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Cahier du débutant
DÉBUTER AVEC... LES PLANTES

par Dominique BIELLMANN - AQUARIUM 32, STRASBOURG. (Revue Aquarama, 1992)
Préambule: Les végétaux chlorophylliens sont les seuls êtres vivants sur la Terre à pouvoir synthétiser de la matière organique à partir de l'eau et du gaz carbonique, et ce grâce à la photosynthèse qui dégage de l'oxygène comme déchet de réaction; ce "résidu" étant à la base de notre vie!


Ils sont autotrophes pour le carbone. Pour mémoire voici le bilan très simplifié de cette réaction: [6CO2 + 6H20 + Energie solaire = C6H1206 (les "sucres") + 602]
ces "sucres" étant les briques élémentaires de construction d'une plante (aboutissant à l'amidon, la cellulose, etc. . .). Ces végétaux sont aussi autotrophes pour l'azote, ils puisent cet élément sous sa forme minérale (inutilisable ainsi par les animaux) dans le sol ou l'eau et le transforment en élément organique assimilable. L'exception chez les végétaux, car il en existe toujours ne serait-ce que pour confirmer la règle générale, concernant cette autotrophie pour l'azote, sont les plantes carnivores qui ont besoin directement d'azote organique pour se développer, incapables qu'elles sont d'incorporer l'azote minéral dans leur développement. Pour conclure ces propos liminaires, les plantes sont à la base du développement de la vie sur notre planète. Dans le monde aquatique elles y jouent un rôle tout aussi important, quoique parfois plus discret (pour exemple dans certaines eaux particulières il n'y a aucune plante immergée apparente, ce qui n'empêche pas le développement de nombreuses espèces piscicoles, dans ce cas précis les relations plantes / poissons ne sont pas immédiatement visibles).
Un aquarium peut être dépourvu de végétation! Il n'y a pas obligation de verdure. Actuellement un bac sans aucune plante est tout-à-fait concevable. Ce ne sont pas les végétaux qui filtrent et purifient l'eau du bac. Ce rôle est dévolu à la technique aquariophile (filtres, pompes, etc. . .) parfaitement au point de nos jours. Ces techniques aquariophiles sont suffisamment complètes pour que l'on puisse tenir une population de poissons en parfaite santé sans que la présence de plantes ne soit plus nécessaire comme autrefois où ce sont elles qui assuraient l'oxygénation des animaux.
Cependant quelques poissons nécessitent la présence de plantes comme support de ponte. A part ces espèces particulières, la majorité d'entre-elles y sont indifférentes pour ce qui concerne leur reproduction. A l'inverse pour certaines il est préférable de se cantonner à un désert exclusivement minéral ou synthétique. C'est le cas des Cichlidés pour des questions de qualité physico-chimique de l'eau incompatible au développement normal de plantes; ou alors le cas d'herbivores exclusifs grands amateurs de verdures fraîches, véritables "Attila" des aquariums. Ces considérations d'ordre technique, esthétique, biologique ou autre peuvent donc conduire à ne pas vouloir de plantes dans son bac. Mais pour les actuels et futurs doigts verts de l'aquarium voici quelques indications se rapportant au monde végétal.
Dans le milieu naturel, on ne trouve pratiquement pas d'endroit où différentes espèces végétales, agréablement assorties entre elles, poussent dans le même lieu. En fait c'est l'inverse de ce que l'on voit dans nos bacs. Dans la nature le plus souvent les plantes occupent un secteur donné, de dimension variable, de façon monospécifique. La croissance d'une espèce se faisant souvent au détriment d'une autre. Même entre végétaux la compétition existe avec ses subtiles relations de dominance et d'équilibres sans cesse remis en cause!

Les Cératophylles sont des plantes aquatiques vraies
Photos: R. ALLGAYER.


