, X.maculatus.

-les escargots : Mélanoïdes tubercularia, Ampullaria sp ( mange aussi les plantes tendres), planorbarius sp ( il faut limiter leur population pour les même raisons )

-les crevettes : Caredina japonica ( je m'interroge sur leur espérance de vie dans nos bacs ).

Plantes aquatiques cultivées en émergé


Les bulbes d'Aponogeton ne doivent pas être enterrés trop profondément
LE CHOIX DES PLANTES

De la même manière que l'on utilise des denrées de qualité pour faire de la bonne cuisine, on apportera le plus grand soin à choisir des plantes dans un état sanitaire parfait, sans tache ni traces de pourriture, avec des racines saines et présentant de jeunes pousses.

Ceci n'est pas évident au vu de la manière dont les commerçants les entreposent.

La préférence ira à des plantes d'origine européennes de meilleure qualité que celles provenant d'Asie. Elles sont reconnaissables à leurs enracinements importants dans de la laine de roche " non cotonneuse "(souvent colorée en vert par les algues) et les pots utilisés sont noirs et ajourés. Certains producteurs asiatiques ont compris le truc et font des contrefaçons à l'européenne, Il faut bien reconnaître que la qualité de leurs plantes tend à s'améliorer. La meilleure période pour acheter des plantes s'étend de mai à octobre. C'est à ce moment qu'elles sont au mieux de leur forme et qu'elles offrent le plus de chances de reprise.

La grande majorité des plantes commercialisées qui sont en fait des plantes hélophytes (= palustres) ont été cultivées en émergé, ce qui peut poser des problèmes d'acclimatation lorsqu'on les immerge dans nos aquariums. Certaines plantes comme les Cryptocorynes peuvent perdre toutes leurs feuilles pour en émettre de nouvelles adaptées cette fois à la vie aquatique. Mais cette épreuve supplémentaire peut leur être fatale si elles sont déjà affaiblies au départ. Pour cette raison, on achètera préférentiellement des plantes issues de particuliers .

Chaque plante a ses propres besoins de culture, il faut donc faire l'effort de se renseigner avant l'achat de chacune d'elle. Il est à déplorer que beaucoup de magasins vendent leurs plantes sans fournir de noms.


Distributeurs d'engrais automatiques
ACCLIMATATION ET PLANTATION

Lors du transport, les plantes seront égouttées et mises dans un sac en plastique étanche gonflé d'air. Ce sac sera emballé dans du papier journal et/ou dans un sac isotherme.

Il n'est pas inutile d'acclimater les plantes aquatiques de la même manière que l'on fait pour les poissons. Les espèces fragiles telles que les Alternantheras et les Crypthocorynes, peuvent ne pas se remettre d'un choc thermique ou osmotique.

Il faut enlever le pot en plastique et la laine de roche en s'aidant si nécessaire d'un jet d'eau tiède. On coupera les parties abîmées ainsi qu'un tiers des racines avec une paire de ciseaux bien aiguisée. On plantera un peu plus profond que prévu en étalant les racines, et on tirera les plantes vers le haut pour qu'elles se mettent dans la position adéquate.

Certaines plantes à rhizomes (Microsorium) ou à bulbes (Aponogeton) ne doivent pas être enterrées profondément sous peine de pourriture.

Les plantes à tiges seront espacées de quelques centimètres l'une de l'autre pour que les pieds reçoivent suffisament de lumière. Les espèces héliophytes (celles qui aiment le soleil) seront placées au centre de l'aquarium, là ou la lumière est la plus vive. Il est recommandé de peupler son aquarium en végétaux une semaine après la mise sous eau.

Pourquoi ne pas faire son fer chélaté soi-même?

L'ENTRETIEN

L'aquarium planté s'entretient comme tout autre aquarium, les changements d'eau seront réguliers pour éliminer les nitrates et les phosphates en excès tout en apportant certains éléments nutritifs présents dans l'eau neuve. Le volume des changements ne sera pas important car la population piscicole sera faible et les plantes possèdent une certaine action épuratrice. On fertilisera les aquariums sans sol argilo-humique en suivant la notice des fabricants d'engrais. Pour une fertilisation plus régulière (ce qui est important), il existe des petites pompes doseuses dans le commerce. Certains aquariophiles injectent de l'engrais liquide dilué à l'aide d'une grosse seringue au pied des plantes gourmandes.

Les plantes à croissance lente comme cet Anubias sp., sont sensibles aux invasions d'algues
Les bacs avec vrai sol nutritif n'ont selon moi pas vraiment besoin d'engrais de base, tout au plus un complément en fer chélaté et en oligo-éléments.

Les plus gros des sédiments seront siphonnés, mais si l'aquarium " tourne bien " et que les poissons sont peu nombreux et de petites tailles, les sédiments s'incorporent très vite dans le sol et forment de l'engrais naturel.

Il faut veiller à ce que le sol ne se colmate pas, pour cela on peut s'aider d'une fourchette pour ameublir le sol sans abîmer les racines.

Reste à vous prévenir que les travaux de jardinage seront importants. Ils sont néanmoins nécessaires car sinon, la plante dominante a vite fait de priver de lumière ses voisines. Dans la nature, on rencontre rarement plus de deux espèces de plantes aquatiques ensemble.

Pour se débarasser des algues sur la vitre frontale, on utilise des aimants nettoyeurs.

