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Problèmes (?) d’algues

Peter Schneider, Zuzgen / AG (CH) - AQUA PLANTA

Si nous lisons avec attention les portraits de poissons du connu „Aquarienatlas“, il nous est à peine possible d’imaginer qu’il existe des problèmes d’algues – à la vue de la grande quantité de poissons qui nécessitent des algues pour leur alimentation. Un exemple illustrant cela : sous la rubrique « Elevage » il est marqué pour Limia melanogaster à la page 596 du premier volume (4ème édition) : « Possible, mais est rarement menée à bien, étant donné que cette espèce préférant les algues et les plantes comme nourriture est peu appréciée des aquariophiles. » Et sous « Particularité » il est marqué : ,,végète s’il n’y a pas assez d’algues.’’
Pour une entreprise de culture de plantes qui cultive toutes ses plantes sous l’eau (immergées) une phrase qui attire l’attention. C’est la raison pour laquelle j’ai acquis ce poisson, l’ai multiplié par centaines et réparti dans mes aquariums; évidemment très prudemment, car il doit toutefois préférer des plantes. Chez moi il ne consomme – maintenus par centaines – ni plantes ni algues.
Un autre exemple: dans le cas d’Otocinclus affinis il est marqué page 492 sous la rubrique „Nourriture" une indication à propos des algues et des tablettes de nourriture. Un poisson qui dans mon entreprise même avec une alimentation complémentaire qui dans la plupart des cas ne devient pas plus grand même si je l’héberge dans un bac âgé plein d’algues. Il est certes agréable de voir comment il s’applique à „ronger“ un tapis d’algues, mais les algues ne diminuent pas plus et le poisson ne grandit pas.
Conclusion : tout de même un problème ? Oui, vraiment !
Même si dans mon entreprise je maîtrise le problème, je reconnaît qu’à travers les nombreuses questions journalières, que la littérature professionnelle et les produits anti-algues courants ne sont pas d’un grand secours. C’est la raison pour laquelle je veux témoigner comment nous contournons les algues dans nos cultures.

Photo: J. Freyhof

Diatomées
Des algues, qui recouvrent – particulièrement dans les aquariums favorables à la croissance - toutes les plantes comme les pierres et en fait toutes les surfaces avec d’une couche brune, que l’on Gyrinocheilus aymonieri appelle diatomées. Il s’agit d’algues dont le spores sont quasiment présentes dans toutes les eaux. Leur germination et leur multiplication dépend du milieu, c’est à dire de la somme de nombreux facteurs et de leurs relations réciproques. Ces couches n’ont pas un bel aspect et inhibent essentiellement la croissance des plantes. La lumière absolument nécessaire à la croissance des plantes ne parvient plus en quantité suffisante. Il n’existe qu’une seule espèce de poisson fiable envers ces algues Gyrinocheilus aymonieri.
Un seul poisson relativement jeune suffit amplement à garantir la propreté d’un aquarium de 600 litres. Il ne faut jamais en utiliser plusieurs car par leurs querelles mutuelles permanentes ils se gênent dans leur travail. Je maintiens un exemplaire de cette espèce de poisson dans tous mes aquariums. Si un de ces poissons arrive à mourir sans que je ne le remarque à cause du nombre de bacs je le remarque environ deux à trois mois plus tard, lorsque la vitre frontale devenue légèrement brunâtre altère ma vision lors des manipulations dans l’aquarium. Ce „travailleur“ est si sûr et fiable qu’il ne doit en aucun cas recevoir de nourriture étant donné qu’il grandit assez rapidement exclusivement avec les diatomées.