La majorité des plantes qui ornent nos aquariums ont pour origine les régions tropicales, c'est-à-dire celles situées entre les 35ème parallèles nord et sud. Ces plantes voient leur extension limitée vers les zones tempérées, plus vers le nord ou le sud, par des températures trop fraîches qui deviennent un facteur limitant (Voir ce terme dans l'encadré) à leur développement. A l'inverse, il n'en reste pas moins que des plantes de milieux tempérés peuvent être acclimatées, avec plus ou moins de réussite, dans un aquarium à eau chaude. Toutefois des plantes véritablement d'eau froide auront tendance à pourrir rapidement (à l'exemple des élodées que l'on ne peut pratiquement pas tenir dans un bac chauffé).

Facteur limitant ou Loi du minimum:
En prenant l'exemple des macroparamètres déterminant la culture des plantes, à savoir la température, la lumière, le gaz carbonique et les oligo-éléments, on comprendra la Loi du minimum.Supposons que chacun des ces paramètres soit une planche d'un baquet en bois, dans notre cas il y a donc quatre planches. Quelle que soit la taille des trois autres, le niveau d'eau dans le baquet ne dépassera jamais celui de la planche la plus basse. C'est le paramètre représenté par cette planche qui est le facteur limitant pour cet exemple. Et rien ne servira d'augmenter, ou de faire varier les trois autres, ce ne sera que gaspillage et perte d'énergie. La seule opération valable est de rectifier le paramètre limitant et de le réajuster à son niveau optimal correspondant aux trois autres.


Toutes les plantes présentées comme aquatiques ne le sont que partiellement. En effet de nombreuses espèces couramment commercialisées pour l'aquarium, ne sont immergées qu'une partie de leur cycle biologique. En fait dans l'aquarium, elles sont forcées; leur cycle est volontairement limité à sa phase aquatique immergée, et pour cause, c'est celle qui nous intéresse! La phase aérienne est supprimée dans la mesure où, le niveau de l'eau ne variant pas, il y a peu de chance pour que la plante engage un développement aérien. De plus en cas d'apparition de hampes florales émergées par exemple, qui se développent à partir des réserves accumulées par le système végétatif, il est courant de les couper afin de ne pas épuiser la partie végétative subaquatique.
On distingue trois types de plantes: le premier regroupe les espèces flottantes sans liaison avec le substrat. Le deuxième réunit les plantes aquatiques stricto sensu, elles sont peu nombreuses. Alors que
le dernier type est majoritaire, il est formé de toutes les espèces "aquatiques" lato sensu. Ce sont toutes celles qui sont émergées une partie de leur cycle. Elles sont aussi appelées plantes amphibies ou plantes palustres
Les plantes ne se développent pas dans toutes les eaux que les fleuves, rivières ou autres torrents de notre planète peuvent charrier. Il est des compositions physico-chimiques de l'élément liquide qui ne conviennent pas ou peu aux végétaux. Par exemple, les eaux très douces et acides, riches en acides humiques (aussi appelées "eaux noires") de l'Amérique du Sud, n'autorisent la croissance que de quelques espèces, en nombre très restreint. A l'opposé de l'échelle physico-chimique, une eau fortement minéralisée et à pH très élevé (donc très basique) ne convient pas davantage aux végétaux. Tout est une question d'équilibre! Ainsi toujours en Amérique du Sud ce sont les "eaux blanches" qui offrent les meilleures conditions pour le développement des plantes aquatiques, le pH ici est quasi neutre et la minéralisation est faible.
Il est un paramètre fondamental au maintien des plantes quoique souvent méconnu: à savoir le gaz carbonique ou CO2. Pour mémoire il s'agit d'un gaz incolore, inodore, résultant de la respiration de tout être vivant. En règle générale, c'est ce composant qui est le principal facteur limitant à la croissance optimale des plantes dans nos aquariums classiques. Leur développement résulte, entre-autre, de l'utilisation du CO2 lors de la photosynthèse. Mais la bonne élimination des déchets produits par les poissons passe nécessairement par une filtration efficace. Car bien souvent celle-ci s'oppose au maintien du taux de CO2 dissout dans l'eau à son maximum possible. C'est le brassage de l'eau qui "dégaze" le dioxyde de carbone vers l'air. L'emploi de diffuseurs augmente encore la perte du gaz carbonique vers l'air, d'autant que ces accessoires sont le plus souvent inutiles, sauf cas particuliers ou urgence lors de grandes chaleurs par exemple. De toute façon ils n'oxygènent pas l'eau ou très peu, ils ne font que la brasser et de bonnes pompes de filtration remplissent déjà cette fonction!

