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Nutrition et production des carbonates chez les scléractiniaires

par Dietrich Schlichter - DATZ 10, 11, 12/1999 & 1/2000 suite de l'article paru dans la Gazette Marine n°75 - avril 2003

Au cours des dernières décennies des recherches concernant le métabolisme physiologique les plus diverses ont été effectuées sur de nombreuses espèces de corail de forme et provenant des profondeurs les plus diverses. Le but était, avec les données récoltées de manière expérimentale de calculer quelle était la contribution primaire des zooxanthelles en ce qui concerne le budget global du système de symbiose. On peut faire des estimations simples, toutefois non précises, en comparant l'énergie acquise par photosynthèse en une unité de temps donnée avec l'énergie utilisée en même temps par la respiration. Les deux valeurs peuvent être mesurées dans des chambres de respiration. Le gain d'énergie est en rapport avec l'oxygène délivré, qui résulte de la synthèse des composés carbonés réduits (photosynthèse).
La consommation d'énergie par l'hôte et les algues est en corrélation avec l'oxygène, qui est utilisé pour l'oxydation des combinaisons organiques carbonées. Les deux processus sont mesurables dans la chambre de respiration comme augmentation d'oxygène et comme diminution d'oxygène. Des calculs plus précis sont alors possibles de mesurer quelles quantités de photoassimilats qui sont réellement fournis au tissu hôte par les algues, en les déterminant avec la méthode du traceur 14C.
Dépendant de l'appartenance à l'espèce et de la profondeur, des valeurs ont été évaluées qui démontrent que les zooxanthelles contribuent entre 30 et 150 % aux besoins énergétiques de leur hôte. Si cette valeur se situe au-dessus de 100 %, ceci signifie que non seulement le besoin énergétique actuel de l'hôte, est complètement couvert par les zooxanthelles, mais que des substances nutritives pour la croissance et la reproduction peuvent être mis à disposition. Les évaluations rendent vraisemblables que de nombreuses espèces de coraux avec l'habitat se situant à des profondeurs comprises entre 15 à 20 mètres pourraient vivre exclusivement des photoassimilats de leurs zooxanthelles; s'ils le font effectivement, n'est pas complètement éclairci actuellement pour des raisons de méthode.
Outre n'est pas résolu, si les substances nutritives mises à disposition par les zooxanthelles sont "de pleine valeur" ou si les algues fournissent principalement des substances de moindre valeur, qui seuls ne permettent pas une alimentation équilibrée des hôtes. Outre les aspects quantitatifs du courant d'énergie et de matière entre les algues et l'hôte, il faut pour cette raison à l'avenir tenir compte de manière accrue des aspects qualitatifs.
La nourriture particulaire ne semble pas être de valeur pour les espèces de coraux symbiotiques, car elles ne peuvent pas vivre longtemps sans zoxanthelles ; ceci signifie que les algues fournissent probablement à leurs hôtes non seulement de "l'énergie", mais aussi des substances vitales. Le phénomène décrit peut toutefois ne constituer qu'un problème purement quantitatif : peut-être les hôtes libérés expérimentalement de leurs symbiontes meurent de faim, étant donné que l'offre en nourriture particulaire n'est pas suffisante.

La lumière comme facteur limitant du milieu

 