Algues visqueuses ou algues bleues
Une autre espèces d’algues recouvre – le plus souvent à partir d’une petite tache – au fil du temps également toutes les plantes et décoration, toutefois avec une couleur vert bleuâtre, appelées algues visqueuses ou algues bleues (= cyanobactéries). Il s’agit effectivement de bactéries et pas de vraies algues. Elles sont très faciles à enlever avec les doigts des feuilles et objets contrairement aux diatomées, lesquelles ne peuvent être enlevées que sous une pression modérée et de nombreux frottement avec la main. A l’air, la cyanobactérie sent mauvais. Le scientifique distingue plusieurs espèces. Mais les différences intéressent peu les aquariophiles, car toutes se répartissent aussi vite et certes aussi assez largement. Les spores sont également présentes dans toutes les eaux, mais ne se développent que dans des milieux bien spécifiques.
En ce qui concerne ces espèces nous savons exactement ce qui fait partie de ce milieu, étant donné qu’il s’agit essentiellement de composés azotés comme ils sont présents dans les cellules vivantes ou comme ils sont libérés lors de la décomposition des cellules mortes. Mais cela n’a pas de véritable sens de vouloir tester l’eau à la recherche des nitrites et des nitrates, parce que de telles concentrations naissantes d’azotes ne sont pas encore réduites et transformées en nitrites et nitrates. Ils ne sont que localement présents, par exemple plutôt sur les feuilles des plantes flottant à la surface de l’eau. Des paillettes de nourriture peuvent se décomposer lentement à la surface de l’eau parce que les poissons ne peuvent pas les atteindre. Un anneau à nourriture s’impose. Mais des poissons morts non découverts peuvent devenir des sources pour cette espèce d’algue à cause de leur décomposition et de la libération de leurs protéines (= azote). Le pire est qu’aucune espèce de poisson ne les consomme. Dans le cas d’une très faible couverture les planorbes sont les seules à les consommer si elles sont présentes en grand nombre, si bien qu’elles doivent souffrir d’une famine permanente. Mais même dans ce cas le nettoyage n’est pas complet. Un produit anti-algue est le seul recours, car cette algue atteinte dans sa croissance poursuit celle-ci, même un peu diminuée, dans une eau parfaite. Par exemple Aqua Technic Redoxin les détruit totalement en l’espace de 6 à 7 jours. Le seul inconvénient est que les plantes de la famille des Hydrocharitacés ( par exemple Vallisneria) ne supportent pas ce produit, mais il ne nuit pas à toutes les autres plantes.

Algues vertes en suspension
L’algue verte en suspension (Euglena viridis = euglènes) est la plus remarquable de toutes les algues. Ses spores (ou forme inactive) se trouve dans les eaux sans qu’elle ne soient obligées de se multiplier. Il s’agit d’une algue unicellulaire microscopique qui peut se déplacer librement dans l’eau à l’aide de deux filaments possédant une petite tache rouge, qui peut percevoir la lumière. Il s’agit d’une plante avec des yeux et un moyen de locomotion, telle que nous ne les connaissons que chez les animaux. Extrêmement intéressant pour les scientifiques avec un microscope, moins pour les aquariophiles. Ces algues se multiplient de façon si rapide, que la totalité de l’eau devient d’un vert sombrer. En cas de multiplication importante on ne peut plus voir les objets (également les poissons) que sous forme d’ombre à partir de 5 à 10 cm derrière la vitre frontale.
La croissance des euglènes et leur multiplication sont favorisés par un excès de composés azotés et autres nutriments dissous. Cependant dans une eau d’aquariums anciens elles ne réussissent pas aussi bien que dans des aquariums récemment installés. Ceci est dû aux acides humiques diversement présents. Une filtration sur tourbe rigoureuse – tourbe neuve tous les deux à trois jours – il est souvent possible de les éliminer. Ce sont souvent les débutants qui sont ennuyés par cette espèce d’algue surtout lors de leurs débuts dans ce hobby, parce qu’ils disposent d’une eau neuve sans acides humiques et qu’en plus ils nourrissent beaucoup trop. D’autre part les plantes ne sont pas encore capables d’absorber assez de substances fertilisantes dues aux excréments et dissoutes dans l’eau. En outre la quantité de plantes présentes est réduite, de plus elles ne sont pas encore correctement enracinées. Si dans ce cas une filtration sur tourbe n’est pas suffisante, il ne reste plus que l’onéreuse méthode du rayonnement ultraviolet comme traitement.
Nous avons cependant une consolation. Aussi improbable que cela puisse nous paraître, les poissons s’y portent bien, car jamais nous ne pourrons avoir une eau plus riche en oxygène. Seulement avec un rayonnement solaire direct la production d’oxygène de ces euglènes ou algues en suspension pourra être si important que les poissons commencent à tituber et même mourir. Un tel danger n’existe pas avec un éclairage uniquement artificiel.