Distribution de CO, à partir du matériel commercialisé Distribution de CO, sous controle d'un pH-mètre. Aquarium de Berlin


L'apparition de traces de "calcaire" (en fait de carbonate de calcium) sur les vitres du bac, ou sur les feuilles des plantes est le premier signe d'un déficit en gaz carbonique. Ces dépôts sont dus à la dégradation du bicarbonate de calcium soluble en carbonate de calcium insoluble suite au manque de gaz carbonique, la réaction suivante se lit de gauche à droite dans ce cas: [Ca(H03)2 H CaCo3 + H2CO3 ; avec CO2 + H20 <---> H2CO3 qui est l'acide carbonique]. Si le CO2 est à nouveau suffisant, la réaction s'inverse est se lit de droite à gauche.
L'apport de gaz carbonique est une excellente initiative pour qui veut avoir un superbe jardin aquatique. D'autant que dans ce cas l'excès ne peut guère nuire dans la mesure où, dans les conditions habituelles, le fait d'atteindre la saturation est quasi impossible et si tel était le cas cela ne devrait pas poser de problème.
Comment ajouter ce gaz à l'eau de votre bac?

Production artisanale de gaz carbonique:
La recette est la suivante: Dans un flacon adapté, on mélange dans un litre d'eau, cent grammes de sucre cristallisé et vingt grammes de levure de bière (levure de boulanger, c'est-à-dire Saccharomyces cerevisiae).
La fermentation produit du CO2 en faible quantité. Ce système convient donc plutôt aux petits bacs.
En outre la production issue de cette fermentation est un mélange de gaz, qui sans être dangeureux pour les animaux, peut éventuellement laisser un film gras à la surface de l'eau.