Dans les récifs la fréquence des individus et des espèces de scléractiniaires contenant des zooxanthelles diminue avec la profondeur de l'eau. Dans la Mer Rouge septentrionale il y a 130 espèces à 30 mètres de profondeur. Par 50 à 60 mètres de profondeur il y en a encore plus de 40 et de 100, à 110 mètres encore environ 8 espèces ; à partir de 110 mètres une seule espèce a encore pu être observée (Leptoseris fragilis) (Fricke & Schuhmacher 1983).
Le rayonnement devenant plus faible, ce à quoi on pense en premier lieu, ne constitue pas l'unique facteur écologique efficace, qui peut être rendu responsable de ce recul. La pression, les conditions de courant, la composition du sous-sol, dont la tendance et l'offre en nourriture particulaire se modifient également en fonction de la profondeur. L'influence de la température sur la photosynthèse est négligeable dans le golfe d'Akaba, car en-dessous et à partir de 10 jusqu'à 1600 mètres la température est constante allant de 21 à 22° C (Klinker et al. 1978). A partir d'une certaine profondeur, plus exactement à partir d'une certaine intensité de rayonnement - étant donné qu'il y a aussi des emplacements avec une faible lumière en eau peu profonde - l'énergie gagnée à partir de la photosynthèse pour l'approvisionnement personnel des zooxanthelfes ne suffit plus, à plus forte raison pour que les symbiontes peuvent délivrer les photoassimilats excédentaires à leurs hôtes.
Si on prend pour base cette intensité lumineuse dans l'espace vital pour des évaluations énergétiques, laquelle permet juste une faible production excédentaire par les zooxanthelles, le bilan suivant résulte dans le golfe d'Akaba au cours des mois d'été: une espèce de corail située par 20 mètres de profondeur produit en onze heures plus d'énergie qu'elle n'en nécessite pour la couverture du métabolisme de base; ceci signifie qu'il reste de l'énergie pour la croissance et la reproduction. Par 40 mètres de profondeur cette valeur se réduit à 40 minutes, si bien que l'énergie manquante doit être procurée par d'autres sources alimentaires.
La dépendance de l'hôte envers les zooxanthelles est différente selon les espèces. Ceci explique probablement les différences spectaculaires dans la distribution en fonction de la profondeur des espèces les plus diverses (Kühlmann 1983). Certaines espèces du groupe "cornes de cerf' n'apparaissent que jusqu'à 10 mètres de profondeur, tandis que d'autres existent encore par des profondeurs plus importantes ou ont seulement là leur distribution principale, comme cela a été démontré pour Leptoseris fragilis et Mycedium elephantotus.
Le record mondial de profondeur parmi les coraux durs zooxanthellate est tenu par Leptoseris fragilis qui dans la Mer Rouge ont été repéré par Hans Fricke et son sous-marin par 145 mètres de profondeur. Des longueurs d'ondes courtes, c'est à dire des zones spectrales bleues et violettes, sont prédominantes; la lumière à ondes longues fait totalement défaut. Les coraux durs sans algues symbiotiques se trouvent jusqu'à 6000 mètres de profondeur.
Avec des chambres de respiration, avec l'aide desquelles la consommation d'oxygène lors de la respiration et la production d'oxygène lors de la photosynthèse ont pu être mesurés, la preuve a été faite, que les zooxanthelles de Leptoseris fragilis pratiquaient effectivement la photosynthèse et produisaient durant les mois d'été une très faible surproduction de composés riches en énergie qui profitent à l'hôte. Le principe de la méthode de mesure a déjà été décrit, Les mesures ont été effectuées dans le biotope de L. fragilis avec le sous-marin, sur lequel les chambres de mesures ont été installées à l'extérieur et commandées de l'intérieur à l'aide d'un manipulateur.

