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CONSTRUCTION D'UN BASSIN DE JARDIN DE 50 000 LITRES

par Jean Claude RINGWALD (1986)
Divers matériaux peuvent être envisagés pour la construction d'un bassin de jardin. Parmi les plus courants on prendra une option pour l'une des formules suivantes : le béton (de préférence armé), la résine de polyester associée au mat de verre et enfin les films d'étanchement qui peuvent éventuellement être associés à de l'argile.

Une vue du bassin deux ans après sa mise en eau. Photo : J. Teton

Passons rapidement en revue les divers matériaux cités.
1 - Le béton : il présente l'avantage, s'il est correctement préparé (adjonction d'hydrofuges, armement, etc...) d'être indestructible. Toutefois son coût et celui de la mise en oeuvre (coffrage) posent des problèmes complexes à l'amateur qui désire fabriquer son bassin par ses propres moyens. De plus la mise en place d'un coffrage simple empêche généralement à des bassins de ce type d'avoir des formes naturelles et il faut l'avouer, dans ce cas, le bassin risque souvent de ressembler plus à une piscine qu'à un point d'eau. Enfin au-delà d'un volume de 10-20 mètres cubes, la construction d'un bassin en béton est tout simplement ruineuse.
2 - La résine de polyester : ce matériau très en vogue est utilisé par de nombreux fabriquants pour satisfaire les amateurs de bassin désireux d'installer une zone aquatique avec le moins d'efforts possibles. Pratiques, ils sont rapidement installés, mais leur volume est généralement limité. Celui qui désire avoir un bassin de grande taille pourra toutefois le construire aux dimensions de son choix à l'aide de ce matériau qui présente l'avantage par rapport au béton de pouvoir créer des formes plus irrégulières et donc plus naturelles. Pour des bassins de très grande taille, hélas, la solution de la résine de polyester associée au mat de verre devient elle aussi rapidement inabordable.
3 - Les films d'étanchement. Ces dernières années un certain nombre de fabricants proposent des films en plastique armé (Vitakraft, Tetra, etc...) ou en matière imputrescible (Plastoplan). Ces films permettent une mise en place relativement peu onéreuse de bassins de jardin de taille moyenne. L'utilisation d'un film en polyéthylène associé à une couche d'argile (la conception a été décrite dans Aquarama N° 46 et 47) reste toutefois le procédé le moins cher pour les amateurs préférant avoir recours à l'huile de coude plutôt qu'aux dernières réserves du livret d'épargne. C'est ce procédé que j'ai retenu pour la réalisation d'un bassin de 50 000 litres. Toutefois avec un tel volume en perspective certaines mesures de sécurité sont à prendre. De plus étant donné la grande surface de terre qu'il faudra rendre étanche il est impensable de pratiquer cette construction de la même manière car il serait trop fastidieux de malaxer les dizaines de mètres cubes nécessaire pour recouvrir les parois du bassin.

CONSTRUCTION DU BASSIN

 

