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A propos...

de l'histoire de l'aquariophilie

AQUARAMA n° 6 (1969)
par J. TETON (Dessin : C. Delxonne)


Hormis les élevages de poissons ornementaux quise pratiquaient en Chine dès le début du XVIe siècle, et la première introduction en France de "carpes" parmi lesquelles un certain nombre, colorées, étaient à n'en pas douter des poissons rouges qui parviennent en 1702 à la somptueuse résidence de Marly-le-Roi, il ne fut en outre rapporté qu'en 1750 la Compagnie des indes orientales fit don à la marquise de Pompadour de qulques exemplaires de "Dorades de Chine" (1).

Cependant beaucoup plus tôt un naturaliste Alsacien Léonard BALDNER (1612-1694) commença dès l'âge de 16 ans (1628) des observations in vitro sur la faune aquatique du Rhin et de l'Alsace, observations qu'il termina vers 1687.

Léonard BALDNER pêcheur accompli est préposé au péage aquatique (Wasserzoller) à la Robertsau vers 1645, et ensuite promu vers 1654 Conservateur des Eaux et Forêts (Haagmeister und Holzwart) C'est donc un homme de mérite, en même temps un fonctionnaire de la ville libre, et un personnage important puisque le titre d'assesseur au Grand Conseil, mentionné dans son acte de décès, le prouve suffisamment.

Outre cette notoriété, L. BALDNER est un observateur d'une sagacité étonnante. Notre naturaliste a eu en effet le mérite rare de ne pas croire aux fables dont l'histoire naturelle était encombrée à cette époque. D'ailleurs il ne possède pour toute documentation que le Thierbuch de GESSNER qui était alors l'oracle des naturalistes. Il n'admet que les observations personnelles et ne cite que ce qu'il a vu. L. BALDNER est avant tout exact. Nous constatons qu'il ne cite que très peu GESSNER dont il ne partage pas les observations et les théories.

En 1646, L. BALDNER s'adressa au Strasbourgeois Johann WALTER l'Ancien, peintre animalier fort célèbre en son temps, afin qu'il exécute l'illustration principale de son oeuvre. Cette collaboration furt le début de l'oeubre de BALDNER regroupée en trois parties : la première décrit 65 espèces d'oiseaux, la deuxième 53 "sortes" de poissons et la troisième est consacrée à différents mammifères, invertébrés et insectes. Cette oeuvre a contribué à promouvoir la zoologie, qui à cette époque en était encore à ses balbutiements. En revanche, il est regrettable que quelques circonstances défavorables aient pu laisser dans l'ombre les importants travaux du naturaliste dont le nom serait aujourd'hui universellement connu et très honorablement apprécié. Nous connaissons de lui cinq manuscrits, dont quattre sont calligraphiés avec le plus grand soin, et nous déplorons qu'il n'ai songé à les faire imprimer. Enfin le manuscrit original de L. BALDNER conservé à Strasbourg a péri dans les flammes de 180 lors de l'incendie de la bibliothèque publique. Fort heureusement nous est conservé aujourd'hui le manuscrit le plus richement illustré, celui que commanda en 1666 le Kurfürst de Heidelberg, Karl Ludwig, manuscrit qui est actuellement conservé à la bibliothèque de Kassel.

 

Les travaux de L. BALDNER sont conduits méthodiquement, il ne se contente pas des observations in situ, mais capture des poissons tels que Cobitis fossilis. L, Carassius vulgarus. N, assez localisés, et Carassius gibelio. Bloch, peuplant les étangs d'Alsace et de Lorraine, qu'il place dans de "grands bocaux" dont il a pourvu le fond de sable rouge (grès des Vosges) et de quelques plantes aquatiques locales. Il note dans l'un de ses cinq manuscrits, que ces poissons vivaient "une demie année de plus" en les nourissant de vers de terre et en changeant l'eau assez souvent.

Nous pouvons ainsi affirmer à la lecture de ce document que L. BALDNER a été le précurseur ou tout du moins l'un des précurseurs de l'aquariophilie moderne, puisqu'il emploie une série de technique similaires aux nötres notamment : l'usage d'un récipient (sol, eau, plantes aquatiques), capture et acclimatation des poissons, nourrissage avec des proies vivantes, et changements partiels de l'eau, etc.

L. BALDNER note également qu'il élève des truites (Trutta fario) dans des "réservoirs".

De ce qui précède il résulte que la pratique de l'aquariophilie au sens strict du terme remonte à bien loin en Europe (330 ans environ), et peut être ferons-nous encore des découvertes sur l'antériorité de notre passionnant hobby.

Bibliographie consultée
- L'Histoire naturelle des eaux strasbourgeoises de Léonard BALDNER (1666) suivie de notes zoologiques diverses par Ferd. REIBER, Strasbourg, 1888.