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Filtre à décantation pour terrarium à tortues

par Jean CARLUS (1983)

Si dans la nature, l'eau des ruisseaux est trouble, elle n'en reste pas moins saine. Les tortues qui nagent, mangent, dans cette eau, vivent en fait dans un milieu boueux mais non pollué. Or dans nos bacs où elles "grouillent" en trop grand nombre, elles survivent bien souvent dans un bain de déchets de toute origine, répugnant tant à l'ceil qu'à l'odeur.

Chrysemys scripta elegans. Grâce au filtre à décantation la tortue évolue dans une eau toujours propre. Photo : J. Teton

 

Vous savez, tout comme moi, qu'il n'est pas facile de conserver ces animaux dans de bonnes conditions d'hygiène, et pourtant, ne serait-ce pas là l'une des clefs de la réussite ! Changer l'eau chaque jour n'est pas rentable et les filtres couramment commercialisés sont peu efficaces, car vite encrassés.
Un bon test consiste à tenir en vie des poissons dans ce bac. Dans une eau saturée en nitrates, ils nagent à la surface, respirent fort et vite affaiblis, servent de bons repas. Je réussis maintenant, depuis deux ans, à élever tortues et cichlidés ensemble. Ces derniers, bien que peu à l'aise, restent suffisamment vifs pour ne pas se laisser gober comme des mouches par les " colocataires " toujours affamés. Quant à l'eau dans laquelle vit tout ce petit monde, si elle demeure la plus potable possible, elle reste également claire et inodore. Les débris de toute sorte qui flottent, se dirigent vers le filtre, sans avoir le temps de troubler l'eau.
Je me suis inspiré des techniques aquariophiles que j'applique depuis trois ans à mes aquariums à cichlidés. Elles se décomposent en deux principes. En premier lieu par un changement régulier et constant d'une partie de l'eau puis un filtrage mécanique par cuve à décantation.
CHANGEMENTS D'EAU PAR CIRCUIT OUVERT
En aquariologie l'un des secrets de la bonne tenue des poissons consiste à siphonner de l'eau le plus souvent et le plus régulièrement possible. Afin d'éviter de brusques différences de température ou de qualité chimique de l'eau, qui provoquent le stress chez les poissons, on peut, par un simple tuyau de plastique transparent de 5 mm de diamètre, amener de l'eau neuve à un débit régulier, réglé par robinet à boisseau sphérique. Un goutte à goutte d'à peu près un litre pour trois heures, convient à apporter de façon satisfaisante trente pour cent d'eau neuve par semaine dans un bac de 100 litres. Bien sûr ce trop d'eau amené doit ressortir dans le même rapport et en même temps. Un trop plein opposé à l'entrée du goutte à goutte s'impose. Trois cas se présentent pour la fabrication de cette surverse :
1) l'aquarium n'est pas encore construit. Il vous est facile de faire percer l'une des vitres d'un trou à son niveau supérieur ;

2) l'aquarium est construit mais pas encore en place. Il vous est alors possible de faire tomber l'un des angles supérieurs et d'y substituer par l'intérieur un triangle de dimensions supérieures et préalablement percé ;


3) l'aquarium est déjà en place et vous voudriez bien éviter de le démonter. Le bricolage d'un S en tube PVC électrique ou en verre peut faire office de siphon non désamorçable permettant l'évacuation de l'eau suivant un niveau déterminé.


Dans les deux premiers cas, le raccordement se fait au moyen d'embouts filetés PVC mâle et femelle serrés dans ces trous avec un joint de caoutchouc à l'intérieur du bac.


L'évacuation vers l'égout ne recevant qu'un débit très faible (puisque correspondant au goutte à goutte), peut être construite en tuyau cuivre ou plastique souple de 10 à 15 mm de diamètre.
CUVE A DÉCANTATION

Qu'elle soit incorporée ou juxtaposée au terrarium, son principe en est le même (croquis : bac à tortues, vue de dessus avec filtre incorporé).
Il s'agit d'amener, par siphon (A) ou par entrée libre (B) l'eau sale du bac à tortues dans la partie décantation du filtre ; afin que les plus gros déchets tombent au fond avant de passer au travers de plusieurs grilles à mailles décroissantes. Chacune retiendra les matières en suspension de gabarit de plus en plus fins.
Ces tamis réalisés en bois recouvert de résine polyester, sont tendus de la moustiquaire plastique (C), puis du tulle à mailles plus fines (D), et le dernier de deux tulles (E) l'un contre l'autre diminuant ainsi de moitié la section des orifices. L'eau, ainsi préfiltrée, peut alors être réellement filtrée en se dirigeant soit par la surverse (F), soit par l'entrée (G) vers la seconde partie de décantation (H), avant de traverser la dernière étape de ce labyrinthe : la masse filtrante (I). Celle-ci est réalisée au moyen d'une mousse polyuréthane de 3 cm d'épaisseur. L'eau, cette fois propre, peut être rejetée vers le bac au moyen de la pompe immergée (J).
Ce procédé me permet de garder 500 litres d'eau limpide pendant 15 jours sans aucun travail. Deux fois par mois, il me suffit de sortir chaque tamis, de les rincer au jet d'eau, de les brosser, de changer la mousse et siphonner les déchets du fond, soit à peine une petite heure de labeur pas trop pénible. On peut bien sûr diminuer la fréquence de ces nettoyages en augmentant la surface des grilles.


Suivant l'idée de M. Adam Lucien, il est possible d'appliquer ces systèmes à la construction d'une batterie de reproduction, ou de plusieurs bacs d'isolement consécutifs et, de filtrer par une cuve à décantation commune. Le principe de filtration est le même : l'eau, après décantation passe au travers des 3 tamis, puis par la surverse (A), traverse la mousse filtrante, pour finir (rejetée par la
pompe) dans le bac le plus éloigné (croquis : batterie de reproduction avec filtre à décantation juxtaposé). Les cloisons entre chaque cuve ne touchent pas le fond ; eau sale et déchets glissent ainsi du bac 1 au 2, et du 2 au 3 par les fentes (B) entre le sol et chaque séparation. Il en est ensuite de même pour le passage de 3 vers la décantation.
Le goutte à goutte ne diffère pas quant à son apport en eau neuve, l'alimentation s'effectuant toujours dans la partie la plus propre du système, c'est-à-dire après la dernière masse filtrante.
Seul le trop-plein change. Chaque isoloir 1, 2 et 3 déborde respectivement par les surverses (angles biseautés) C, D et E dans les pondoirs 4, 5 et 6. C'est une manière d'humidifier le substrat de ponte sans le noyer. L'eau s'écoule en effet par les trois surverses et ne remplit ces trois compartiments que jusqu'aux niveaux F, G et H par lequel elle est évacuée en dernier lieu.
L'ensemble de cette réalisation, où les découpes abondent, se conçoit très bien en bois recouvert de résine ; et, afin de mieux profiter du spectacle, seule la face frontale en verre collé permet la visibilité sur les trois bassins et le filtre pour un bon siphonnage.
Perdre un peu de temps pour toutes ces petites astuces de bricolage nous rend la passion bien plus agréable et la vie de nos protégées bien plus douce car se dire terrariophile ne signifie pas " collectionneur " d'animaux...

 

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