I - L'EXCAVATION
Pour creuser la fosse d'un grand bassin il est préférable de faire appel à une entreprise possédant une petite excavatrice. Les paysagistes possèdent souvent ce type de matériel qui ne cause pas des dégats trop importants dans des jardins déjà aménagés. Dans le cas où la configuration du jardin (plantation, bâtiments, etc...) ne permet pas l'usage d'un tel engin (aussi petit qu'il soit) il ne vous reste qu'à faire appel aux membres de votre famille ou à tous vos amis (en espérant qu'ils soient nombreux à répondre...) Dans le cas ou vous êtes en pleine construction profitez de la présence des bulldozers qui font les fouilles de votre future habitation. C'est d'ailleurs le moment le plus judicieux pour prévoir l'aménagement d'un bassin de grande taille. Il est évident que ces engins ne vous feront pas des pourtours sinueux, ce travail restant à votre charge ; néanmoins le déplacement de 40 à 50 mètres cubes de terre n'étant pas une mince affaire, on saura apprécier ultérieurement le travail ainsi évité. La fosse sera creusée initialement à la profondeur définitive. En ce qui concerne la longueur et la largeur de la fosse, il conviendra d'excaver seulement entre cinquante et soixante pour cent des dimensions définitives. Les pourtours et les étagements extérieurs se faisant manuellement à l'aide de pioches et de pelles. Ce travail vous semble fastidieux, mais sachez qu'il peut se faire par une seule personne à condition d'y passer une bonne partie de ses congés et de ses fins de semaine (et je sais de quoi je parle !). Pour un bassin de grande taille il est inutile de prévoir le contour dans ses détails, une forme générale avec plus ou moins d'arrondis tel que nous le voyons sur le dessin est largement suffisante. Les fioritures se feront au fur et à mesure des travaux, et en particulier vers la fin, lorsque la forme du bassin prendra une certaine allure. Le présent article étant également largement accompagné de photographies vous n'aurez aucun mal à vous y retrouver.
Il - L'ARGILE
La propriété fondamentale de l'argile est d'être imperméable à l'eau. Pour avoir la certitude que le matériau choisi est bien de l'argile il convient de s'assurer que les divers paramètres qui suivent soient tous réunis. La couleur est fort variable puisqu'elle comporte les teintes suivantes : noire, bleue (parfois panachée de rouge et de gris), jaune (la plus commune), verte, blanche (Kaolin) et grise. Il s'agit d'une roche tendre qui se raye facilement lorsqu'on la gratte avec l'ongle. Son contact rappelle celui du savon car elle est onctueuse au toucher. En mélangeant un peu d'argile avec de l'eau, celle ci se trouble rapidement et prend la couleur de l'argile. Une multitude de petites particules sont en suspension dans l'eau et celles-ci ne se sédimentent qu'au bout de plusieurs heures, voire quelques jours ou même plusieurs semaines. Les particules d'argile contiennent des pores microscopiques qui ont la particularité de retenir l'eau. Ainsi lorsqu'elles se gonflent, les pores disparaissent, et la roche devient imperméable. Lorsque l'eau s'évapore, l'argile se rétracte. Tout le monde a pu observer durant la saison estivale des sols craquelés qui signalent une importante présence de cette roche. Toutefois pour assurer une étanchéité parfaite, l'argile doit être aussi pure que possible. Pour vérifier la pureté de la roche il suffit d'y verser de l'acide chlorhydrique ; à ce moment il ne doit se produire aucune effervescence. L'étalement de la couche d'argile sur les parois du bassin se fera en choisissant l'une des deux méthodes suivantes :
- Malaxage de l'argile brute avec de l'eau tel que M. J. TETON l'a décrit dans Aquarama N° 46. Cette méthode, facilement réalisable pour des petits bassins (moins de 10 000 litres), devient impensable pour des volumes plus importants étant doné le caractère herculéen de la tâche. De plus pour d'importants volumes d'eau, il est impératif de s'assurer d'une couche minimale d'argile répartie de façon régulière sur les parois du bassin (minimum 5-7 centimètres), épaisseur aléatoire à réaliser à la main sans des sondages fréquents qui prennent également une part importante du temps de travail.
- Création d'une couche d'étanchement à l'aide de briques d'argile crue (et si possible encore humide) achetées chez le briquetier local. La taille idéale des briques se situant aux environs de 20 centimètres (une épaisseur supérieure n'est pas préjudiciable, au contraire). Avant de commander les briques il est toutefois préférable de respecter les critères précédemment décrits pour s'assurer de la qualité des briques d'argile. Il est également impératif que la livraison des briques crues soit aussi rapide que possible afin que celles-ci n'aient pas le temps de sècher (s'il fait trop chaud) ou de former une masse pâteuse (si le temps est à la pluie). Il est également recommandé de demander au fabricant de livrer les briques sur des palettes recouvertes d'une protection en carton ou d'un film en polyéthylène, ceci pour conserver aussi longtemps que possible la maléabilité du matériau.
III - CHOIX DU FILM PROTECTEUR
En priorité il conviendra de choisir un film en polyéthylène de couleur noire. En effet, par rapport au film transparent, celui-ci est beaucoup plus résistant au rayonnement des U.V. solaires. De plus cette couleur "passe mieux" lorsque les berges deviennent visibles à cause d'une éventuelle baisse du niveau de l'eau (évaporation par exemple). D'une manière générale il conviendra également de choisir un film de la plus grande épaisseur existante, puisqu'il en résultera une résistance plus performante par rapport aux accidents de déchirure toujours possible. Toutefois ce risque ne doit en aucun cas vous obnibuler, car le rôle du film n'est pas à proprement parler de rendre le bassin étanche, mais d'empêcher la couche d'argile de se liquéfier avec le contact de l'eau et de s'écouler au fond du bassin. De petites déchirures sont en principe sans conséquence pour l'étanchéité du bassin. Le choix du polyéthylène (allié à une couche d'argile) réside dans le fait que celui-ci ne présente aucun caractère toxique et évite tout rinçage avant le remplissage du bassin, ce qui n'est pas le cas du béton ou de certaines résines. Le rinçage ne présente pas de problèmes pour de petits bassins, mais si le volume dépasse 20 000 litres cette opération signifie une dépense appréciable. Pour terminer on peut également apprécier la résistance de ce matériau par rapport au gel (40° C) et aux fortes températures (+ 50°C). L'achat du rouleau de film en polyéthylène devra se faire avec précaution, car si l'on se rend compte lors de sa mise en place que le film est trop court tant au niveau de la largeur que de la longueur, on peut se préparer à faire des collages de bandes à l'aide d'un rouleau de scotch à double face adhésive et résistant à l'eau. Pour éviter toute surprise il vaut donc mieux dès le départ prévoir les dimensions nécessaires en ajoutant à la longueur et la largeur du film la dimension équivalent à deux fois la profondeur du bassin plus une marge de sécurité de cinquante centimètres pour chaque côté. Ainsi si votre bassin comprend dans ses dimensions maximales une longueur de 15 mètres, une largeur de 8 mètres et une profondeur de 1,5 mètre, les dimensions minimales de la feuille de polyéthylène seront de 19 mètres de long et de 12 mètres de large. Pour votre gouverne, les dimensions les plus courantes proposées par les fabricants sont des rouleaux de 10, 25 ou 50 mètres de long pour 3, 4, 6, 9, 10 ou 12 mètres de large. Notez également que selon les fabricants certaines de ces dimensions ne sont livrées que sur commande et qu'il vaut donc mieux prévoir les délais de livraison lors de la planification de l'ouvrage.
IV - REALISATION
Après avoir étudié le côté théorique de la conception du bassin, vous avez maintenant en main tous les éléments nécessaires à sa réalisation. Pour vous permettre de concrétiser au mieux cette phase des travaux, l'article sera illustré d'une manière aussi abondante que possible.

