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Neolamprologus similis

Jean-luc RAVARD © Article publié dans la revue AFC de juin 1999

 

Ce petit cichlidé conchylicole du lac Tanganyika fut d'abord appelé Neolamprologus aff multifasciatus puis " big eye" en raison de la taille assez importante de ces yeux par rapport à N. multifasciatus. Il fut découvert au début des années 90 par Konings qui l'a photographié dans deux localités différentes de la partie médiane du lac (Bulu Point et cap Tembwe). Une deuxième aire de distribution se trouve plus au sud sur la côte congolaise à Zongwe. C'est de cette localité que proviennent les spécimens ayant servi à la description par H. Büscher en 1992.

Le nom de l'espèce fait référence à la similitude d'aspect avec N. multifasciatus, son cousin éloigné et légendaire. La robe est couverte de barres brunes espacées régulièrement. Ces barres sont présentes également sur la queue et surtout sur la partie supérieure de la tête ce qui le distingue au premier coup d'oeil de N. multifasciatus, sur la tête duquel elles sont absentes. La nageoire dorsale présente un liseré noir souligné d'une bande dorée, les nageoires ventrales étant quant à elles surlignées d'un fin liseré bleuté. La taille adulte est de 5 cm pour le mâle, la femelle atteignant 3 cm.

Dans leur biotope ces poissons évoluent en groupes plus ou moins denses dans les zones abruptes à assez grande profondeur, parfois au milieu de champs de Neothauma (escargots), il ne s'agit toutefois pas de conchylicoles stricts.

J'ai eu la chance de rapporter six exemplaires juvéniles du congrès AFC de 1996. Ils mesuraient 1,5 à 2 cm. Ils furent placés dans un petit (!) bac de 100 litres décoré de quelques morceaux d'ardoises et d'une plage de sable fin agrémentée de coquilles de différentes espèces (Bourgogne, ampullaires, petits gris, bulots et quelques Neothauma récupérées récemment chez Monsieur Büscher). Ils sont beaucoup plus timides que leurs cousins et, dans un premier temps, se cachent derrière le décor rocheux.

D'après mes observations, je serais en possession de deux femelles et de quatre mâles. Rien ne se passa pendant quatre mois, les poissons ont grandi et le plus grand mâle atteint maintenant 3 cm. Le sable est légèrement dégagé sous les coquilles et de petites tranchées se forment. Les femelles ne présentent pas la boulimie terrassière des N. multifasciatus, les coquilles n'étant jamais enterrées. Les escarmouches observées entre mâles ne laissent planer aucun doute, quelque chose se prépare enfin!

Des quatre mâles présents, c'est le plus grand qui participe à la reproduction et à la défense du territoire de ponte. Lors de la parade, la femelle présente son abdomen rebondi au mâle et l'invite par des nages pilotes à le suivre en plongeant dans sa coquille fétiche. Je n'ai jamais vu le mâle pénétrer dans la coquiIle, ce qui laisse penser que la laitance est émise à l'entrée de ceIle-ci. Il faut compter une dizaine de jours pour voir apparaître les premiers alevins. Le mâle repousse avec vigueur les autres prétendants qui se cachent tant bien que mal dans la partie rocheuse de l'aquarium ; les alevins sont timides, un peu plus petits que ceux de N. multifasciatus (environ 3 mm) et ne quittent pas la coquiIle matemelle les premiers jours. Ils sont nourris de nauplies d'artemias et de micro-vers.

Les pontes sont assez régulières et s'échelonnent comme suit:
09 06 97 : 3 alevins
04 08 97 : 6 alevins
04 10 97 : 1 alevin ( !)
09 11 97 : 1 alevin
22 12 97 : 2 alevins
13 02 9.8 : 4 alevins
01 07 98 : 7 alevins en deux lieux de ponte
06 08 98 : 7 alevins

Comme on peut le voir, les pontes sont minimes, ce qui peut expliquer la difficulté à se procurer cette espèce.

Les jeunes présentent un liseré jaune orangé dans la dorsale et, dès l'âge de trois mois, à la taille de 1 cm, les barres apparaissent sur la robe. Je maintiens tout ce beau monde à une température de 24°C. Au bout de quinze jours, je prélève les alevins qui sont répartis dans les coquilles qui entourent celle de la mère et je les élève séparément. Une fois j'ai pu constater que la mère avait mangé ses petits à la suite d'un important dérangement.

Les adultes sont nourris tous les jours avec des daphnies vivantes ou congelées pêchées à la belle saison, des artemias, mysis, cyclopes, krill et le traditionnel mélange pour cichIidés à base de petits pois, moules et crevettes. En complément ils reçoivent une fois par semaine des enchytrées que j'élève dans ma cave.

Il faut éviter de les mélanger avec une autre espèce conchylicole de même qu'avec des poissons fréquentant les zones rocheuses (Julidochromis, Neolamprologus) car ils seraient automatiquement dominés. On peut les associer sans danger avec des Cyprichromis, cette association étant du plus bel effet visuel.