Algues points
Encore une autre espèce d’algue, l’algue point, qui peut apparaître dans n’importe quelle qualité d’eau, sans qu’elle n’ait été introduite avec des plantes ou des poissons. Elle se compose de petits points ronds de 2 mm maximum, qui au début sont toujours verts clairs et répartis - surtout sur les vitres – comme si quelqu’un les avait déposés sur les vitres ou sur la surface des feuilles avec un pinceau contenant un reste de peinture verte. Avec le temps ces points s’assombrissent. Suite à leur multiplication l’espacement entre eux diminue, jusqu’à ce que commence à se former une couche presque uniformément noirâtre. Elles aiment la lumière et apparaissent d’abord sur les vitres de l’aquarium, par lesquelles traverse l’intense lumière du jour ou les rayons directs du soleil. Les feuilles des plantes, qui sont partiellement recouvertes par d’autres, ne présentent ces algues qu’aux endroits non recouverts, tandis que les zones couvertes restent libres.
Cette algue est capable de séparer le calcaire du CO2 fixé avec le calcium, afin d’utiliser le CO2 libéré pour la croissance. Il en résulte une couche calcaire rugueuse, qui non seulement ressemble à du papier de verre mais en a aussi le toucher. Le plus souvent ces algues ne se transforment pas en fléau. Il est possible de les éliminer mécaniquement sur les vitres. On ne les trouve pas aux endroits plus profonds peu éclairés. Je ne connais qu’un seul poisson capable de maîtriser leur couche particulièrement dure : Labeo sp. (paulinus ?). Mais il en faut un grand nombre, parce que chaque poisson ne s’occupe que de sa place favorite, où les algues disparaissent effectivement.
Ces quatre espèces d’algues décrites jusqu’à présent sont présentes par leurs spores dans pratiquement toute qualité d’eau, se développent en fonction des conditions adéquates, sans que nous ne soyons obligés de les introduire.

Algues fourrure ou algues velours
Il nous faut certes introduire l’espèce d’algue suivante, mais personne ne sait avec quoi. Naturellement des plantes et des poissons (chez ceux-ci des spores sous les branchies et sous les écailles) étrangers seraient des supports pour toutes les autres espèces d’algues. Mais celle-ci ne nécessite ni poisson ni plante pour la transmission, bien qu’elle puisse naturellement aussi être introduite par eux. Un verre d’eau avec quelques paillettes de nourriture exposé au soleil suffit à provoquer leur croissance, car leurs spores sont contenues dans les paillettes de nourriture. Il s’agit de l’algue fourrure ou algue velours, qui avec ses „poils“ courts, non divisés, vert clair à vert moyen recouvre des zones entières aux endroits bien éclairés d’une douce fourrure ressemblant à du velours. Afin de l’éviter, il faut être très prudent lors de l’alimentation de nos poissons. Elles ne sont pas présentes dans mon entreprise – hormis les bacs d’élevage de poissons - dans lesquels par amour pour les jeunes poissons nous nourrissons plus largement. Lors de l’utilisation de paillettes il faut dans nos aquariums utiliser un anneau à nourriture assez grand, par exemple 10 x 15 cm pour aquariums jusqu’à 100 litres ou 15 x 25 cm pour des aquariums plus grands. Grâce à eux nous empêchons la dispersion non contrôlée des paillettes à la surface de l’eau et ainsi l’apparition d’algues visqueuses suite au dépôt des flocons sur les feuilles flottantes aussi bien que la germination des spores des algues fourrure ou velours contenues dans la nourriture. En outre, les poissons ne doivent pas chercher les flocons aux quatre coins, mais uniquement sur le sol sous l’anneau.
Il existe des gens heureux, qui ne possèdent pas ces algues, bien qu’ils nourrissent avec rigueur et sans hésitation. En nourrissant ainsi, on multiplie les planorbes avec les restes de nourriture. Leurs jeunes à peine éclos sont si petits et délicats qu’ils ne peuvent consommer ni plantes en bonne santé, ni algues. Les planorbes dépendent de notre mode d’alimentation à base de paillettes, lesquelles deviennent si tendres en se décomposant qu’elles peuvent aussi être consommées par ces petites bouches. Si lors d’une ponte d’environ 100 à 500 oeufs uniquement 5 à 10 jeunes ne survivent normalement – justement à cause de l’offre alimentaire parcimonieuse – presque 100 % des jeunes éclos survivent lors d’une distribution abondante et non contrôlée de paillettes. Il en résulte un taux de multiplication qui équivaut à un doublement mensuel ou bimensuel. L’aquariophile atteint cherche à se débarrasser par tous les moyens de cess hôtes indésirables bien qu’ils ne causent pas réellement de dégâts. Chez un commerçant les Chromobotia macracanthus (= Botia macracanthus) sont conseillés comme moyen contre ce fléau. Au bout de 30 jours le fléau des escargots semble combattu. Mais deux mois plus tard on en trouve déjà partout, surtout dans la moitié supérieure de l’aquarium, une fine couche duveteuse vert clair sur toutes les surfaces (des feuilles, des pierres et autres objets), qui se transforme rapidement en un tapis vert ayant l’aspect du velours. Cette algue gênante est l’algue velours ou algue fourrure, que nous pouvons introduire dans nos aquariums avec les paillettes. Il n’est pas possible de s’en débarrasser avec des algicides et personne n’a de solution. L’algue se transmet aussi par les transplantations dans un autre bac ou par le don de plantes atteintes à d’autres aquariophiles. J’en connais beaucoup qui n’ont plus trouvé la paix et ont tout essayé mais sans aucun succès jusqu’à ce qu’ils se sont perdus chez moi. Je leur montre les étapes de leur malheur. Lorsqu’ils attendent alors, écoutant nonchalamment, la réponse je suis obligé de leur avouer qu’il n’existe pas de moyen chimique ni de poisson permettant de se débarrasser de ce fléau (le Black Molly aime certes cette algue, en consomme avec assiduité, réussit à la raccourcir mais pas à l’éliminer !).