Dessin 1 : Plan de masse comportant la fosse à partir de laquelle seront creusés sur les côtés les zones d'élargissement (en hachuré) et les remblaiements éventuels (en pointillé). Si l'on ne fait pas appel aux engins mécaniques on pourra faire un plan de travail basé directement sur le dessin N° 2.

Dessin 2: II est important dès le départ de planifier les zones d'étagement abritant la végétation. On gèrera ainsi mieux les espaces de plantation en prévoyant immédiatement la plus grande variété d'espèces possible. De cette manière on évitera également des surprises toujours désagréables (envahissement du bassin par les espèces particulièrement prolifiques).

Photo 1 : En raison de la végétation installée ultérieurement (en particulier les Nymphaea) il vaut mieux prévoir une implantation du bassin dans une zone aussi ensoleillée que possible. Le traçage de la fosse, profonde environ de un mètre à un mètre cinquante, sera délimitée à l'aide d'une ficelle enroulée autour de quatre piquets.

Photo 2 : Cette zone sera ensuite excavée à l'aide d'un Bulldozer si le jardin n'est pas encore aménagé (On remarquera à l'arrière de la fosse, les débuts des travaux d'étagements).

Photo 3 : Ce chat nous donne une petite idée des dimensions ultérieures du bassin.

Photo 4 : La fosse initiale est creusée sur les côtés que l'on désire élargir. La terre ainsi déblayée sera versée dans les zones que l'on désirera rendre plus étroites (revoyez le dessin N° 1 pour une meilleure visualisation des informations). On remarquera les divers étages ainsi créés. Ceux-ci seront diversifiés tant du point de vue de leur dimensions que de leur élévation. De la réalisation de ces zones biologiques dépendra ultérieurement le succès des plantations.

Photo 5 : Comme je le disais, cette phase de travaux peut être accomplie par une seule personne. Cela engendre naturellement une relative durée dans le temps comme l'atteste la croissance de la verdure qui devra bien entendu être éliminée ultérieurement.

Photo 6 : Les étages de faible profondeur (20 à 30 cm) seront réservés aux plantes de berges humides telles que les Massettes, les Phragmites (roseaux), les Scirpes, les Iris, la Renoncule aquatique ou encore l'Arum des marais.

Photo 7 : Les étages de moyenne profondeur (30 à 60 cm) abriteront les plantes aquatiques proprement dites : Myriophyllum, Elodea, etc... Ce type de végétation n'est pas toujours spectaculaire mais sa présence est impérative dans tout bassin de moyenne ou grande taille. Elle permet en premier lieu d'épurer l'eau ; en second, elle favorise l'oxygénation de celle-ci. Ce facteur est surtout nécessaire durant la période estivale lors des élévations de température. Cette profondeur est également appréciable pour la plantation de végétaux tropicaux tels que les Lotus qui demandent à être sortis durant la mauvaise saison (il est plus facile de retirer des végétaux dans 50 cm d'eau qu'à un mètre ou un mètre et demi de profondeur)

Photo 8: L'aménagement d'un paludarium peut également être envisagé. Celui-ci pourra être construit ultérieurement comme nous le voyons sur la photographie. Cette zone pourra abriter des plantes tels que les Hyperycum les Arums d'Ethiopie, les Pontederia cordata, bref toutes les plantes aimant les zones marécageuses.

Photo 9 : Pour travailler la terre qui est souvent très dure (surtout en été) il est préférable d'humidifier le sol et de le rendre boueux.