Leptoseris approvisionne ses symbiontes avec la lumière


La plus étonnante adaptation des zooxanthelles aux faibles intensité de rayonnement est que leur teneur en pigments (Chlorophylle a et chlorophylle c2) par cellule d'algues est cinq à huit fois plus importante que dans les zooxanthelles, qui proviennent des coraux d'eau peu profonde. L'importante teneur en pigment rend possible l'absorption et l'utilisation suivante d'intensités de rayonnement plus faibles.
Lors de l'adaptation à la lumière faible d'espèces de coraux zooxanthellates on a toujours admis que pour l'adaptation seules les zooxanthelles en étaient capables.
Une exception à cette règle a été apportée par des examens ultrastructurels et photobiologiques chez L. fragilis (Schlichter et al. 1985 ; Schlichter et Fricke 1991). Une production de la symbiose de l'hôte complètement inconnue jusqu'à présent a pu être découverte: l'hôte approvisionne les symbiontes en lumière, améliorant ainsi la photosynthèse. Dans le gastroderme de L. fragilis les zooxanthelles sont placées en une couche sur les grains de pigments, qui appartiennent aux cellules chromatophores de l'hôte. La couche unique des algues empêche un ombrage mutuel. Les grains de pigments (0,5 à 1 micromètre de diamètre) et les pigments (zoochromes) qui y sont localisés améliorent l'approvisionnement des zooxanthelles par des artifices physiques. Par réflexion et diffusion du rayonnement sur les grains de pigments la probabilité se trouve augmentée, que le rayonnement qui n'a pas été absorbé directement par les zooxanthelles, peut encore être utilisé photosynthétiquement "dans un deuxième élan".
En observant le tissu du corail avec un microscope à fluorescence, les zooxanthelles présentent une fluorescence rougeâtre et les pigments d'origine animale bleu clair. La fluorescence ne se produit que si la préparation tissulaire est éclairée avec de la lumière violette. Cette qualité de rayonnement se produit dans le biotope de L. fragilis; elle ne peut cependant qu'être mal utilisée par les zooxanthelles pour la photosynthèse. Les pigments d'origine animale par contre absorbent le rayonnement violet à ondes courtes et émettent un rayonnement bleu à ondes plus longues, qui est photosynthétiquement très efficace. Cette transformation de la lumière de courte vers longue ne crée pas de lumière additionnelle, mais est seulement transformée de "lumière inefficace" en "lumière efficace", avec laquelle il est possible de réaliser la photosynthèse.
Ces mécanismes (réflexion, diffusion, transformation de lumière) d'amélioration de l'offre en lumière pour les zooxanthelles ne constituent pas un cas unique, comme l'on démontré des analyses ultérieures. Les analyses de 78 espèces de coraux durs d'eau peu profonde (jusqu'à 40 mètres) ont donné que 13 autres espèces qui comme L. fragilis font partie des Agariciidae, disposent également de cellules chromatophores (Schlichter & al. 1994). Les espèces fluorescentes étaient déjà connues dans le passé comme indicateur d'emplacement en lumière faible; mais des espèces pionnières à croissance rapide en font également partie. Les mécanismes précédemment décrits apportent également des avantages en eau peu profonde pour l'amélioration de l'exploitation de la lumière: ceci permet de coloniser des emplacement à faible lumière et l'ombrage par des espèces à croissance rapide peut être mieux tolérée. Des coraux hébergeant des chromatophores sont donc capables, contrairement aux espèces sans systèmes de chromatophores, de pratiquer la photosynthèse déjà plus tôt et de manière plus intensive dans les heures matinales et proportionnellement plus longtemps le soir. La contribution journalière photoautotrophe des zooxanthelles est augmentée chez ces deux espèces.
Chez les pigments fluorescents des coraux il s'agit très vraisemblablement de ptérine, dont la structure est actuellement en cours d'analyse.
Outre les pigments haussant la photosynthèse des espèces de corail à faible lumière des pigments absorbant les UV ont été trouvés chez espèces de coraux d'eau de faible profondeur. Ils ont une fonction protectrice et contribuent à l'auto coloration des coraux (Dunlap et al. 1986).
La présence exceptionnelle à grande profondeur de L. fragilis permet de supposer, que cette espèce de corail dispose d'assimilations particulières, qui permettent la photosynthèse et ainsi la symbiose sous ces conditions lumineuses extrêmes. En premier lieu on songe à des spécialisations des algues dans le cas des photoadaptations, qui leurs permettent, même en présence d'une intensité de rayonnement très faible de pratiquer encore la photosynthèse. Dans le biotope de L. fragilis seulement 0,5 à 1 % du rayonnement superficiel reste disponible en été lorsque le soleil est au zénith. Mais non seulement l'intensité du rayonnement se modifie avec la profondeur, mais également la composition spectrale du rayonnement.

