Culture de
plancton
Une méthode simple de culture de plancton marin
par Christian Angermair Das Aquarium 8/98
Étant donné que les larves de la plupart des poissons marins sont très petites, il faut pour leur élevage une nourriture primaire adaptée. A cet usage le cilié Brachionus plicatilis s'est imposé au fil des années. Cet article est destiné aux aquariophiles marins qui désirent faire une fois l'essai d'une reproduction personnelle, mais pour lesquels la culture de plancton a jusqu'à présent été trop pénible. En outre cet article intéresse aussi ces aquariophiles qui n'ont pas réussi à cultiver jusqu'à présent du plancton durant plusieurs années sans beaucoup de travail. Uniquement par les efforts d'aquariophiles engagés il sera peut-être un jour possible de couvrir en plus grande partie les besoins en poissons marins par des reproductions personnelles.
Au cours des trois dernières années j'ai développé une méthode de culture prolongée sur de nombreuses années de Brachionus plicatilis sans trop de dépenses en travail et en matériel. Parlons d'abord du matériel: il faut un bac ayant les dimensions suivantes 100 x 40 x 40 cm (L x H x P), dans lequel sont collés des vitres de séparation afin d'obtenir des bacs individuels de 20-25 litres chacun. Comme alternative on peut également utiliser cinq ou six bacs individuels d'un volume identique. Il le faut pas essayer la culture du plancton avec moins de cinq bacs individuels, mais j'y reviendrai plus tard.
Il faut aussi un tube fluorescent qui fasse la longueur du bac. Pour des raisons de coût j'utilise un tube de 18 watts de 60 cm de longueur pour le bac d'un mètre. La durée d'éclairage journalière doit se situer aux alentours de 12 heures. Un chauffage n'est pas nécessaire, à la condition que le bac soit situé dans un local chauffé et que la température de l'eau ne tombe pas en-dessous de 20°C. Une aération de l'eau ou même une filtration ne sont pas nécessaires.
Si le ou les bacs est ou sont installés, il faut le ou les remplir avec de l'eau de mer fraîchement préparée et bien aérée avant. J'ai constaté que la densité de l'eau de mer passe au second rang. Toutefois Brachionus plicatilis réussit mieux avec une densité comprise entre 1.020 et 1.030. Plus la densité est élevée plus les B. plicatilis restent petits et plus la densité est basse plus les rotifères grandissent. Des rotifères adultes sont faciles à reconnaître à l'oeil nu.
Après avoir rempli les bacs avec de l'eau, que la température se situe entre 20 et 30° C, on se procure une souche de phytoplancton. Le phytoplancton est le plancton végétal et il colore l'eau en vert foncé. On ensemence les bacs individuels avec le phytoplancton en utilisant environ 0,5 litres d'eau verte. On peut accélérer ce processus par un éclairage ininterrompu de 24 heures.
La culture de phytoplancton peut être maintenue en vie durant 12 semaines, parfois plus longtemps encore, sans aucune intervention. Une fois que l'eau des bacs individuels se soit réellement colorée en vert foncé (surtout pas avant) le temps est venu de se fournir une souche des rotifères Brachionus plicatilis. On verse avec précaution cette souche dans l'un des bacs individuels. Comme les rotifères se nourrissent du phytoplancton, ils peuvent se multiplier à très grande vitesse. Après sept à dix jours, ceci dépend en priorité de la température, la culture de Brachionus plicatilis culmine, c'est à dire que l'apogée est atteinte en relation avec la densité des rotifères.
Entre temps l'eau verte s'est de plus en plus éclaircie, étant donné que Brachionus a absorbé l'intégralité du phytoplancton. Dorénavant, comme il n'y a plus de nourriture disponible pour les rotifères, la culture commence lentement à dépérir. A partir du jour où la densité maximale est atteinte, j'attends encore deux à cinq jours, jusqu'à ce que seul quelques rotifères restent encore visibles dans l'eau, puis j'aspire quelques uns d'entre eux à l'aide d'un tuyau à air pour ensemencer le prochain bac individuel. Là, le processus décrit se renouvelle. L'eau du bac avec la culture éteinte de Brachionus est échangée contre de l'eau de mer récemment préparée.
Ce faisant il faut veiller que le bac individuel soit bien rincé avec de l'eau douce avant de le remplir de nouveau. L'alternative consiste à attendre encore quelques jours supplémentaires jusqu'à ce que réellement tous les Brachionus soient morts par manque de nourriture puis à ensemencer avec du phytoplancton ce bac individuel sans avoir effectué le changement d'eau. Cette méthode n'est cependant pas sûre car des rotifères individuels ou leurs œufs peuvent survivre très longtemps.
Afin d'avoir réellement du succès durant une longue période avec cette méthode, la propreté constitue un impératif absolu. Le plus grand danger est représenté par un ensemencement de tous les bacs individuels par des Brachionus (suite à des éclaboussures) et qu'ainsi le phytoplancton ne puisse plus à cause de cela se multiplier suffisamment. Si cela se produit, ma culture de phytoplancton s'écroule après quelque temps puis quelques jours plus tard il en est de même pour la culture de Brachionus. Pour des raisons de sécurité il convient de conserver un bac individuel contenant du phytoplancton placé à distance, ce qui a pour conséquence l'acquisition d'une autre source d'éclairage. Si l'on prend ces conseils à coeur, on dispose toujours d'une source de Brachionus avec peu de perte de temps, lorsque les poissons pondent dans l'aquarium et que l'on désire faire un essai de reproduction.
Si on nécessite beaucoup de rotifères pour un élevage de jeunes poissons, l'avantage de posséder plusieurs bacs individuels se remarque. La possibilité d'ensemencer plusieurs bacs en même temps existe afin de disposer de suffisamment de nourriture lors du premier jour de vie des poissons.
Lorsque les Brachionus doivent se développer si possible rapidement, une température de 25° C et une salinité inférieure à 1026 ont fait leurs preuves chez moi. Lorsqu'on ne possède pas de jeunes poissons pour des essais de reproduction les Brachionus conviennent du reste aussi comme excellente nourriture pour les invertébrés. Pour ce motif unique il convient d'essayer une fois la culture de Brachionus plicatilis.