Plusieurs possibilités s'offrent à vous. Que ce soit par production personnelle (fermentation anaérobie de levure de bière en solution dans de l'eau sucrée, réaction chimique d'acide chlorhydrique sur de la craie) ou utilisation de cartouches (de petite capacité mais facilité d'usage), de bouteilles industrielles (grande capacité mais hautes contraintes liées à la sécurité d'emploi), le CO2 ainsi obtenu, plus ou moins pur selon son origine, est amené sous faible pression (2/100ème à 2/ 10ème de bar) jusqu'à l'eau du bac. Le commerce aquariophile propose de nombreux systèmes de production et de diffusion du gaz carbonique. Les diffuseurs sont très variables, du plus simple au plus complexe, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses, les plus sophistiqués d'entre eux proposant même les contrôles automatiques du débit, du pH, etc. . .! Le plus simple de tous, me semble-t-il, est très efficace et a surtout l'avantage de ne pas poser le moindre problème technique. Il s'agit d'une cloche à CO2 mise au point par un aquariophile des AMIS DE L'AQUARIUM 1932 - Strasbourg (Philippe ISSEMAN). Son fonctionnement est on ne peut plus simple: le gaz carbonique est apporté jusqu'à la cloche installée juste sous la surface de l'eau du bac (Voir schéma annexe) par le biais d'une durite flexible, habituellement employée pour la diffusion de l'air dans le bac. Le dispositif doit toujours être maintenu rempli en gaz, c'est la demande en CO2 des plantes, en fonction des autres paramètres physico-chimiques de l'eau (pH, température, dureté, etc. . .), qui fera diminuer son niveau et donc qui déterminera sa consommation. Le gaz est ainsi toujours disponible pour les plantes en quantité suffisante. Il reste alors à surveiller les valeurs du pH de l'eau, principal témoin des variations du taux de CO2 en solution. La surface de la cloche, qui équivaut à la surface de contact gaz carbonique/eau, sera proportionnelle au volume de l'aquarium.
Le pH. il est directement lié aux fluctuations du taux de CO2 de l'eau avec la relation CO2 + H20 <---> H2CO3 dont la présence tend à acidifier l'eau, c'est-à-dire à diminuer le pH. Rappel: le pH 7 est neutre, au-dessus il est basique ou alcalin (valeur maximale 14), en dessous il est acide (valeur minimale 0). Mais l'acidification de l'eau est limitée par le pouvoir tampon du bicarbonate de calcium. Normalement c'est un équilibre subtil qui s'installe avec ses variations qui suivent le nycthémère: le pH augmente le jour (il y a photosynthèse produisant de l'oxygène) et diminue la nuit (les plantes en l'absence de lumière respirent et leur CO2 produit s'ajoute à celui dégagé par la respiration des animaux).
La dureté de l'eau intervient ici. Si l'eau est riche en éléments minéraux dissous, donc dure, l'effet tampon n'en sera que plus important et les variations importantes de pH dangereuses pour les êtres vivants seront fortement limitées.
Il faut avoir à l'esprit que ce ne sont pas tant les conditions extrêmes de vie qui sont néfastes pour un poisson, mais plutôt les variations qui y mèneraient trop rapidement.
La température: La plupart des plantes, comme les autres êtres vivants, ne peuvent pas vivre à une température quelconque. Généralement si elle est trop basse la croissance s'arrête, et si le milieu est trop chaud la plante se dégrade jusqu'à sa disparition. En pratique la fourchette couramment admise des températures s'étend de 22 ° à 28 °C environ. Une diminution de la température équivaut à mettre les plantes au repos, leur activité photosynthétique se ralentit avec l'abaissement thermique.
Les oligo-éléments: Ils désignent toutes les substances nécessaires, à l'état de traces, à la bonne croissance des plantes. Que l'une seulement d'entre elles soit déficitaire et la croissance sera ralentie voire stoppée (cette notion est fondamentale, c'est la Loi du minimum).
Pour être assimilables ces oligo-éléments doivent se présenter sous une forme précise. En effet les plantes aquatiques les puisent directement dans l'eau par des structures particulières, nommées hydropodes, situées essentiellement sur les feuilles. A L'inverse des végétaux terrestres qui assurent cette fonction de prélèvement par leurs racines dans le sol. Ces éléments doivent nécessairement se trouver en solution dans l'eau de l'aquarium et sous forme ionisée pour être assimilables! Et là tout se complique un peu, car il y a ion et ion ... Pour un même corps une structure sera bonne, l'autre sera inadaptée sinon toxique.
Cas du fer, élément vital à l'assimilation chlorophyllienne: il peut être ferrique (Fe3+) ou ferreux (Fe2+) et seul ce dernier convient ! Mais le fer ferreux est peu soluble, il lui faut une "bouée" pour le maintenir à disposition des plantes. Ce flotteur sont les chélates ou chélateurs (Prononcez "Kélate", ce mot vient du mot grec khêlê = pince). Ces chélates sont des molécules organiques complexes, dont une propriété est de se lier spécifiquement avec des ions métalliques (de fer, magnésium, manganèse, .. .) ou certaines protéines. Leur inconvénient est d'être fragile et de se dégrader rapidement, un apport régulier de chélates est devenu courant pour le maintien de belles plantes.

En effet en l'absence de fer disponible, les feuilles jaunissent. Pour lutter contre ce phénomène de chlorose il est devenu commun d'utiliser en aquariophilie un ché!ateur de synthèse, l'EDTA (à employer exclusivement sous sa forme disodique, ce point est à vérifier lors de l'achat).
La chlorose. Photos R. ALLGAYER


