Cahier du
débutant
DÉBUTER AVEC... LES PLANTES
par Dominique BIELLMANN - AQUARIUM 32, STRASBOURG. (Revue Aquarama,
1992)
Préambule: Les végétaux chlorophylliens sont
les seuls êtres vivants sur la Terre à pouvoir synthétiser
de la matière organique à partir de l'eau et du gaz carbonique,
et ce grâce à la photosynthèse qui dégage de
l'oxygène comme déchet de réaction; ce "résidu"
étant à la base de notre vie!
Ils sont autotrophes pour le carbone. Pour mémoire voici le bilan
très simplifié de cette réaction: [6CO2
+ 6H20 + Energie solaire = C6H1206
(les "sucres") + 602]
ces "sucres" étant les briques élémentaires
de construction d'une plante (aboutissant à l'amidon, la cellulose,
etc. . .). Ces végétaux sont aussi autotrophes pour l'azote,
ils puisent cet élément sous sa forme minérale (inutilisable
ainsi par les animaux) dans le sol ou l'eau et le transforment en élément
organique assimilable. L'exception chez les végétaux, car
il en existe toujours ne serait-ce que pour confirmer la règle
générale, concernant cette autotrophie pour l'azote, sont
les plantes carnivores qui ont besoin directement d'azote organique pour
se développer, incapables qu'elles sont d'incorporer l'azote minéral
dans leur développement. Pour conclure ces propos liminaires, les
plantes sont à la base du développement de la vie sur notre
planète. Dans le monde aquatique elles y jouent un rôle tout
aussi important, quoique parfois plus discret (pour exemple dans certaines
eaux particulières il n'y a aucune plante immergée apparente,
ce qui n'empêche pas le développement de nombreuses espèces
piscicoles, dans ce cas précis les relations plantes / poissons
ne sont pas immédiatement visibles).
Un aquarium peut être dépourvu de végétation!
Il n'y a pas obligation de verdure. Actuellement un bac sans aucune plante
est tout-à-fait concevable. Ce ne sont pas les végétaux
qui filtrent et purifient l'eau du bac. Ce rôle est dévolu
à la technique aquariophile (filtres, pompes, etc. . .) parfaitement
au point de nos jours. Ces techniques aquariophiles sont suffisamment
complètes pour que l'on puisse tenir une population de poissons
en parfaite santé sans que la présence de plantes ne soit
plus nécessaire comme autrefois où ce sont elles qui assuraient
l'oxygénation des animaux.
Cependant quelques poissons nécessitent la présence de plantes
comme support de ponte. A part ces espèces particulières,
la majorité d'entre-elles y sont indifférentes pour ce qui
concerne leur reproduction. A l'inverse pour certaines il est préférable
de se cantonner à un désert exclusivement minéral
ou synthétique. C'est le cas des Cichlidés pour des questions
de qualité physico-chimique de l'eau incompatible au développement
normal de plantes; ou alors le cas d'herbivores exclusifs grands amateurs
de verdures fraîches, véritables "Attila" des aquariums.
Ces considérations d'ordre technique, esthétique, biologique
ou autre peuvent donc conduire à ne pas vouloir de plantes dans
son bac. Mais pour les actuels et futurs doigts verts de l'aquarium voici
quelques indications se rapportant au monde végétal.
Dans le milieu naturel, on ne trouve pratiquement pas d'endroit où
différentes espèces végétales, agréablement
assorties entre elles, poussent dans le même lieu. En fait c'est
l'inverse de ce que l'on voit dans nos bacs. Dans la nature le plus souvent
les plantes occupent un secteur donné, de dimension variable, de
façon monospécifique. La croissance d'une espèce
se faisant souvent au détriment d'une autre. Même entre végétaux
la compétition existe avec ses subtiles relations de dominance
et d'équilibres sans cesse remis en cause!
Les
Cératophylles sont des plantes aquatiques vraies Photos: R. ALLGAYER. |
|
La majorité des plantes qui ornent nos aquariums ont pour origine
les régions tropicales, c'est-à-dire celles situées
entre les 35ème parallèles nord et sud. Ces plantes voient
leur extension limitée vers les zones tempérées,
plus vers le nord ou le sud, par des températures trop fraîches
qui deviennent un facteur limitant (Voir ce terme dans l'encadré)
à leur développement. A l'inverse, il n'en reste pas moins
que des plantes de milieux tempérés peuvent être acclimatées,
avec plus ou moins de réussite, dans un aquarium à eau chaude.