La formation du squelette calcaire des scléractiniaires est augmentée par les micro algues symbiotiques. *

Par formation asexuelle de nouveau polypes les colonies de coraux atteignent une taille impressionnante. Des diamètres de sept mètres et un âge de 500 années ne sont pas une exception. La plus grande partie des colonies atteint plutôt un diamètre de plusieurs décimètres et un âge de quelques dizaines d'années.

Production de carbonates et formation du squelette
La croissance du squelette est toujours précédée d'une multiplication des tissus corporels produisant le calcaire. Les deux processus nécessitent de l'énergie, qui provient de l'une des sources de nourriture évoquées ci-dessus.
Les colonies de coraux poussent, par dépôt de couches de carbonate de calcium faisant épaissir le squelette existant. L'augmentation de la taille des colonies a lieu à la périphérie. Les branches existantes sont prolongées par une croissance terminale (linéaire) ou de nouvelles sont formées. Chez les autres formes de croissance l'agrandissement de la colonie s'effectue également dans les zones extérieures.
En déterminant à intervalles réguliers la prise de poids d'une colonie, il est possible d'évaluer la quantité de carbonate de calcium produite en une période donnée. L'augmentation de poids des scléractiniaires en fonction de l'espèce et de la profondeur se situe entre 3 et 15 kilos par mètre carré de surface de colonie et par an dans le golfe d'Akaba (Schlichter et al. 1996). La proportion de production de calcaire de diverses espèces situées à la même profondeur se différencie et la profondeur augmentant la même espèce produit moins de calcaire. Il existe cependant des exceptions à cette règle: la production de calcaire de Mycedium elephantotus est identique à toutes les profondeurs.

La lumière solaire influence la production de calcaire
II faut cependant savoir qu'avec l'augmentation de la profondeur, comme déjà évoqué, non seulement les conditions de lumière changent mais d'autres facteurs écologiques ayant une influence également. Dans le golfe d'Akaba, la production de carbonate était réduite d'environ 75 % par 40 mètres de profondeur comparée à celle par 5 à 10 mètres. Ceci est en relation de manière prépondérante avec l'irradiation solaire en diminution dans les profondeurs plus importantes et de la production primaire plus faible par les zooxanthelles qui en résulte. Il est possible de mettre en évidence le même rendement des zooxanthelles en évaluant l'activité journalière de la production de calcaire. Durant la journée elle est 20 fois plus importante que durant la nuit. Une explication de cette différence est toujours aussi difficile, quoique le phénomène soit déjà connu depuis des décennies.
L'efficacité de la lumière c'est à dire l'influence de la photosynthèse des zooxanthelles sur la production de calcaire trouve aussi une confirmation dans la dépendance à la profondeur évoquée et dans la saisonnalité de la production de carbonate. Dans le golfe d'Akaba (29° C, 30 'N) il y a un cycle journalier et annuel marqué de l'irradiation solaire. L'intensité du rayonnement et la durée d'ensoleillement sont plus faibles durant les mois d'hiver, en comparaison avec les mois d'été. La température dans le golfe d'Akaba a une influence, et encore ce n'est pas sûr, sur la biocalcification dans les dix mètres supérieurs, car à partir d'une profondeur de dix mètres jusqu'à 1600 mètres règne une température restant égale de 20 à 22° C. Dans l'eau superficielle il se produit des variations au cours de l'année qui atteignent environ 2° C à dix mètres de profondeur et 4 à 6° C entre deux et trois mètres pour une durée très courte. Il n'y a pas de modifications de salinité dans la Mer Rouge qui peuvent avoir un effet sur la production de carbonate; la quantité de sel invariable se situe en permanence entre 40,5 et 41 %.
La croissance en longueur est très variable chez les différentes espèces et se monte en moyenne entre 7 et 16 millimètres par an chez les espèces branchues de la Mer Rouge; dans d'autres mers ces valeurs ont atteint un maximum de 265 millimètres. Les formes massives, hémisphériques ont une croissance en longueur plus réduite (Schlichter et al. 1996).