Enfin un dernier paramètre et non le moindre: la lumière. C'est un lieu commun que de lier le développement des plantes à la présence de la lumière. Preuve supplémentaire s'il en faut: l'absence de toute végétation au niveau du sol ou dans l'eau que l'on observe dans une forêt tropicale humide et dense. En effet la canopée, culminant à quelques dizaines de mètres au-dessus du sol, forme un parasol (au sens propre du terme) tellement efficace que moins de un pour cent de la lumière solaire incidente arrive encore à terre; c'est très nettement insuffisant pour le développement d'une strate végétale inférieure. Le contre-exemple est qu'au moindre apport de lumière, même ponctuel (clairière, trouée, chablis, etc . . .) c'est immédiatement une explosion de croissance des nombreuses pousses ou graines qui étaient en attente dans le sol et demeuraient jusque là minuscules.
Quantité de lumière: Dans leur milieu naturel, et ce quelle que soit la saison, les plantes subissent une durée d'éclairement journalière relativement fixe d'environ une douzaine d'heures par cycle. Dans ces conditions naturelles, l'éclairement d'une surface d'eau à midi et sous ciel légèrement couvert (donc luminosité uniforme) atteint les 20 000 lux. Sous l'eau à une profondeur d'une quarantaine de centimètres il ne reste que quelques centaines de lux dans les secteurs ombragés. Les pertes de lumière sont, on le voit, très importantes. L'eau en absorbe une grande partie. Cette absorption est fonction de la profondeur et de plus elle est d'autant plus importante que l'eau contient plus de particules en suspension représentant autant d'obstacles supplémentaires à la diffusion des rayons lumineux. On comprendra alors sans peine l'intérêt d'une bonne filtration ainsi que des changements d'eau réguliers qui clarifieront l'eau.
En aquariophilie la quantité de lumière requise est d'environ douze à quatorze heures par jour, selon que les plantes sont d'origine tropicale ou tempérée. A raison de un watt pour deux litres d'eau en moyenne, en général il y a rarement trop de lumière. Cette relation reste valable pour des bacs n'excédant pas cinquante centimètres de profondeur. Au-delà le nombre de tubes lumineux classiques (tubes fluorescents) nécessaire devient pléthorique. Il faut alors opter pour un système d'éclairage reposant sur des lampes fluorescentes à haute pression ayant une densité lumineuse six fois supérieure.
Si des algues indésirables apparaissent une diminution de l'éclairement de quelques heures, et ce durant quelques jours, devrait les faire disparaître. Il faut prévoir éventuellement un changement d'eau pour éliminer les résidus d'algues mortes qui pourraient altérer la qualité de l'eau en se dégradant.

Ensoleillement maximal à midi +/- 100 000 lux. Forte production d'oxygène et développement d'algues sur les Cératophylles. Dépots d'Hydrogénocarbonates. Eau cristalline. (Media Luna, Mexique)


Qualité de la lumière: La température du soleil est de 5500 ° K. (lire 5500 ° Kelvin, où zéro kelvin, est le zéro absolu soit, environ, 0 ° K. = - 273,15 ° Celsius ou centrigrade). Cette température solaire n'est atteinte par aucune lampe commercialisée, on ne peut que l'approcher par défaut. Cet état de fait explique que, quelle que soit l'ampoule employée, son spectre ne reproduira que partiellement celui de la lumière solaire. Or, la composition spectrale est déterminante pour une bonne croissance des plantes. En effet le pigment chlorophyllien responsable de la photosynthèse est sensible à certaines longueurs d'ondes (dans le bleu vers 430 nm et le rouge vers 650 nm) et pas à d'autres. La lumière blanche couvre l'arc-en-ciel qui est visible en la séparant à travers un prisme, son spectre va du violet (depuis 380 nm) en passant par l'indigo, le bleu, le vert, le jaune et l'orange, jusqu'au rouge (750 mn). Avec 1 nanomètre = 1 nm 1/1000 de Rrn = 1/1 000 000 mm, on emploie encore l'angstrôm valant 1 A = 1/ 10 000 de µm.
Les tubes fluorescents "horticoles" (type Grolux de Sylvania, ou Fluora de Osram) sont calibrés pour activer la photosynthèse mais ils sont defficients dans les autres valeurs du spectre. En fait ce type de tubes a été conçu à l'origine pour activer la germination des graines. Leur emploi en aquariophilie est envisageable mais en association avec des tubes compensant le reste du spectre (dans le jaune surtout) et donc avec des tubes de type "blanc industrie".
L'emploi des lampes halogènes, maintenant très classiques et que l'on trouve dans tous les intérieurs (300 ou 500 watts sous 220 V), est possible s'il est complété par des tubes actiniques ne rayonnant que dans le bleu tels que les TL03 de Philips qui rééquilibreront l'excès de jaune des ampoules halogènes (pour exemple Cf. photo p.59 dans le numéro 122 de AQUARAMA).