Toutefois des plantes véritablement d'eau froide auront tendance
à pourrir rapidement (à l'exemple des élodées
que l'on ne peut pratiquement pas tenir dans un bac chauffé).
Facteur limitant
ou Loi du minimum: En prenant l'exemple des macroparamètres déterminant la culture des plantes, à savoir la température, la lumière, le gaz carbonique et les oligo-éléments, on comprendra la Loi du minimum.Supposons que chacun des ces paramètres soit une planche d'un baquet en bois, dans notre cas il y a donc quatre planches. Quelle que soit la taille des trois autres, le niveau d'eau dans le baquet ne dépassera jamais celui de la planche la plus basse. C'est le paramètre représenté par cette planche qui est le facteur limitant pour cet exemple. Et rien ne servira d'augmenter, ou de faire varier les trois autres, ce ne sera que gaspillage et perte d'énergie. La seule opération valable est de rectifier le paramètre limitant et de le réajuster à son niveau optimal correspondant aux trois autres. |
Toutes les plantes présentées comme aquatiques ne le sont
que partiellement. En effet de nombreuses espèces couramment commercialisées
pour l'aquarium, ne sont immergées qu'une partie de leur cycle
biologique. En fait dans l'aquarium, elles sont forcées; leur cycle
est volontairement limité à sa phase aquatique immergée,
et pour cause, c'est celle qui nous intéresse! La phase aérienne
est supprimée dans la mesure où, le niveau de l'eau ne variant
pas, il y a peu de chance pour que la plante engage un développement
aérien. De plus en cas d'apparition de hampes florales émergées
par exemple, qui se développent à partir des réserves
accumulées par le système végétatif, il est
courant de les couper afin de ne pas épuiser la partie végétative
subaquatique.
On distingue trois types de plantes: le premier regroupe les espèces
flottantes sans liaison avec le substrat. Le deuxième réunit
les plantes aquatiques stricto sensu, elles sont peu nombreuses.
Alors que
le dernier type est majoritaire, il est formé de toutes les espèces
"aquatiques" lato sensu. Ce sont toutes celles qui sont émergées
une partie de leur cycle. Elles sont aussi appelées plantes amphibies
ou plantes palustres
Les plantes ne se développent pas dans toutes les eaux que les
fleuves, rivières ou autres torrents de notre planète peuvent
charrier. Il est des compositions physico-chimiques de l'élément
liquide qui ne conviennent pas ou peu aux végétaux. Par
exemple, les eaux très douces et acides, riches en acides humiques
(aussi appelées "eaux noires") de l'Amérique du
Sud, n'autorisent la croissance que de quelques espèces, en nombre
très restreint. A l'opposé de l'échelle physico-chimique,
une eau fortement minéralisée et à pH très
élevé (donc très basique) ne convient pas davantage
aux végétaux. Tout est une question d'équilibre!
Ainsi toujours en Amérique du Sud ce sont les "eaux blanches"
qui offrent les meilleures conditions pour le développement des
plantes aquatiques, le pH ici est quasi neutre et la minéralisation
est faible.
Il est un paramètre fondamental au maintien des plantes quoique
souvent méconnu: à savoir le gaz carbonique ou CO2.
Pour mémoire il s'agit d'un gaz incolore, inodore, résultant
de la respiration de tout être vivant. En règle générale,
c'est ce composant qui est le principal facteur limitant à la croissance
optimale des plantes dans nos aquariums classiques. Leur développement
résulte, entre-autre, de l'utilisation du CO2 lors de
la photosynthèse. Mais la bonne élimination des déchets
produits par les poissons passe nécessairement par une filtration
efficace. Car bien souvent celle-ci s'oppose au maintien du taux de CO2
dissout dans l'eau à son maximum possible. C'est le brassage de
l'eau qui "dégaze" le dioxyde de carbone vers l'air.
L'emploi de diffuseurs augmente encore la perte du gaz carbonique vers
l'air, d'autant que ces accessoires sont le plus souvent inutiles, sauf
cas particuliers ou urgence lors de grandes chaleurs par exemple. De toute
façon ils n'oxygènent pas l'eau ou très peu, ils
ne font que la brasser et de bonnes pompes de filtration remplissent déjà
cette fonction!