Photo 10 : On peut ainsi rendre les parois extrêmement lisses, ce qui facilite la pose ultérieure de la couche d'argile.

Photos 11 et 12 : Nous voyons ici la phase lissée de deux extrémités du bassin dans leur détail. Comparez les avec les photos 6 et 7 dans leur état brut pour vous faire une idée du travail à accomplir.

Photo 13 : Le sol dans lequel est aménagé le bassin contient déjà une importante proportion d'argile. On retiendra sa perméabilité et également son aspect craquelé dans les zones qui se sont dessèchées (voir également photo 20).

Photo 14 : Vue générale du bassin lorsque les travaux de lissage sont terminés. Cette phase de la construction est très importante car elle détermine l'uniformité de la couche d'argile pure.

Photos 15-16 : Arrivée du chargement. Les briques crues gorgées d'eau sont relativement lourdes. La masse est instable à cause de la maléabilité de l'argile. Le déchargement doit se faire avec beaucoup de précautions.

Photo 17 : Le détail d'une palette. Il est très important de demander au fabricant de séparer les différentes couches de briques par des feuilles de polyéthylène ou de carton. Si cette mesure n'est pas prise, le poids respectif des briques provoquerait le tassement des couches inférieures et risquerait de former une masse compacte difficile à travailler ultérieurement.

Photo 18: Pour éviter tant le dessèchement de l'argile (lorsqu'il fait trop chaud) que la réduction des briques en une masse informe (en cas de pluie), il vaut mieux couvrir immédiatement les palettes de bâches ou de feuilles de polyéthylène.

Photos 19-20 : Vue de détail des briques. Lorsqu'elles sont gorgées d'eau, les briques sont lourdes et maléables ce qui rend leur manipulation malaisée. Les dimensions idéales pour un travail rapide sont de 20 x 10 x 7 cm.

Vue du bassin sous un autre angle. Photo : J. Teton

Photos : 1-2-10: J.C. Ringwald, 3 à 9 et 11 à 20: J. Teton

Cette phase des travaux ne pourra que difficilement se faire seul à moins de disposer de beaucoup de temps libre. Moins fastidieuse que la conception de la fosse et des parois elle demande toutefois une certaine minutie. Pour des petits bassins on peut commencer par le bas de la fosse, le travail se faisant assez rapidement. Toutefois pour de grands bassins il est préférable de commencer la pose des briques d'argile crue sur les étages supérieurs. Il est en effet préférable, si le temps est pluvieux, d'éviter le contact direct de l'argile avec la nappe d'eau qui se formera inévitablement au fond du bassin créant ainsi une masse de boue lourde dans laquelle il est très pénible de se déplacer.
REMARQUE IMPORTANTE
Dans les zones rurales récemment habitées, la faune souterraine est particulièrement abondante. Diverses espèces de rongeurs, les taupes, certaines espèces d'insectes (surtout les courtillières), par leurs travaux de fouissage peuvent creuser des galeries jusqu'à votre bassin. Capables de percer d'abord votre couche d'argile, ensuite votre feuille de polyéthylène, ils risquent de provoquer une fuite temporaire allant de quelques heures à plusieurs jours. La couche d'argile ou contact de l'eau ramollira et finira par colmater la fuite. Il faudra alors remplacer l'eau ainsi perdue. Toutefois on peut éviter cet inconvénient en plaçant entre les parois du bassin et le tapis de briques d'argile un fin grillage du type moustiquaire.

Photos 1-2 : Les briques d'argile sont placées les unes à côté des autres comme on le ferait pour des pavés autoblocants.

Photos 3-4 : Les briques sont comprimées à l'aide d'un marteau afin que les joints se soudent et que les briques ne forment plus qu'une seule masse très compacte. On peut éventuellement utiliser une dame à moteur comme on le fait pour tasser des pavés autoblocants. Il faudra toutefois poser des grands cartons ou des feuilles de polyéthylène sur l'argile afin que celle-ci ne colle pas à l'appareil. Sachez toutefois que si cette opération est plus rapide dans son ensemble elle est néanmoins pénible sur les pentes abruptes des parois du bassin.

Photos 5-6 : Pour éviter des déplacements fréquents il est préférable de se faire assister par un partenaire qui vous lance les briques. Dès qu'on a attrapé une brique on la positionne et on attend la suivante. On prend d'ailleurs rapidement le pli et on progresse alors d'une rapidité remarquable dans la mise en place de la couche d'argile.

Photos 7-8 : Lorsque le fond de la fosse est boueux, il est préférable d'étaler de grands cartons pour répartir le poids du corps. On conservera ainsi le fond lisse ce qui est très important pour la répartition de la couche d'argile.

Photo 9 : Vue du bassin lorsque les briques sont entièrement posées. On remarquera que sous l'action de la chaleur les briques se sont rétractées et laissent apparaître des interstices qui devront être impérativement comblés.