Planorbe - Photo: B. Wallach

L’unique moyen efficace sont les escargots qui sont détruits avec succès par les Chromobotia, mais les escargots ne peuvent être utilisés dans ce cas aussi longtemps qu’il y a des Chromobotia. Je conseille de les offrir. Si, sur le coup, beaucoup ne veulent pas se séparer de leur Botia, les plus nombreux viennent un beau jour et veulent de nouveau acquérir des planorbes au prix de 40 cts, qu’ils ont auparavant éliminés de leur aquarium. Les escargots eux-mêmes sont bon marché mais pas tant que le traitement des algues.
Pour un volume de 100 litres il faut au moins 35 individus et pour 300 litres au moins 120 exemplaires, parce que pour un traitement efficace il faut que les escargots aient consommé les algues en moins de trois semaines. Si cela se fait plus lentement, parce qu’il n’y a pas assez d’escargots disponibles, l’algue a le temps de se multiplier par les spores et de coloniser les endroits libérés. Mais 100 escargots coûtent 40 Euros, donc à peine le double d’un moyen inutile, parce qu’avec eux nous avons vraiment réussi. Ces escargots créent d’abord des couloirs et des chemins dans tous les sens à travers les champs d’algues, si bien que sur des surfaces plus importantes on a l’impression qu’une tondeuse a traversé sans but un champs de céréales vertes. Finalement il ne reste plus que des îlots de ce gazon, jusqu’à ce qu’ils aient complètement disparu. Jamais elles ne réapparaîtront à la condition d’avoir été éliminées en l’espace de moins de trois semaines et que les escargots restent présents dans l’aquarium. En se multipliant au fil du temps, la distribution de nourriture est toujours encore trop importante – toutefois sans apparition d’algues. Si leur nombre diminue lentement, la distribution de nourriture est correcte, c’est à dire il ne reste plus assez de nourriture pour les nouvelles éclosions. C’est pourquoi ma recommandation concernant la distribution de paillettes est la suivante : par distribution donner 7 x 1/7 de la quantité nécessaire en l’espace de deux à trois minutes, si bien que les plus petits restes soient consommés par les poissons, tandis que lors d’une distribution unique de la quantité totale en une fois beaucoup trop de paillettes tombent sur les sol. Une remarque complémentaire est encore nécessaire : les siluridés et autres poissons de fond ne doivent pas être nourris avec des paillettes ou des tablettes. En effet les tablettes ont la même composition que les paillettes. En remplacement je préconise la nourriture de la société Poswal Produkte AG dont la composition ne comporte pas de telles algues.