Distribution de CO, à partir du matériel commercialisé | Distribution de CO, sous controle d'un pH-mètre. Aquarium de Berlin |
L'apparition de traces de "calcaire" (en fait de carbonate de
calcium) sur les vitres du bac, ou sur les feuilles des plantes est le
premier signe d'un déficit en gaz carbonique. Ces dépôts
sont dus à la dégradation du bicarbonate de calcium soluble
en carbonate de calcium insoluble suite au manque de gaz carbonique, la
réaction suivante se lit de gauche à droite dans ce cas:
[Ca(H03)2 H CaCo3 + H2CO3
; avec CO2 + H20 <---> H2CO3
qui est l'acide carbonique]. Si le CO2 est à nouveau
suffisant, la réaction s'inverse est se lit de droite à
gauche.
L'apport de gaz carbonique est une excellente initiative pour qui veut
avoir un superbe jardin aquatique. D'autant que dans ce cas l'excès
ne peut guère nuire dans la mesure où, dans les conditions
habituelles, le fait d'atteindre la saturation est quasi impossible et
si tel était le cas cela ne devrait pas poser de problème.
Comment ajouter ce gaz à l'eau de votre bac?
Production
artisanale de gaz carbonique: La recette est la suivante: Dans un flacon adapté, on mélange dans un litre d'eau, cent grammes de sucre cristallisé et vingt grammes de levure de bière (levure de boulanger, c'est-à-dire Saccharomyces cerevisiae). La fermentation produit du CO2 en faible quantité. Ce système convient donc plutôt aux petits bacs. En outre la production issue de cette fermentation est un mélange de gaz, qui sans être dangeureux pour les animaux, peut éventuellement laisser un film gras à la surface de l'eau. |
Plusieurs possibilités s'offrent à vous. Que ce soit par
production personnelle (fermentation anaérobie de levure de bière
en solution dans de l'eau sucrée, réaction chimique d'acide
chlorhydrique sur de la craie) ou utilisation de cartouches (de petite
capacité mais facilité d'usage), de bouteilles industrielles
(grande capacité mais hautes contraintes liées à
la sécurité d'emploi), le CO2 ainsi obtenu, plus
ou moins pur selon son origine, est amené sous faible pression
(2/100ème à 2/ 10ème de bar) jusqu'à l'eau
du bac. Le commerce aquariophile propose de nombreux systèmes de
production et de diffusion du gaz carbonique. Les diffuseurs sont très
variables, du plus simple au plus complexe, il y en a pour tous les goûts
et toutes les bourses, les plus sophistiqués d'entre eux proposant
même les contrôles automatiques du débit, du pH, etc.
. .! Le plus simple de tous, me semble-t-il, est très efficace
et a surtout l'avantage de ne pas poser le moindre problème technique.
Il s'agit d'une cloche à CO2 mise au point par un aquariophile
des AMIS DE L'AQUARIUM 1932 - Strasbourg (Philippe ISSEMAN). Son fonctionnement
est on ne peut plus simple: le gaz carbonique est apporté jusqu'à
la cloche installée juste sous la surface de l'eau du bac (Voir
schéma annexe) par le biais d'une durite flexible, habituellement
employée pour la diffusion de l'air dans le bac. Le dispositif
doit toujours être maintenu rempli en gaz, c'est la demande en CO2
des plantes, en fonction des autres paramètres physico-chimiques
de l'eau (pH, température, dureté, etc. . .), qui fera diminuer
son niveau et donc qui déterminera sa consommation. Le gaz est
ainsi toujours disponible pour les plantes en quantité suffisante.
Il reste alors à surveiller les valeurs du pH de l'eau, principal
témoin des variations du taux de CO2 en solution. La
surface de la cloche, qui équivaut à la surface de contact
gaz carbonique/eau, sera proportionnelle au volume de l'aquarium.
Le pH. il est directement lié aux fluctuations du taux de CO2
de l'eau avec la relation CO2 + H20 <--->
H2CO3 dont la présence tend à acidifier
l'eau, c'est-à-dire à diminuer le pH. Rappel: le pH 7 est
neutre, au-dessus il est basique ou alcalin (valeur maximale 14), en dessous
il est acide (valeur minimale 0). Mais l'acidification de l'eau est limitée
par le pouvoir tampon du bicarbonate de calcium. Normalement c'est un
équilibre subtil qui s'installe avec ses variations qui suivent
le nycthémère: le pH augmente le jour (il y a photosynthèse
produisant de l'oxygène) et diminue la nuit (les plantes en l'absence
de lumière respirent et leur CO2 produit s'ajoute à
celui dégagé par la respiration des animaux).