Photo 10 : On remplira à cet effet les divers étagements de briques qui seront entièrement recouvertes d'eau. Leur disposition n'a guère d'importance puisque lorsqu'elles seront bien imbibées d'eau. Ces briques seront malaxées pour être réduites à l'état d'une pâte onctueuse.

Photo 11 : Pour cette phase des travaux, on pourra également utiliser les chutes de briques crues.

Photos 12 à 14 : Ces diverses vues du bassin vous donnent une idée de la quantité de briques à utiliser. En ajoutant l'eau il est préférable d'arroser en même temps la totalité de la couche d'argile afin que le "crépissage" s'amalgame bien à cette dernière.

Photo 15-16: Lorsque la deuxième couche de briques sera bien molle, il est très facile de pétrir l'ensemble en le piétinant.

Photos 17-18 : La pâte ainsi formée sera étalée sur toute la surface du bassin comme on le ferait pour du crépissage. Les meilleurs outils restant encore l'usage des seaux et des mains. Les seaux seront remplis de cette pâte qui sera versée, puis étalée à la main sur les parois.

Photos 19-21 : Pour vous permettre d'apprécier le travail à accomplir, vous avez ici diverses vues du bassin une fois que le crépissage est terminé.

Vues : sur le paludarium (en bas à gauche), sur la terrasse de caillebotis (à droite), sur le gué reliant le paludarium au bassin (au milieu à gauche) et sur le bassin (en haut).
Photo : J. Teton


VI - POSE DE LA FEUILLE DE POLYETHYLENE
Nous entamons maintenant la dernière phase des travaux de construction. C'est aussi la plus facile. Toutefois pour des raisons pratiques il vaut mieux se faire aider par quelques amis, surtout lorsqu'il y a du vent. Si celui-ci est trop violent, il vaut mieux s'abstenir de poser la feuille de polyéthylène, celle-ci risquant d'être emportée (voire même déchirée), surtout lorsqu'elle est d'un grand format.

Photo 1 : On déroule la feuille le long du bassin sur une surface aussi lisse que possible. Les obstacles tranchants (briques ou cailloux cassés, morceaux de bois ou de ferraille), seront impérativement éliminés car on risque d'entailler la feuille de polyéthylène en la manipulant.

Photo 2 : Des blocs de pierre seront placés sur les bords de la feuille durant cette opération pour éviter que celle-ci ne s'envole si le vent venait brusquement à se lever. De plus cette précaution permet un déroulement plus facile du rouleau.

Photo 3 : Il faudra veiller avant la pose du polyéthylène à ce que les parois d'argile soient bien humides. La feuille
adhèrera ainsi mieux sur celles-ci. La nappe d'eau qui se sera formée au fond ne pose aucun problème puisqu'elle sera chassée sur les côtés lors du remplissage du bassin.

Photo 4 : La feuille une fois déroulée et coupée avec une marge de sécurité suffisante sera posée par-dessus l'excavation.

Photo 5 : Il vaut mieux faire ce travail soigneusement et sans se presser, car si la feuille est posée de travers et que l'on ne s'en rend compte que lorsque le bassin est rempli d'eau, toute l'opération est à refaire après vidange préalable du bassin.

Photos 6-7 : Après avoir correctement positionné la feuille de polyéthylène on pourra commencer à remplir le bassin.

Photo 8 : Tant que le bassin n'est pas rempli, il vaut mieux fixer les bords de la feuille avec des objets aussi lourds que possible. Ne soyez pas trop regardant sur les matériaux : des rondins de bois, des blocs de pierre ou des seaux remplis d'eau feront largement l'affaire. Cette précaution est utile pour éviter que les bords de la feuille ne se déplacent si le vent venait à se lever intempestivement.

Photo 9-10 : Le surplus de briques d'argile crue sera posé sur le fond du bassin. Il servira à la fois de protection supplémentaire contre d'éventuelles fuites et de substrat pour la plantation.

Photo 11 : Durant le remplissage il faut veiller à ce que la feuille de polyéthylène adhère bien sur les parois afin d'éviter des tensions inutiles qui pourraient l'étirer et donc de l'amincir, voire déchirer en certains endroits (l'eau pèse plus lourd qu'on ne le croit).

12 : Durant le remplissage à cause du fort courant créé par le tuyau d'arrosage, l'eau prend la teinte de l'argile qui a été déposée sur le fond. Rassurez-vous, elle ne gardera pas cette couleur car au bout de quelques jours les particules d'argile se sédimenteront et l'eau redeviendra claire.

Photo 13 - 14 : Lorsque le niveau d'eau atteint les étages qui sont réservés à la plantation il vaut mieux arrêter le remplissage et attendre une nuit ou deux. Cette précaution permet à la feuille de polyéthylène de bien se positionner et évite les risques de tension sur les bords surélevés qui séparent la fosse des étages supérieurs.