Algue barbue

Algue verte en suspension ( eau verte )

Division d'un pied de cryptocoryne


Lemna minor
LES ALGUES

Tout aquarium a besoin de temps pour arriver à maturité, et s'il est vrai que le cycle de l'azote se met en place après un mois, il faut compter un an avant de considérer le bac comme complètement équilibré (et oui, l'aquariophilie est une école de patience !). Ceci laisse tout le temps aux algues friandes de milieux jeunes de proliférer. Elles étouffent les plantes supérieures tout en donnant un aspect négligé du plus mauvais effet. Si on peut considérer comme normale leur présence en faible quantité, l'excès est dû à un déséquilibre ou à une carence qu'il convient de rectifier. Les algues se situant bas dans l'échelle de l'évolution (ce sont probablement les premiers êtres vivants) possèdent de ce fait un haut pouvoir d'adaptation pour le plus grand désespoir des aquariophiles. Maigre consolation, elles seraient la source principale de l'oxygène que nous respirons.

Il ne faut pas utiliser les produits algicides du commerce, ceux-ci étant plus néfastes pour les plantes et les poissons que pour les algues. En dernier recours, les produits d'origine naturelle comme les extraits de tourbes ou le "PROTALON " seront utilisés en étant conscient qu'il vaut mieux prévenir que d'essayer de guérir. Chaque auteur qui écrit un article consacré aux algues expose ses propres solutions à leur éradication, mais elles sont malheureusement parfois contradictoires.

Malgré tout, on peut dire sans trop se tromper que toutes les sortes d'algues détaillées ci-après prospèrent quand l'eau est trop chargée en nitrates ou en phosphates, quand on ajoute trop d'engrais, quand les TL sont trop vieux ou que l'aquarium reçoit les rayons du soleil, quand la filtration est déficiente, quand il y a peu de plantes à croissance rapide, quand il y a des déchets non siphonnés sur le sol, quand le potentiel redox de l'eau est trop faible et quand il n'y a pas d'alguivore.

-Les algues brunes (Diatomées) qui sont rarement gênantes, sont dues à un manque de lumière et se rencontrent souvent dans les aquariums jeunes. Elles aimeraient les pH>=7,5
-Les algues vertes filamenteuses (Cladophora et Spirogyra) sont le signe d'un bac sain, on peut les enlever en faisant tourner un bâton rugueux sur son axe. Ne pas donner trop d'engrais aux plantes, diminuer l'éclairage, le CO2, la dureté et le pH.

-Les algues vertes en suspension (=eau verte) sont efficacement combattues en traitant l'eau avec une lampe UV ou à l'aide de daphnies. Faire attention de ne pas les introduire avec la nourriture vivante. Diminuer l'éclairage.

-Les algues vertes encroûtantes ou en forme de points verts (Chaetophora,Ganggrosira, Hormidium) ne sont pas virulentes

-Les algues velours (Oedogonium) sont difficiles à éradiquer

-Les algues en pinceau (Audouinella et Rhodophycées), généralement de couleur noire, aimeraient les pH acides. Elles sont difficiles à éradiquer. Certaines personnes en sont venues à bout avec des cachets d'aspirine.

-Les algues bleues (Cyanophycées) sont le signe d'un déséquilibre. Dans un bac nouvellement mis sous eau, elles peuvent courtcircuiter le cycle de l'azote et se nourrir des composés organiques avant que les bactéries n'aient eu le temps de les dégrader. Ces algues aimeraient les eaux douces de plus de 20°C au pH > 6,5, un sol compact en décomposition, un excès de CO2 et une carence en potassium ou en fer. Les câbles chauffants enfuis dans un sol non argilo-humique seraient un moyen de lutte efficace. Pour les cas désespérés (à éviter car cela détruit l'équilibre biologique) : une cuillère à soupe de blanc de zinc pour 100 litres ou du phosphate d'érytromycine (dosage?).

Le Cheirodon axelrodi est un hôte idéal pour les aquariums plantés


Les amateurs de plantes aquatiques sont souvent sans le savoir, interessés par les plantes terrestres.
Faites donc un aqua-terrarium avec des orchidées épiphytes comme ce Phalaenopsis.


MULTIPLIER SES PLANTES

Si vous avez suivi tous mes conseils, vous ne devriez guère avoir de problèmes à les multiplier.

Selon les espèces, on les bouture, on les marcotte, on détache les stolons, on prélève les plantules sur la hampe florale, on divise le rhizome, ou on fait des semis "à l'étouffée" dans une humidité atmosphérique très élevées.

Un bon moyen d'accroître rapidement ses plantes, c'est de les cultiver en émergé sous atmosphère très humide. Elles poussent alors beaucoup plus vite et fleurissent.

LES CHOSES À NE PAS FAIRE

Il faut se méfier des médicaments et notamment ceux à base de nufirpirinol qui peuvent être à l'origine d'un dépérissement des végétaux.

On évitera les Lemna minor (petite plante flottante) qui peuvent devenir envahissantes et sont très difficiles à juguler. Lorsqu'on démarre un nouveau bac, il est illusoire de vouloir le remplir dès le départ d'une majorité de plantes à croissance lente telles que des Cryptocorynes ou des Anubias, car seules les espèces à croissance rapide sont à même de lutter efficacement contre les algues qui se déclarent dans presque tous les nouveaux bacs. Je mets en garde les apprentis-chimistes, une mauvaise préparation ou un surdosage d'engrais peut avoir des conséquences néfastes.

CONCLUSION

J'espère vous avoir permis d'en apprendre un peu plus sur nos plantes d'aquarium et que vous ne les verrez plus comme de simples " garnitures ".

Je conseille aux personnes tentées par un aqua-terrarium, d'accrocher quelques orchidées (par ex. des Phalaenopsis) sur le rebord de celui-ci, nouvelle passion dévorante garantie.

BIBLIOGRAPHIE
Allgayer - Teton, 1986, "Plantes et décors d'aquarium", édition Bordas.
Brünner - Beck, 1991, "guide des plantes aquatiques", édition Tetra.