Production de carbonates et zooxanthelles
L'exosquelette est constitué de carbonate de calcium et les pierres de construction nécessaires pour cela, les ions calcium et carbonate, sont disponibles dans la mer sous forme dissoute. La performance des scléractiniaires réside dans le fait qu'ils modifient tellement les conditions physico-chimiques que les ions dissous sont accumulés puis font défaut dans la solution et que des cristaux d'aragonite se forment. Je n'aborderai pas les détails de la réaction chimique dans cet article. Un signe que la biocalcification a ses propres règles, bien que les processus qui s'y déroulent ressemblent à ceux au cours desquels du carbonate de calcium se produit dans la Nature, est cependant nécessaire: avant que la formation du squelette d'aragonite ne se produise, le tissu épidermal sécrète (couche de tissu extérieur) du mucus sur lequel se fait la précipitation des cristaux de calcaire, ce qui signifie que le mucus produit par les coraux jour un rôle décisif dans la formation biogène des cristaux et de la croissance du squelette.
En réfléchissant à l'explication de l'influence des zooxanthelles sur la sécrétion des carbonates, une constatation doit être prise en considération. La croissance de colonies de coraux en forme de buissons ou d'arbres se différencie très nettement dans les diverses zones d'une seule et même colonie. Les branches terminales croissent jusqu'à 40 fois plus vite que les latérales.
On discute aujourd'hui diverses hypothèses, afin de savoir comment les zooxanthelles influencent la production de carbonates. L'hypothèse d'extraction ou de consommation prend pour base la constatation évoquée, selon laquelle la sécrétion de calcaire est nettement plus importante durant le jour que durant l'obscurité. Par l'extraction (consommation) du gaz carbonique par les zooxanthelles le pH augmente dans les tissus et dans le liquide du système gastrovasculaire. La montée du pH a un effet renforcé sur la sécrétion de carbonate de calcium, car il ne reste pas en solution dans la zone alcaline (Goreau 1959).
Par analogie cette argumentation s'applique aussi à la consommation des ions phosphates et ammonium. Les deux sont des éléments constitutifs dont les zooxanthelles ont besoin pour la synthèse des protéines et des phosphates riches en énergie, des lipides et ainsi de suite. Si les phosphates et l'ammonium sont disponibles dans l'eau de mer, ils ont une fonction de "poison à cristal", c'est à dire que la formation de l'aragonite est perturbée. Si les phosphates et l'ammonium sont consommés par les zooxanthelles durant le jour, la production de carbonate de calcium s'en trouve augmentée.
L'effet présenté à l'instant des zooxanthelles rendrait plausible l'augmentation de la productions de carbonate par la photosynthèse. Il existe, et il ne faut pas le passer sous silence, bien sûr des constatations expérimentales, qui ne confortent pas le mécanisme décrit. Une objection importante est le fait que dans les pointes des branches de coraux, donc là où se situe la production de carbonate la plus importante, il n'y a pas de zooxanthelles dans le tissu des coraux.
D'autres chercheurs en tirent l'hypothèse selon laquelle l'effet stimulateur des zooxanthelles repose sur d'autres mécanismes. Un groupe argumente que par la fourniture des photoassimilats plus d'énergie est à la disposition des coraux pour la production de calcaire: l'énergie pourrait par exemple entrer en action pour le transport d'ions à travers la membrane cellulaire avec l'aide de pompes à ions ou pour la synthèse des enzymes, qui sont nécessaires à la sécrétion des carbonates. D'autres groupes de chercheurs sont d'avis que les zooxanthelles fournissent des substances augmentées, dont l'hôte a besoin pour la synthèse des substances à base de mucus, nécessaires lors du premier stade de la calcification biogène. Les deux essais précédents d'explication sont en accord avec le fait que durant la journée la proportion de carbonate de calcaire est plus importante que durant la nuit.
Des analyses de scléractiniaires a zooxanthellates ont récemment apporté des confusions supplémentaires dans l'élaboration des hypothèses. Elles ont livré des preuves expérimentales, selon lesquelles les scléractiniaires tropicaux sans zooxanthelles sécrètent des carbonates en quantité comparable, comme le font les espèces zooxanthellate (Marshall 1996). Ces résultats sont cependant fortement controversés par les chercheurs établis.
Au large de la côte de la Norvège on trouve d'importants bancs de coraux entre 200 et 600 mètres de profondeur par une température de 3° C, qui sont presque exclusivement construits par deux espèces de scléractiniaires a zooxanthellates (Lophelia pentusa, Madrepora oculata). En outre il ya eu ou il y a des formations de "biocalcaire" auxquels les scléractiniaires ont participé de manière décisive ou pas: des récifs microbiens, des récifs d'algues, des récifs de vers ou au cours des premières périodes de la terre, des récifs de lamellibranches et des récifs de brachiopodes. Dans cette mesure, il n'est pas possible de gager une corrélation régulière entre formation de récifs et scléractiniaires zooxanthellates. Il semble plutôt que sous certaines conditions écologiques précises la construction biogène de récifs peut se produire, où les producteurs de calcaire peuvent cependant être d'espèces différentes.
Le succès évolutif des zooxanthellates actuels, espèces de scléractiniaires coloniales des eaux tropicales et subtropicales des récifs d'eau peu profonde se constate par leur position dominante. Dans le combat long de millions d'années pour leur existence ils ont concurrencés les espèces sans zooxanthelles en les excluant presque complètement. Dans les récifs il n'existe qu'une douzaine d'espèces sans zooxanthelles et dont la production de carbonate n 'a que peu d'importance pour la croissance du récif.