Algues touffes, algues pinceaux et algues filamenteuses
Toutes les espèces d’algues encore à décrire doivent avoir été introduites dans l’aquarium avec les plantes ou les poissons, à partir du moment où elles commencent à s’y montrer, étant donné que leurs spores ne sont pas présentes dans nos eaux et ne sont pas présentes dans les paillettes de nourriture. Deux espèces sont particulièrement connues parmi celles-ci, parce qu’elles sont très courantes et extrêmement tenaces. Car elles défient les algicides courants.

Algue pinceau - C. Kasselmann

Chez les unes il s’agit de touffes noires ou algues pinceaux, chez les autres de l’algue filamenteuse qui apparaît sous deux variantes. Une fois comme filaments vert clair à vert moyen surtout dans les zone supérieures mieux éclairées de l’aquarium ou alors comme filaments ou pelotes vertes ressemblant à du coton sur le sol de l’aquarium. Qu’elles appartiennent au genre Spirogyra ou au genre Ulothrix, n’a pas d’importance pour notre considération, car en premier lieu pour les deux genres je ne connais pas de moyen de traitement chimique efficace et deuxièmement pour les deux les poissons nettoyeurs, de quelque espèce elle soit, sont impuissants. seulement les autres savent tout ce que ceux-ci doivent nettoyer. Personnellement je ne l’ai pas encore trouvé dans tous mes bacs d’un volume global dépassant 20000 litres. Au fil du temps j’ai appris à connaître deux poissons, qui sont capables de maîtriser ces algues, bien qu’ils ne soient pas souvent cités dans la littérature. L’un est le cyprinodontidé de Floride, Jordanella floridae, qui est désigné comme omnivore dans „Aquarien atlas’’ (= Atlas des aquariums). Les algues sont aussi citées, cependant jamais quelles espèces d’algues. Selon mon expérience il n’en consomme pas d’autres exceptées justement les algues filamenteuses. Après ma découverte j’ai, par amour pour lui, introduit 10 exemplaires de cette espèce dans un aquarium de 50 litres (ancien bac d’élevage), lequel ne contenait pas de plantes, mais était envahi du sol à la moitié de sa hauteur d’un enchevêtrement impénétrable d’une pelote des plus compacte d’algues filamenteuses, que même ces cyprinidés ne pouvaient atteindre le sol. En l’espace de 14 jours ces dix poissons avaient consommé jusqu’à la dernière algue. Le sol était maintenant recouvert d’une couche de 4 cm de hauteur d’excréments verts. Longtemps j’ai vendu à tous mes clients ce poisson avec cent pour cent de réussite comme consommateur d’algues filamenteuses. Pas une seule fois au cours des 10 à douze années il n’a failli. Et pourtant actuellement je ne le vend plus. Cette réalité fait dresser l’oreille et éveille l’attention: pourquoi. En fait la raison se trouve ailleurs que l’on ne pourrait le supposer. Ce n’est pas le manque de succès qui en est la raison; pas non plus les effets secondaires, comme nous les connaissons en général de la médecine, bien que ce poisson est et reste réellement un médicament non seulement pour l’aquarium mais aussi pour l’état d’âme de l’aquariophile stressé par les algues filamenteuses. La raison fatale en est uniquement sa disponibilité. Longtemps j’en recevais de grandes quantités d’un éleveur privé, qui un jour a arrêté son élevage. Mon épouse en a aussi élevé quelques uns. Mais – bien qu’elle se soit consacrée depuis huit années à l’élevage professionnel, elle a déjà reproduit avec succès plus de 40 espèces, son succès avec ce mangeur d’algues est resté minime. Que faire alors ? Chercher un autre poisson ? Où ? dans les livres ? Nous en avons trouvé de trop qui n’ont pas fait leurs preuves. Nous avons donc cherché dans nos connaissances pratiques. Et nous en avons trouvé un, dont la littérature spécialisée ne signale même pas qu’il consomme des algues. Même si concernant son rendement il n’atteint pas celui du cyprinodontidé de Floride et qu’au cours de 20 essais il n’a seulement convaincu que dans 19 cas, il représente tout de même un moyen sûr contre les algues filamenteuses avec un taux d’échec de 5 %. Nous l’avons vérifié de nombreuses fois durant 10 ans, non seulement chez nous, mais aussi chez nos clients. Ce poisson plutôt rare ayant cette propriété est le Barbus conchonius. Le mâle est un animal extrêmement beau de couleur de départ rouge doré à finalement rouge soutenu, semblable à un nuage crépusculaire d’un rouge lumineux. La femelle est plutôt terne, mais en performance elle dépasse le mâle.