Photos 15-16: Après cette période de repos on pourra continuer à remplir le bassin.

Photo 17 : Comme cela a été fait pour la fosse, le fond des étages de plantation sera recouvert d'une couche d'argile.

Photo 18-19 : Vue du bassin entièrement rempli. Il semble très grand, mais en fait, une fois planté, seule la fosse centrale restera bien visible.
VII - ADJONCTION D'UN PALUDARIUM
Sans être une obligation, la présence d'un paludarium est néanmoins un apport utile à toute pièce d'eau, car elle permet d'aumenter l'éventail des diverses espèces de plantes qui agrémenteront le bassin. Seule une plantation riche mettra votre bassin en valeur, les poissons n'étant presque que des éléments secondaires de décoration. Le paludarium pourra se faire immédiatement ou ultérieurement. Celui qui sera décrit est en fait construit à partir d'un petit bassin déjà existant. Il pourra soit être séparé du bassin soit être rattaché à celui-ci.
REMARQUE : Le paludarium est un endroit idéal pour cultiver un certain nombre de plantes tropicales. Si celui-ci est séparé du bassin on pourra éventuellement durant la saison estivale y introduire des poissons tropicaux pour les laisser se reproduire. Toutefois comme il convient de rentrer tout cela durant la mauvaise saison, il est préférable de renforcer le paludarium par une double couche d'argile. La feuille de polyéthylène sera posée en sandwich entre les deux couches de briques d'argile. Cette précaution permet de patauger et piétiner sans vergogne dans le paludarium pour y effectuer les divers travaux de plantation.

Photo 20: La première couche de briques d'argile sera posée selon le même processus décrit dans le chapître des travaux d'étanchement.

Photos 21-22 : Après la pose de la feuille de polyéthylène, on remplira le fond du paludarium avec de l'eau.

Photos 23-24 : La feuille de polyéthylène sera alors entièrement recouverte de briques d'argile.

Photo 25 : La partie encore non recouverte d'argile, située presque à ras de la surface sera comblée ultérieurement de terreau pour réserver un petit espace aux plantes prospérant dans des zones semi-humides.

Photos 26 à 28 : Point de jonction entre le bassin et le paludarium. Il sera ultérieurement recouvert de galets qui renforceront cette zone destinée à faire un gué qui permettra le passage sans avoir à contourner le paludarium.

Photos 29 à 31:Vue du paludarium sous différents angles. La partie centrale pourra être réservée à de petites espèces de Nymphaéas tropicaux. L'étage supérieur sera réservé à des plantes tropicales ou subtropicales telles que les Pontédériacées.

Photo 32 : Une fois le travail terminé on pourra compléter le niveau et immerger le paludarium.

Photo 33 : Vue du gué partiellement terminé. Les berges pourront être agrémentées de souches d'arbres pour rendre l'ensemble plus sauvage.

Photos 34 à 36 :Vues d'ensemble du bassin dans son état final. On remarquera l'ébauche d'une plantation qui sera bien entendu complétée.
VIII - AMENAGEMENT DE LA PLANTATION
L'avantage d'un bassin de grande taille réside dans la possibilité d'une implantation de la plus grande variété possible de végétaux. Toutefois l'ensemble ne saurait être une réussite pour l'oeil sans des abords aménagés avec harmonie pour compléter le milieu aquatique. Un bassin fait partie du jardin et ne doit en aucun cas faire penser à un milieu artificiel, mais au contraire s'amalgamer avec ce qui l'entoure. A partir du dessin vous pourrez élaborer cet ensemble sans bien sûr vous tenir à la même disposition. Le présent chapître est écrit pour vous donner une idée de disposition de plantation, mais ne doit en aucun cas être une règle rigide. Faites également travailler vos méninges pour apporter à votre réalisation une touche de votre propre personnalité.
NOTA: En vous repérant sur le dessin, pour éviter toute confusion, la liste des plantes aquatiques suit un ordre alphabétique, la liste de l'aménagement des abords suit un ordre numérique.
PLANTATION DU BASSIN