Une lumière dont le spectre est déséquilibré perturbe la croissance des plantes. Ainsi un excédent en rayonnement bleu et violet active préférentiellement la croissance des feuilles et des tiges. Les tubes lumineux ont une durée de vie variable selon les modèles, il faut les changer à temps car passée une certaine limite leur efficacité diminue fortement et leur spectre s'altère. Lors de leur remplacement dans un coffre d'éclairage, il faut opérer successivement et ne pas tout renouveler en une seule fois. Les plantes ne supporteraient pas la brusque modification de la qualité et de la quantité de lumière.
Le substrat: Sa présence est absolument indifférente aux poissons. Les reproductions sont même parfois facilitées par l'absence de matériaux au fond du bac. Par contre le substrat est nécessaire aux plantes. Différents éléments sont disponibles: quartzite et sable, qui se colmatent avec le temps, gravier à grains ronds, très économique, mais la pouzzolane rouge sombre et poreuse dans laquelle pénètrent les plus fines racines des végétaux pour s'y ancrer est sans doute l'un des meilleurs substrats.
Les escargots: Ces mollusques gastéropodes sont les agents d'entretien du substrat des plantes. Cependant il y a escargot et escargot. Certains sont végétariens, ils sont donc à proscrire impérativement, ce serait faire entrer le loup dans la bergerie! En fait il y en a un tout-à-fait recommandable: Melanoides tubercularia. Il appartient à la famille des Limnées, il est visible la nuit hors du sol dans lequel il passe toute la journée enfoui à le remuer, l'aérer, le valoriser. S'il devait se mettre à pulluler, le seul moyen efficace et sans danger de limiter sa populations est de le piéger. Pour ce faire on placera quelques morceaux de viande maigre, le soir, au fond du bac juste à l'extinction de la lumière. Une à deux heures plus tard on récupère la viande sur laquelle grouille une masse d'escargots à supprimer. A répéter tant que de besoin, sans risque pour aucun poisson.
Dans tous les cas, qu'elles soient sauvages ou cultivées, les plantes subissent de nombreuses manipulations avant de se retrouver dans nos aquariums. Leur commercialisation peut réserver quelques surprises. La difficulté, pour l'acheteur que nous sommes, est de reconnaître une plante en bon état, d'une autre en sursis. L'exemplaire peut, par exemple sortir directement d'une serre de culture. Or la multiplication de certaines espèces se fait en phase émergée. Et si la plante n'a pas été acclimatée, avant sa mise en vente, à sa future condition immergée, elle risque fort de ne pas y survivre longtemps une fois installée dans le bac.
Voici les points qu'il conviendra de vérifier lors de son acquisition:
- le spécimen ne doit pas présenter de hampe florale;
- la couleur générale sera verte sans taches anormales sur le feuillage, sauf plante particulière normalement rouge ou jaune;
- les différentes extrémités des feuilles rubanés devront être intactes;
- les bulbes sans feuillage sont la garantie d'une plante au repos, dont la reprise de croissance se fera dans les meilleures conditions; sous la pression des doigts le bulbe ne doit pas dégager de gaz, signe d'un état de décomposition de cet organe de réserve.

