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Phosphates: quelle est leur importance réelle?

Par Wolfgang Mai - Gazette Marine n° 73

A mon avis trop peu d'attention est portée en aquariophilie marine à la signification de la mesure des phosphates et de la diminution des phosphates. Les dégâts sont particulièrement visibles dans les aquariums âgés sur les coraux cuir et les coraux mous, lorsqu'on compare le faible degré d'épanouissement de leurs polypes en présence de quantités importantes de PO34 avec des animaux provenant d'aquarium récemment installés avec une faible quantité de PO34

Même si les aquariophiles observent d'anciennes photos de coraux provenant de leurs propres bacs, ils constateront souvent que les polypes étaient plus ouverts par le passé, car sans mesures spécifiques une accumulation des phosphates dans l'eau se produit dans les bacs récifaux au fil du temps. Si finalement la teneur en phosphates de 0.5 milligrammes par litre (mg/l) est dépassée, des dégénérescences apparaissent chez la plupart des coraux reconnaissables à l' œil nu. Dans certains bacs récifaux les quantités de phosphates atteignent 2, voire 10 mg/l sans que le soigneur ne prenne des mesures à leur encontre. En présence de telles valeurs il ne faut plus songer à maintenir des coraux durs.
La teneur en phosphates doit être maintenue en-dessous de 0.1 mg/l. Cette valeur ne peut hélas qu'être évaluée de manière approximative avec les tests du commerce. Des valeurs de 0.5 mg/I sont en tous les cas déjà trop importantes.

Comment peut-on réduire la teneur en phosphates ?
Une diminution à des valeurs de 0.5 mg/l peut être atteinte en utilisant des zéolithes. Ce granulât peut aussi être mis en oeuvre comme filtration de longue durée, afin d'éliminer directement les phosphates qui sont produits en permanence. En présence de valeurs supérieures à 0.5 mg/Ion peut essayer d'obtenir une réduction rapide par l'utilisation de limaille de fer ou de copeaux de perçage (sans additifs !) il faut savoir que sur un plan purement mathématique par exemple dans un bac de 1000 litres la présence de 2 mg/l représente deux grammes de phosphates inorganiques et que donc pour la diminution il faudra une grande quantité de zéolithes. Dans des bacs âgés il y a encore plus de phosphates fixés dans le sol et le décor, qui passe en solution au fur et à mesure de la diminution de la concentration de PO34 dans l'eau !
Dans ce cas l'utilisation de limaille de fer s'avère moins onéreuse et plus efficace. La limaille est placée dans une chaussette de filtration en un endroit très brassé du filtre et dès qu'une partie importante de la limaille est devenue noire (au plus tard après quatre jours, avant qu'il n'y ait une trop forte formation de rouille) on retire délicatement la boue noire formée dans la chaussette. Durant cette action il se produit durant quelques heures un léger trouble qu'il faut prendre en compte et qui se produit également avec les produits liquides industriels. Selon mes expériences les produits industriels liquides ont peu d'effet même en présence d'un écumage performant.
Avec une valeur inférieure à 0,5 mg/l Ia formation de rouille sera prépondérante à cause du faible dépôt de phosphates sur la limaille de fer et l'utilisation de zéolithes ("Antiphos", "Phosphat-reduct", PhosEX") sera plus avantageuse.
Des coraux endommagés par les phosphates reprennent leur splendeur passée plusieurs semaines après la diminution des phosphates.

Une quantité de phosphates trop importante endommagera aussi les poissons juvéniles

J'ai aussi pu constater des dommages sur mes élevages de poissons dans le cas de quantités de PO34. Dans les bacs d'élevage des teneurs en phosphates de 3 mg/l sont rapidement atteintes et il y a nettement plus de déformations branchiales chez les Pterapogon kauderni et plus de malformations chez Calloplesiops altivelis que dans des eaux pauvres en phosphates. Il est connu que l'eau d'élevage doit également être naturellement pauvre en nitrates.
Ainsi il m'est impossible d'admettre que des quantités de phosphates allant jusqu'à 6 mg/l soient sans effets sur la santé de nos poissons.

Phosphates...
... et autres substances qui s'accumulent dans nos aquariums, comme les nitrates, ne doivent être présents qu'à l'état de traces sinon absents comme c'est le cas de l'eau de mer naturelle. Leur élimination est prioritaire. L'addition d'oligo-éléments et de créateurs de complexes importants et précieux ne peut être efficace que si toutes les substances se trouvent en équilibre naturel.
Si on veut établir dans son aquarium un équilibre naturel des substances la mesure et la vérification des substances inhibitrices, ne doit en aucun cas être oubliée ou repoussée aux calendes grecques. Pour mesurer les phosphates des réactifs sont proposés par les sociétés JBL, Sera ou Tropic Marin. Tous les tests officient avec satisfaction dans une fourchette inférieure à 0.1 mg/l. Des tests offrant des possibilités de recharge sont plus intéressants car les réactifs s'épuisent à des cadences variées.


© Extrait de la Gazette Marine N° 73 - Octobre 2002
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