Algues filamenteuses vertes
C. Kasselmann

Pour un aquarium de 100 litres trois à cinq individus sont amplement suffisants. Pour des aquariums de 200 à 300 litres il faut entre 8 et 12 exemplaires. Seul inconvénient concernant ces deux espèces : lors de l’introduction pour la consommation des algues ils doivent être semi adulte s’ils doivent commencer à consommer les algues (pas plus de 2 cm). Ils ne les recherchent que durant leur phase juvénile! S’ils reçoivent ce régime de suite, ils y restent fidèles jusqu’à leur mort. Par contre s’ils ne la reçoivent pas durant leur jeunesse, ils ne la rechercheront pas plus tard. Dans la pratique cela signifie : là où ils ont consommé une fois des algues filamenteuses il n’y en aura plus, aussi longtemps que les poissons resteront dans l’aquarium – donc au moins jusqu’à leur décès. Souvent les algues sont complètement éliminées dans un tel aquarium, mais il est parfois possible, qu’en l’espace de six mois après la perte des poissons elles réapparaissent de nouveau. Dans ce cas il faut de nouveau des juvéniles de cette espèce. Cela se décide en général au cours des trois premières semaines après l’introduction des poissons, si cela fonctionne. Seulement dans 5 à 8 % des cas cela ne fonctionne pas chez les barbus, chez les cyprinodontidés cela fonctionne toujours. Lors de l’introduction des poissons il est utile d’éliminer manuellement une grande partie des algues filamenteuses, afin qu’elles ne se multiplient pas trop jusqu’au moment où elles sont reconnues comme nourriture. La diminution de l’offre alimentaire au cours des deux premières semaines après l’introduction des poissons contribue énormément à ce que les poissons – à la recherche permanente de nourriture – trouvent ces algues le plus rapidement possible et les préfèrent comme nourriture.
En ce qui concerne les algues touffes ou algues pinceaux, peu importe le nom, les chose sont différentes. Certes il y a des espèces de crevettes, qui les consomment réellement ; je l’ai vérifié moi-même. Mais elles mangent si lentement que les algues peuvent malgré tout poursuivre leur multiplication. Dans un aquarium de 50 litres sans substrat et avec une seule Anubias barteri var. nana avec peu de feuilles et pleine d’algues pinceaux 15 crevettes ont néanmoins nécessité plusieurs semaines pour maîtriser les algues. Dans un bac atteint par cette espèce d’algues ces animaux ne sont en aucune façon suffisants, d’autant qu’ils courent le danger d’être consommés par des poissons plus grands. J’ai testé 60 exemplaires du Crossocheilus latius ayant la même utilité. Je n’ai eu aucun résultat positif. C’est pourquoi j’ai développé personnellement un produit contre cette espèce d’algues, lequel est absorbé par cette algue ayant sa mort comme conséquence. Comme il ne contient pas de « substance tueuse » mais une substance nutritive qui ne mène à la mort de l’algue qu’en excédent, cela nécessite entre 8 et 10 semaines avec un ajout hebdomadaire jusqu’à ce que l’algue ait totalement disparu. Ce traitement s’appelle « help » et doit être ajouté encore quatre semaines après la disparition de l’algue de manière à détruire les spores restantes qui pourraient encore germer. L’avantage de ce produit réside dans le fait qu’il constitue un fortifiant particulièrement pour les Cryptocoryne et les Hygrophila ainsi que pour les Echinodorus, la mousse de Java et particulièrement toutes les plantes à feuilles rouges. Et cela de telle manière à ce qu’un aquarium bien planté avec des Cryptocoryne nécessite un dosage supplémentaire deux fois plus rapidement que la normale parce qu’il est absorbé trop vite par les plantes, pour qu’il en reste assez pour les algues. La croissance des Cryptocoryne augmente et au cas où elles tombent malades (feuilles visqueuses se décomposant), elle retrouvent rapidement la santé. Ainsi cette algue agaçante devient un véritable gain pour l’aquarium lors de son traitement.