La qualité des plantes chez le détaillant sera déterminante pour la suite de la maintenance. Photos R. ALLGAYER


La plantation soulève plusieurs questions: conservation des racines, des feuilles, mode de plantation, etc... ?
A ce stade, il faut avoir à l'esprit que physiologiquement une plante immergée ne se comporte pas comme une plante émergée. A savoir, chez un végétal aérien (donc émergé) ce sont les racines qui assurent l'alimentation de l'organisme en puisant les éléments nécessaires dans le sol, bien entendu elles fixent aussi la plante dans son substrat. Les feuilles quant-à-elles sont quasi imperméables, sauf aux gaz résultants de la photosynthèse ou de la respiration et à certaines molécules. Les échanges avec l'atmosphère environnant se font par les stomates dont l'ouverture varie dans le temps. Les racines d'une plante aquatique, c'est-à-dire immergée, ne servent que d'ancrage dans le sol, elles n'ont pas de rôle nourricier. Tous les échanges plantes / milieu ambiant se font par les feuilles. De fait, il ne sert à rien de conserver, lors de la plantation, toutes les racines d'une plante cultivée émergée, étant donné qu'elles vont pourrir une fois noyées. Il ne faut maintenir que les premiers centimètres, ceux qui ne portent pas les fines radicelles qui captaient les éléments nutritifs du sol. Si la plante était déjà immergée, alors les racines peuvent être laissées en l'état.
Les plantes à tige, du type Cabomba, doivent être dégagées de toutes racines pour permettre la meilleure reprise possible de la bouture dont chaque noeud produira rapidement les racines nécessaires. Cette opération est à renouveler chaque fois que l'on déterre une tige pour la replanter ailleurs. Pour les rhizomes il convient de laisser les quelques centimètres suffisants à leur fixation dans le substrat.
Les feuilles en excès nuisent à une bonne reprise de croissance. Une demie-douzaine sont généralement suiffisantes. Trop de feuilles empêche le développement optimal des racines. Rappelons que les bulbes doivent être nus. L'agencement des diverses espèces végétales sera enfin guidé par leurs couleurs, leurs formes, leurs ports, etc ...

Aquarium avec plantes aquatiques au sens large

Pour en savoir plus:
AQUARAMA:
BIELLMANN, D.: Débuter avec... l'eau. 90 (111) 55. Débuter avec... la réalisation d'un décor personnel. 91 (122)
LAVIGNE, R.: A propos de l'eau: Histoire d'O. 89 (110) 41. L'adaptation des eaux. 90 (112). De la mesure en toutes choses. 90 (114) 49..A propos de la lumière: Réflexions. 90 (115) 36
MAIGRET, J.: L'éclairage des aquariums. Essai de synthèse, dans les numéros 108 et 110 de 1989
PAFFRATH, K.: Une belle végétation pour votre aquarium. 89 (105) 37. Des plantes pour un aquarium régional sud-est asiatique. 88 (104) 35. Des plantes pour un aquarium régional Amérique du Nord. 89 (107) 34. Des plantes pour un aquarium régional Amérique du Sud. 90 (112) 34
RATAJ, K.: Description de genres et d'espèces dans les n° 93 et 99
TETON, J.: Description de genres et d'espèces dans les n° 93-94-95-96-98-100-101-102
WISCHNATH, L.: Quelques plantes flottantes pour nos aquariums. Aimées ou détestées? Pour ou contre? 92 (123) 27. Description de genres et d'espèces dans les n° 97-110-114-115-116
LIVRES:
ALLGAYER, R.: Plantes et décors d'aquarium. (Photographies de J. TETON) Bordas, 1986: pp. 158
JURDANT, J. M.: Les jardins aquatiques Un rêve, un défi, une découverte! Vander, BRUXELLES, 1987: pp. 319
MASSON, C. (sous la direction de -): Poissons et aquariums. Larousse, Paris, 1984: pp. 318
RATAJ, K. & HOREMAN, J.: Les plantes d'aquarium. Identification - Culture - Écologie. T. F. H., 1978: pp. 448
TERVER, D.: Manuel d'aquariologie 1. L'aquarium. Eau douce / Eau de mer. Réalisations Editoriales Pédagogiques, Paris 1986: pp. 303
TERVER, D.: Manuel d'aquariologie 2. Les plantes. Eau douce / Eau de mer. 1ère partie: généralités. Réalisations Editoriales Pédagogiques, Paris 1983: pp. 384

Aquarium avec plantes aquatiques au sens strict. Photos K. Paffrath


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