La recette du succès des scléractiniaires zooxanthellates
Quelles aptitudes et quels caractères ont été ou sont désormais la recette du succès des scléractiniaires coloniaux hébergeant des zoxanthelles ?
Le plan de construction capable d'adaptation des scléractiniaires a fait ses preuves dans ses traits fondamentaux depuis plus de 550 millions d'années. La vie en colonies, c'est à dire la construction à partir de sous-unités aux fonctions semblables, a apporté des avantages en comparaison avec les existences individuelles. Par l'association des coraux et des dinoflagellés il ya plus de 200 millions d'années un organisme double a vu le jour avec de nouveaux caractères adaptatifs. L'accouplement intracellulaire du métabolisme hétérotrophe des coraux avec celui autotrophe des symbiontes a permis aux scléractiniaires de devenir des "animaux parfaits". La combinaison était idéale, car le métabolisme cellulaire des deux partenaires repose sur les lipides. A ce propos, la liaison ne s'est pas seulement révélée énergétique. Les algues symbiotiques rendent les coraux capables d'une production de carbonate renforcée ce qui signifie une croissance plus rapide, ce qui les a rendu apte à éliminer par concurrence les espèces sans zooxanthelles.
La photoautotrophie fonctionnelle et le recyclage intracellulaire de la matière ont rendu les coraux largement indépendants au plan de la physiologie alimentaire en présence d'une luminosité suffisante. Ceci a constitué l'avantage décisif lors de la conquête des eaux oligotrophes chaudes à l'offre réduite en zooplancton.
L'approvisionnement énergétique du système "coraux" est à l'abri de crises extrêmes par les diverses stratégies de nutrition. La photoautotrophie est le pilier principal de l'approvisionnement énergétique; mais l'utilisation de composés organiques dissous et la spécialisation sur des composants particuliers de l'offre alimentaire particulaire contribuent considérablement à un management alimentaire stable de l'ensemble du système.

Remerciements
Les recherches dans le golfe d'Akaba, à la "Marine Station Aqaba", Jordanie, ont été soutenues par la "Deutschen Forschungsgemeinschaft" (Schl 115/8-1 à 8-4). Je remercie Madame H. Kapmann et Monsieur L. M. Kuhrau, qui ont mené les explorations en pleine eau.