Pour vous permettre de mieux prévoir l'implantation des végétaux je vous indiquerai dans l'ordre le nom scientifique, le nom commun (entre parenthèses), la hauteur de la plante et la profondeur de plantation en cm, la période de floraison et d'éventuelles remarques concernant la culture. L'annotation "Plante locale" signifie que la plante se trouve communément dans les cours d'eau de notre pays.
A - Iris pseudoacorus (Iris des marais) ; Hauteur 70/80 ; Profondeur d'immersion ; 0/50 - Floraison : Printemps ; Plante locale.
B - Caltha palustris (Souci d'eau) ; Hauteur : 30/40 - Profondeur d'immersion : 10 - Floraison : Printemps ; Plante locale.
C - Iris sibirica (Iris de Sibérie) ; Hauteur : 40/60 ; Profondeur d'immersion : 0/50 ; Floraison : mai/juin.
D - Butomus umbellatus (Butome) ; Hauteur : 70/110 ; Profondeur d'immersion : 10 ; Floraison : été ; Plante locale.
E - Calla palustris (Arum des marais) ; Hauteur :20 ; Profondeur d'immersion : 10/20 ; Floraison : juin/juillet ; Plante locale ; doit être plantée dans la vase.
F - Myriophyllum brasiliensis (Myriophylle du brésil) ; Longueur : 50/150 ; Profondeur d'immersion : 30/60 ; Plante tropicale qui semble résister durant les hivers peu rigoureux. Toutefois conservez quelques souches à l'abri durant l'hiver.
G - Nous abordons la fosse secondaire dont la profondeur varie entre 50 et 75 cm. Le choix de plantation se fera entre des espèces locales ou tropicales. Les espèces tropicales devront être retirées à la fin de l'automne et être mises à l'abri durant la mauvaise saison :
- Sagittaria sagittifolia (Sagittaire, flèche d'eau) ; Hauteur : 40 ; Floraison : été ; Plante locale.
- Nuphar luteum (faux nénuphar) ; Hauteur : feuilles flottantes ; Floraison : été ; Plante locale.
- Nymphaea tropicaux ; Hauteur : feuilles flottantes ; Floraison : été.
- Nelumbo (Lotus, nénuphar d'Egypte ; Hauteur : 0/30 ; Floraison : été.
- H. Myosotis palustris (Myosotis des marais) ; Hauteur : 25 ; Profondeur d'immersion : Zones humides jusqu'à 10 cm de profondeur ; Floraison : fin du printemps jusqu'à la fin de l'été ; Plante locale.
- I. Gué (Zone recouverte de gros galets).
- J. Alisma Ianceolatum (plantain d'eau) ; Hauteur : 20/30 ; Profondeur d'immersion : 0/10 ; Floraison : été ; Plante locale.
K. et L. Zones semi-humides qui sont simplement en contact avec l'eau. On pourra y mélanger les espèces suivantes :
Pour K.
- Zantedeschia aethiopica (Arum d'Ethiopie) ; Hauteur : 70/80 ; Floraison : de la fin du printemps au début de l'automne ; Pailler en hiver.
- Astilbe ; Hauteur : 50/70 ; Floraison : été.
Pour L.
- Lythrum salicaria (salicaire) ; Hauteur 50/130 ; Floraison : Fin de l'été, début de l'automne selon l'humidité du sol ; Plante locale.
- M. Acorus calamus (Acore) ; Hauteur : 50/70 ; Profondeur d'immersion : 15 ; Floraison : fin du printemps, début de l'été ; Plante locale.
- N. Phragmites communis (Roseau) Hauteur :100/150 : Profondeur d'immersion : sols humides jusqu'à 50 cm ; Floraison : fin de l'été ; Plante locale.
- O. Hypericus ; Hauteur : 20/25 ; Profondeur d'immersion : 0/30 ; devient rapidement envahissant.
- P. Pontederia cordata ; Hauteur : 50/75 ; Profondeur d'immersion : 10/15 ; Floraison : dès août jusqu'à octobre si le temps est doux ; résiste mal au gel, pailler ou mettre à l'abri en hiver. Plante subtropicale.
- Q. Juncus effusus (jonc) ; Hauteur : 40/50 ; profondeur d'immersion : 10/20 ; Floraison : fin du printemps à août ; Plante locale.
- R. Scirpus lacustris (scirpe) ; Hauteur 100/110 ; Profondeur d'immersion : 10/40 ; Floraison : été ; Plante locale.
- S. Typha maxima (massette) ; Hauteur : 100/120 ; Profondeur d'immersion : Sols humides à 20 cm ; Floraison : été ; Plante locale.
- T. Fosse profonde : Profondeur :100/150 ;convient évidemment aux Nymphéas qui fleurissent tout l'été. Veillez à ce que cette partie du bassin soit toujours ensoleillée. On peut également planter dans cette zone l'Elodea canadensis (Peste d'eau) qui est un excellent facteur d'oxygénation de l'eau en été. Sachez toutefois que cette plante est très envahissante.
PLANTATION ET AMMENAGEMENT DES ABORDS DU BASSIN
- 1. Miscanthus gigantheus (Euralie) ; Hauteur :100/200 ; Floraison : Juillet à octobre.
- 2. Choix entre Salix babylonica (Saule pleureur) ; Hauteur : 600/1000 à planter seul ou un petit groupe de Salix elaeagnos (Saule drapé) ; Hauteur : 300/400 ; Floraison : chatons en avril ; Plante locale.
- 3. Arundinaria sinensis (Bambou de Chine) ; Hauteur : 80/150 ; Floraison : très rare.
- 4. Iris kaempferi (iris japonais) ; Hauteur : 50/100 ; Floraison : juin/juillet ; Plante locale.
- 5. Penisetum orientalis (Herbe aux écouvillons) ; Hauteur :30/40 ; Floraison :juillet à octobre.
- 6. Phragmites communis (Roseaux commun)
- 7. Gunnera brasiliensis syn. G. manicata (Rhubarbe géante) ; Hauteur :180/ 300 ; Floraison : dès avril.
- 8. Buddleia davidii (arbre à papillon) ; Hauteur : 200/ 300 ; Floraison : juillet à octobre ; Plante locale ; arbuste intéressant car il attire les papillons.
- 9. Rhus typhina (sumac, vinaigrier) : Hauteur :300/450 ; Floraison ; juin/juillet ; Plante locale.
- 10. Syringa vulgaris (lilas) ; Hauteur 200/400 ; Floraison : mai/juin ; Plante locale.
- 11. Ribes sanguineum (groseiller à fleurs) ; Hauteur : 200/300 ; Floraison : printemps.
- 12. Forsythia intermedia (mimosa de Paris) ; Hauteur : 250/300 ; Floraison : mars/avril.
- 13. Sambucus racemosa (sureau) ; Hauteur : 200/300 ; Floraison : printemps ; Plante locale.
- 14. Helianthus decapetalus (Hélianthe à dix pétales) ; Hauteur : 120/180 ; Floraison : (jaune) septembre.
- 15. Salix pendula (Saule marsault pleureur) ; Hauteur : 600 ; Floraison : mars/avril.
- 16. Arundo donax (canne de Provence) ; Hauteur : 200/ 500 ; prospère en Europe du sud, les tiges doivent être coupées en automne et les souches doivent être recouvertes de tourbe, de feuilles mortes ou de paille pour protéger les racines pendant l'hiver dans les régions froides.
- 17. Canna hybrida (Canna, lucifer, balisier) ; Hauteur :120/150 ; Floraison :fin de l'été ; en hiver la plante sera soit paillée, soit mise à l'abri.
- 18. Philadelphus lemoinei (seringa) ; Hauteur :150/200 ; Floraison : juin/juillet ; fleurs à parfum intense.
- 19. Rocaille.
- 20. Passage en dalles de grès prolongeant la rocaille.
- 21. Gros galets.
- 22. Terrasse en caillebotis de bois.
- 23. Cornus alba spaethii (cornouiller) ; Hauteur : 250/ 300 ; Floraison : printemps (insignifiante) ; écorce rouge en hiver.
- 24. Weigela florida (weigéla fleuri) ; Hauteur :150/200 ; Floraison : mai/ juin.
- 25. Spartium junceum (genet d'Espagne) ; Hauteur : 250 ; Floraison : juin/août.
- 26. Miscanthus zebrinus (Eulalie zebrée) ; Hauteur : 90/ 120 ; Floraison : automne.
- 27. Sophora japonica pendula (Arbre des Pagodes du Japon pleureur) ; Hauteur :400/500 ; Floraison : septembre.
- 28. Escalier forme de pavés rustiques retenus par des traverses de chemin de fer.
- X. Souche d'arbre entourée de Hemerocallis (Lis d'un jour) ; Hauteur : 70/80 ; Floraison : juin/août.

