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Cyprichromis microlepidotus « Bulu Point»

Texte et photos : J-Luc RAVARD (AFC 681/67) © AA32 - mars 2003

 

Description
Le corps allongé, de couleur jaune brun ocre est parsemé dans sa partie haute de taches bleues. La nageoire caudale, en forme légere de lyre, est jaune. Les nageoires dorsale et anale sont bleues marines et liserées de noir. Les nageoires ventrales sont jaunes. De larges bandes verticales sombres apparaissent sur le corps du poisson lors du stress ou de l'éxitation.
La coloration des femelles est terne et présente de légères différences entre les individus d'un même groupe.

Mâle stressé ou exité

Dénomination
Fait parti de la famille des Cichlidés. L'holotype a été décrit par Poll en 1956 à partir de spécimens capturés à proximité de la presqu'ile de l'Ubwari dans la région nord-ouest du lac Tanganyika.
Origine
Son aire de répartition se trouve à Bulu-Point en Tanzanie où il fréquente les zones à proximité des substrats rocheux à des profondeurs situées entre 5 et 40 métres.
Taille
12 cm pour le male, 9 cm pour la femelle.
Vie en aquarium
Pour leur bien-être et vu la taille de ces poissons, il convient de leur offrir un aquarium pouvant fournir une place suffisante pour la nage en pleine eau ; 700 litres me paraissent être un minimum ; il est conseillé de privilégier la hauteur du bac par rapport à sa largeur. Des pierres à trous empilées en arriére plan de même qu'un beau décor sculpté en polystyrène, résiné puis sablé agrémentent la beauté d'ensemble de l'aquarium.


Des plantes tels les anubias que l'on peut piquer dans les trous de rocher, Cryptocorines, Crinums forment des barrières naturelles et facilitent la formation des différents territoires de ponte des mâles présents dans le bac. L'aquarium est bien filtré (une cuve de décantation dans chaque angle arrière équipée d'un pain de mousse) et brassé énergiquement en surface.
Comme substrat est utilisé un sable de quartz à granulométrie trés fine (presque de la poussiére). Ce banc de 11 poissons adultes (6 males et 5 femelles) vivent en compagnie d'un petit groupe de Tanganicodus Irsacae ( 4 individus) qui passe son temps à picorer les algues présentes sur le décor rocheux et d'un magnifique couple de Xenotilapia Papilio “Tembwe” qui se reproduit réguliérement dans cet aquarium. La température est comprise entre 23° et 26° et le PH se situe à 8,2.
Toutes les trois semaines, on procéde au changement d'un tiers de l'eau et on ajoute un neutralisateur liquide du chlore.

Groupe de femelles Cyprichromis microlépidotus Bulu Point

 

Toutes ses observations ont été réalisées chez Pascal HAMM , un bon ami qui éléve l'espèce décrite depuis trois ans dans un grand aquarium de 1000 litres. Par le passé, des essais de maintenance ont été tentés avec un petit groupe de Cyathopharynx foai Kalila puis ultérieurement avec des Ophtalmotilapia Nasuta Mucosa mais sans grand succés au niveau de la cohabitation plus qu'houleuse entre ces différentes espéces.
Pour la nourriture, on privilégie les cyclops de bonne qualité, artémias, daphnies, le mélange maison traditionnel broyé le plus finement possible, les petits granulés cichlid riches en caroténoïdes et surtout la spiruline.
Reproduction
Ce poisson est un incubateur buccal maternel. La reproduction de cette espèce s'éffectue en pleine eau, à proximité d'une zone rocheuse. Les mâles territoriaux défendent farouchement contre les autres mâles un territoire de reproduction tri-dimensionnel et paradent devant les bancs composés de femelles et de quelques sub-adultes.

Afin d'attirer une femelle gravide, le mâle frétille de tout son corps.

Afin d'attirer une femelle gravide, ils redoublent de bravoure en exposant leurs plus beaux apparats. Lorsqu'une femelle du groupe est prête à pondre, elle rejoint le territoire du mâle qu'elle a choisi, en général le dominant ; celui-ci frétille de tout son corps, se tord dans tous les sens ; ces couleurs s'avivent. La femelle, attirée par cette danse, s'approche du mâle et libère alors un à deux oeufs en pleine eau puis recule afin de les happer, le mâle ayant à ce moment émis son sperme. La scéne se reproduit plusieures fois jusqu'à la fin de la ponte. Celle-ci est entrecoupée par le mâle qui chasse tout rival trop curieux.
Toutefois, il arrive qu'un mâle dominé arrive à féconder les oeufs pendant que le dominant chasse d'autres prétendants. L'incubation dure environ 20 à 25 jours et la femelle se cache souvent près du décor rocheux afin d'incuber dans le calme.
Comme il n'y a pas de prédateur dans cet aquarium, Pascal en profite pour retirer les alevins (10 à 15 mm) qui ont été crachés par leur mére. Ceux-ci se cachent souvent dans les plantes de surface et ne sont pas trés nombreux (5 à 7 jeunes). Ils sont alors élevés à part et nourris de microvers, de nauplies d'artémia et de petits cyclops.
Observation
La systématique des différentes variétés de Cyprichromis microlépidotus n'est pas du tout évidente et il y a souvent des confusions fréquentes au niveau de la détermination des espéces. Il peut y avoir de légéres variations de teinte entre les mâles d'un même groupe.
Dans le bac que je vous ai présenté, Cyprichromis microlépidotus Bulu-point se positionne en dominant de l'aquarium. Toutefois, il n'importune pas les gobies (Tanganicodus irsacae) ni le couple de sabulicole (Xenotilapia papilio tembwe), chaque espèce ayant son propre térritoire. C'est la preuve d'un choix judicieux permettant l'observation de ces différentes espèces.