Bac de l’auteur ayant plus de 30 années sans réfection
Photo: J.-J. Eckert

Un effet intéressant, connu depuis longtemps par la médecine traditionnelle et désigné comme loi homéopathique, peut être prouvé par ce traitement. Le fondement homéopathique mentionne qu’une substance ou une combinaison de substances chimiques, qui influence de quelque manière que cela soit la santé, peut justement empêcher ces dommages de santé ou ces agents pathogènes avec des dilution adaptées (souvent plusieurs millions de fois) dont ils font apparaître les symptômes sous une forme concentrée et par là toxique. Si on utilise « help » uniquement en demi dose ou même en quart de dose, les algues commencent à pousser plus vite que les plantes. Ce phénomène fait son apparition parce qu’il contient une substance nutritive pour les deux – pour les algues comme pour les autres plantes -, mais que la limite supérieure de la concentration de cette substance est nettement inférieure chez les algue que chez les autres plantes, raison pour laquelle - dosé selon la prescription – il a un effet stimulant pour les plantes au sens homéopathique, tandis qu’il inhibe la croissance des algues jusqu’à leur disparition.

Algues „barbues‘‘

Algue barbue sur feuilles de Cryptocoryne
B. Wallach

Une autre algue tout aussi affreuse, noirâtre s’appelle algue ,,barbue“. Elle fait partie des algues rouges (Compsopogon) et aime se fixer aux feuilles. Ce faisant elle préfère visiblement des genres bien précis de feuilles. Avec prédilection et en priorité, elle colonise toutes les espèces et formes du genre Hygrophila, comme H. polysperma, sur ses feuilles étroites, H. corymbosa sous toutes ses formes mais aussi la forme à feuilles étroites avec ses feuilles de 10 cm de longueur et seulement 5 mm de largeur ; mais aussi Hygrophila difformis qui fait également partie des Acanthacés. Sont aussi préférés les genres Alternanthera et Vallisneria. Avant qu’elles ne soient toutes atteintes, nous ne les trouvons presque pas sur d’autres plantes. Seulement dans le cas d’une forte contamination elles poussent alors sur d’autres plantes.
Les filaments sont épais, verts et frisés, désordonnés et ramifiés. L’aspect fait penser à la paille de fer utilisée dans le passé pour poncer les parquets. Le filament individuel est charnu, plusieurs fois recourbé et ramifié de couleur noirâtre ou vert noirâtre à gris, ressemblant du verre fumé. Cette algue peut parfois être maîtrisée par les poissons et certes par ceux auxquels on en pense même pas puisque du reste ils n’ont pas besoin ou ne consomment pas d’algues ni de plantes comme nourriture, comme par exemple les Barbus de Sumatra. En général je ne connais pas de poisson capable de freiner cette espèce d’algue à long terme. Mais je connais deux groupes de substances qui peuvent l’endommager et la détruire. La première fait partie des composés ammoniacaux quaternaires, qui ont un effet létal sur l’algue en l’espace de quelques heures, mais qui n’est pas sans risque pour les poissons. Je l’ai utilisé au fil du temps avec succès et sans dommages jusqu’à ce que j’ai trouvé un nouveau traitement qui ne nuit pas aux poissons qui stimule même les discus pour la ponte. Cependant cela nécessite huit jours pour tuer les algues. Dans les deux cas les algues noirâtres deviennent d’abord rougeâtres, puis blanchâtres avant de se décomposer. Je vends ce moyen plus supportable sous le nom de „minus 2". Il s’appelle „minus 2’’ parce qu’il permet d’éliminer deux espèces d’algues des aquariums, soit l’algue visqueuse et cette algue barbue.