* Repris avec l'aimable autorisation de .. " Meer und Museum", Volume 14 ("Kora//enriffe - bedrohte Wildnis tropischer Meere") Schriftenreihe des Deutschen Museums für Meereskunde und Fischerei. Stralsund, 1998.

Glossaire
Adaptable: Basé sur l'adaptation
Aragonite : Minéral à base de carbonate de calcium, très proche de la calcite.
Biocalcification : Dépôts de calcaire créés par des êtres vivants.
Cavité gastrique: espace stomacal.
Chambre de respiration: Chambre close pour la mesure de l'activité respiratoire (oxygène, gaz carbonique) des êtres vivants.
Cils: Poils des cellules vibratiles.
Coévolution: Evolution, au cours de laquelle les caractéristiques d'une espèce se déroulent en dépendance de l'évolution d'une autre espèce, par hasard chez les prédateurs et les proies comme chez l'hôte et le parasite
Consommateur primaire: Organisme animal, qui se nourrit de plantes et de bactéries. Consommateur secondaire : Organisme animal, qui se nourrit de substances animales.
Cytoplasme: Partie de la substance vivante de la cellule moins différenciée, qui entoure le noyau, les vacuoles et les divers organites.
Destructeurs: Matière organique morte de champignons et bactéries ayant un pouvoir de dégradation.
Endolithique : Perforateur de pierre.
Enzyme: Substance organique produite par des cellules vivantes, qui agit comme catalyseur dans les réactions biologiques.
Exocystose : Mécanisme permettant d'expulser hors d'une cellule le contenu des granules qui sont entourées d'une membrane.
Exosquelette: Squelette extérier.
Gastroderme : couche de cellules internes des cnidaires.
Hétérotrophe: qui se nourrit de substances organiques, ne peut effectuer lui-même la synthèse de ses éléments constituants.
Laminaire: Régulier (courant sans tourbillon).
Lipide: Graisses.
Membrane de la vacuole : La membrane qui délimite une vacuole du plasma cellulaire.
Oligotrophe : Pauvre en substances nutritives.
Photoassimilat : Liaison organique résultant de la photosynthèse.
Photoautotrophe : Se nourrissant par la photosynthèse.
Photosynthèse: Constitution de substances organiques à partir de substances inorganiques avec l'aide de l'énergie de la lumière.
Phytoplancton: Plancton végétal.
Producteur primaire: Organisme qui élabore sa substance avec l'aide de l'énergie du soleil.
Récent: Vivant actuellement.
Sédimentation: Dépôt.
Septes calcaires: Cloisons de séparation interne, radiale du calice des coraux.
Septes : Voir septes calcaires.
Système gastrovasculaire : L'espace stomacal des cnidaires avec l'ensemble de ses ramifications en forme de vaisseaux.
Toxine: Poison produit par les bactéries, les plantes ou les animaux.
Vacuole: Vésicule du plasma cellulaire remplies de liquide ou de nourriture.
Zoochrome : Substance colorante formé par un organisme animal
Zooplancton: Plancton animal.

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Yonge, C. M. (1973): Coral reef project. Papers in memory of Dr. Thomas F. Goreau. The nature of reef building (hermatypic) corals. Bull. Mar. sci. 23: 1- 15.

L'auteur
Dieter Schlichter est professeur à l'Institut de Zoologie de l'Université de Cologne et il se consacre à l'écophysiologie des organismes récifaux. L'approvisionnement énergétique et la production de carbonates des scléractiniaires est examinée. En outre l'auteur est intéressé par la découverte des processus et facteurs actifs qui jouent un rôle dans la croissance des récifs tropicaux d'eau peu profonde.

Autres informations sur Internet: www.uni-koeln.de/math-nat-fak/zoologie

© Extrait de la Gazette Marine N° 76 - juillet 2003
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