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Maldives 25-11-2003 - du blanciment des coraux au retour de leur prospérité

par Veronika et Michael Mittic - Haus des Meeres, Vivarium Wien Datz 12/2003

Une rapide rétrospective et un état actuel des lieux par deux biologistes marins, qui ont été le témoin d'un désastre écologique en 1998 et qui depuis chaque année plongent dans les mêmes récifs et se réjouissent des prodiges de régénération de la nature...

Visions typiques des platiers maldiviens en 2001 - MARS ©

 

Au début de l'été 1998 la température de l'eau aux Maldives était particulièrement élevée de 30 à 32° C et cela sur une période de presque deux mois. Plus de 95 % des scléractiniaires ont trouvé la mort à cette époque. Le phénomène s'appelle El Niño, lorsque des territoires marins sont visités par des eaux aux températures anormalement élevées. 32° C, ce sont en moyenne six à sept degrés de plus que la normale. En 1998 El Niño s'est abattu pratiquement sur le monde entier et a conduit partout à un endommagement des coraux. Mais nulle part ailleurs, les dégâts n'étaient aussi importants qu'aux Maldives.
En raison de ces températures élevées les coraux ont commencé à expulser de leur tissu vivant les algues symbiotiques. Étant donné que les zooxanthelles sont aussi à l'origine de la couleur des tissus des coraux, ceux-ci sont devenus transparents et on voyait le squelette blanc des coraux (d'où l'expression: blanchiment des coraux). Les colonies sont mortes en grande partie, car sans leurs zooxanthelles elles ne pouvaient survivre.
En février 2000 le moment était arrivé : deux ans après le désastre il y avait de nouveau des colonies vivantes de coraux là où une année auparavant tout pouvait encore être comparé à un cimetière de coraux. Néanmoins les taux de régénération étaient encore très modestes. Par endroits, par exemple sur la pente récifale, les meilleurs endroits étaient de nouveau recouverts, entre 70 à 80 % par mètre carré de surface de substrat, par des coraux vivants, mais en des endroits plus modestes, comme la crête récifale, il n'y avait le plus souvent qu'une seule colonie de quelques centimètres de diamètre. Probablement les courants et l'échange d'eau, qui est nettement plus important sur la pente récifale, ont joué un rôle certain pour la régénération.
Une année plus tard en 2001, la couverture des coraux morts par de jeunes colonies aussi bien que la multiplicité des espèces avaient nettement augmenté et certes pas seulement sur la pente récifale, mais également dans les passages du récif bénéficiant de moins de courant, soit la crête récifale et la zone lagunaire.
Du côté de la lagune il s'agissait par exemple de Porites rus qui a réalisé une énorme progression. Partiellement les colonies atteignaient une taille d'un à deux mètres carrés et plus. Cependant le plus fascinant à l'époque - probablement parce que depuis le blanchiment de 1998 pas une seule nouvelle colonie n'a pu y être découverte - est que trois années plus tard le genre Acropora poussait de nouveau. On y rencontrait des colonies d'un diamètre de 20 à 30 centimètres qui avaient poussé en l'espace de moins d'une année ! Justement les Acropora étaient représentatifs par le passé des récifs malédiviens.
A partir de là, le rétablissement n'a cessé de progresser. Cette année, en 2003, il y a de nouveau des colonies du genre Acropora avec un diamètre de 60 à 80 centimètres, partiellement aussi de nouveau des colonies de Pomacentridés (par exemple Dascyllus aruanus) Ces poissons absents jusqu'à présent sont de nouveau présents. Partout des coraux bourgeonnent. Dans la zone lagunaire, où en 2001 une colonie de Porites rus atteignait une superficie de un à deux mètres carrés, ces colonies atteignent maintenant 20 à 30 mètres carrés !
D'une manière générale il faut noter que la croissance de tous les nouveaux coraux semble progresser beaucoup plus rapidement que l'estimation initiale ne le laissait présager. En ce qui concerne les taux de croissance antérieurs la poussée concurrentielle exercée par les coraux voisins jouait un rôle limitant. Actuellement il n'y a pas de concurrence mais quantité de zones libres pour la colonisation.
Toutefois il faut remarquer que, de loin, toutes les espèces de coraux ne sont pas encore présentes. Cependant un immense espoir existe que l'une des zones récifale la plus touchée par le blanchiment va de nouveau se rétablir.




© Extrait de la Gazette Marine N° 78 - janvier 2004
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