Algue touffe verte - C. Kasselmann

Algue touffe verte
Et parce qu’il serait dommage d’arrêter maintenant cet article la nature a encore imaginé une autre espèce d’algue qui est vraiment à l’aise dans nos bacs : l’algue touffe verte. Elle n’est certes pas aussi pénible car elle s’établit rarement sur des plantes vivantes, mais elle est capable de recouvrir facilement l’intégralité du sol. Elle est plus grande que l’espèce brun noir et peut atteindre jusqu’à 4 cm. Comme elle pousse à partir d’un point unique mais qui n’a pas besoin d’être fixé, elle ressemble souvent à des étoiles vert clair. Le milieu dans lequel elle pousse convient aux plantes. Elle ne crée pas de dommage. Pour celui qui veut néanmoins s’en débarrasser et ne veut pas d’abord essayer toutes sortes de poissons consommatrices d’algues, je vais conseiller deux espèces, auxquelles on peut faire confiance. La première, plus rapide pour cela, est le poisson queue de voile, une espèce de poisson rouge, qui réussit aussi dans un aquarium d’eau chaude supportant jusqu’à 26° C. Deux ou trois de ces poissons nécessitent deux à trois semaines pour nettoyer le sol légèrement recouvert par l’algue dans un bac de 300 litres.

Crossocheilus (syn. Epalzeorhynchos)
siamensis B. Wallach

L’autre espèce nécessite un peu plus de temps, et il vaut mieux, en acquérir cinq à six exemplaires car il n’est pas aussi efficace. Il s’agit de Crossocheilus (synonyme Epalzeorhynchos) siamensis.

Conclusion

A l’aide de toutes ces données le lecteur reste seul à décider si les algues constituent un problème ou pas. Vraiment intéressante est certainement l’effet écologique qui localement peut rapidement dévier de l’effet global et créer des conditions qui peuvent à nouveau nettement modifier l’effet global pour ne pas dire le détériorer. Plus il y a de facteurs qui y deviennent actifs d’autant plus confuse sera la diversité des possibilités, mais d’autant plus stable et moins facilement modifiable sera l’équilibre (des bacs âgés sont rarement atteints par des algues en suspension). Un aperçu satisfaisant des conditions permet d’obtenir un résultat important avec un minimum de modifications. Il me reste encore à ajouter quelque chose à cette affirmation concernant le thème des algues visqueuses ou algues bleues : dans le cas de bacs très anciens, qui de plus bénéficient de rares changements d’eau – peut-être tous les six mois, l’azote fixé au carbone non mesurable peut être si important dans tout l’aquarium (donc pas seulement localement) que des algues visqueuses se forment presque simultanément partout, dont l’extension commence souvent dans la zone du courant du filtre. En présence d’un milieu stable équilibré pour algues visqueuses, il est nécessaire pour combattre les algues, d’effectuer deux à trois changements d’eau presque complets espacé chacun de sept jours.
Une condition essentielle pour le traitement des algues est une bonne croissance des plantes. Je ne l’ai certes pas écrit littéralement mais il en découle que les algues comme les plantes supérieures nécessitent certaines substances favorisant leur croissance. Si les plantes en bonne santé en ont besoin pour leur croissance, elles restent détenues pour les algues, aussi longtemps qu’elles ne sont pas localement présentes, comme décrit dans le cas de l’apparition des algues visqueuses. Parce que les algues sont également des plantes, leur réussite dans l’aquarium est encore toujours meilleure que des plantes supérieures poussant trop peu ou ne poussant pas assez bien. Mais au cas où la croissance des plantes est devenu un problème, il faut d’abord résoudre ce problème. Mais cela sera pour une autre fois.

Littérature
Riehl, R. & Baensch, H.A. Aquarienatlas en 3 volumes et plusieurs éditions. - Mergus Verlag, Melle

Avec l’aimable autorisation de Christel Kasselmann pour Aqua Planta et de l’auteur Peter Schneider. Adaptation: J.-J. Eckert

Bac de l’auteur - Photos J.-J. Eckert