J'espère que vous avez maintenant tous les éléments en main pour faire de votre jardin un petit coin de paradis dont la pièce maîtresse sera bien sûr le bassin. Pour finir je voudrai vous rappeler que la faune joue également un rôle important. Les poissons tels que les carassins ou les carpes Koï sont bien sûr les éléments les plus connus. Toutefois le fait d'introduire des tortues aquatiques ou des grenouilles ne nuit pas, bien au contraire. Les grenouilles peuvent cependant par leur coassements devenir une gêne durant la saison des amours et vous risquez éventuellement d'avoir des problèmes avec vos voisins. Si j'ai insisté sur les abords du bassin, c'est également parce que les arbustes apportent un refuge aux oiseaux qui viendront égailler vos heures de loisir et c'est un vrai plaisir que de les voir s'abreuver ou prendre un bain dans votre bassin. Peut être même que vous aurez la chance de voir des hirondelles venir chercher des particules de boue pour construire leur nid et cela seulement à deux ou trois mètres de vous.
NOTE DE L'AUTEUR : Il est préférable d'éviter l'introduction d'écrevisses dans ce type de bassin. En effet, celles-ci à l'aide de leurs pinces peuvent déchirer la feuille de polyéthylène et forer un abri dans la couche d'argile, entraînant consécutivement des fuites d'eau.