La dureté de l'eau intervient ici. Si l'eau est riche en éléments
minéraux dissous, donc dure, l'effet tampon n'en sera que plus
important et les variations importantes de pH dangereuses pour les êtres
vivants seront fortement limitées.
Il faut avoir à l'esprit que ce ne sont pas tant les conditions
extrêmes de vie qui sont néfastes pour un poisson, mais plutôt
les variations qui y mèneraient trop rapidement.
La température: La plupart des plantes, comme les autres êtres
vivants, ne peuvent pas vivre à une température quelconque.
Généralement si elle est trop basse la croissance s'arrête,
et si le milieu est trop chaud la plante se dégrade jusqu'à
sa disparition. En pratique la fourchette couramment admise des températures
s'étend de 22 ° à 28 °C environ. Une diminution
de la température équivaut à mettre les plantes au
repos, leur activité photosynthétique se ralentit avec l'abaissement
thermique.
Les oligo-éléments: Ils désignent toutes les substances
nécessaires, à l'état de traces, à la bonne
croissance des plantes. Que l'une seulement d'entre elles soit déficitaire
et la croissance sera ralentie voire stoppée (cette notion est
fondamentale, c'est la Loi du minimum).
Pour être assimilables ces oligo-éléments doivent
se présenter sous une forme précise. En effet les plantes
aquatiques les puisent directement dans l'eau par des structures particulières,
nommées hydropodes, situées essentiellement sur les feuilles.
A L'inverse des végétaux terrestres qui assurent cette fonction
de prélèvement par leurs racines dans le sol. Ces éléments
doivent nécessairement se trouver en solution dans l'eau de l'aquarium
et sous forme ionisée pour être assimilables! Et là
tout se complique un peu, car il y a ion et ion ... Pour un même
corps une structure sera bonne, l'autre sera inadaptée sinon toxique.
Cas du fer, élément vital à l'assimilation chlorophyllienne:
il peut être ferrique (Fe3+) ou ferreux (Fe2+)
et seul ce dernier convient ! Mais le fer ferreux est peu soluble, il
lui faut une "bouée" pour le maintenir à disposition
des plantes. Ce flotteur sont les chélates ou chélateurs
(Prononcez "Kélate", ce mot vient du mot grec khêlê
= pince). Ces chélates sont des molécules organiques complexes,
dont une propriété est de se lier spécifiquement
avec des ions métalliques (de fer, magnésium, manganèse,
.. .) ou certaines protéines. Leur inconvénient est d'être
fragile et de se dégrader rapidement, un apport régulier
de chélates est devenu courant pour le maintien de belles plantes.
En effet en l'absence de fer disponible, les feuilles jaunissent. Pour lutter contre ce phénomène de chlorose il est devenu commun d'utiliser en aquariophilie un ché!ateur de synthèse, l'EDTA (à employer exclusivement sous sa forme disodique, ce point est à vérifier lors de l'achat). | |
La chlorose. Photos R. ALLGAYER |
Enfin un dernier paramètre et non le moindre: la lumière.
C'est un lieu commun que de lier le développement des plantes à
la présence de la lumière. Preuve supplémentaire
s'il en faut: l'absence de toute végétation au niveau du
sol ou dans l'eau que l'on observe dans une forêt tropicale humide
et dense. En effet la canopée, culminant à quelques dizaines
de mètres au-dessus du sol, forme un parasol (au sens propre du
terme) tellement efficace que moins de un pour cent de la lumière
solaire incidente arrive encore à terre; c'est très nettement
insuffisant pour le développement d'une strate végétale
inférieure. Le contre-exemple est qu'au moindre apport de lumière,
même ponctuel (clairière, trouée, chablis, etc . .
.) c'est immédiatement une explosion de croissance des nombreuses
pousses ou graines qui étaient en attente dans le sol et demeuraient
jusque là minuscules.
Quantité de lumière: Dans leur milieu naturel, et ce quelle
que soit la saison, les plantes subissent une durée d'éclairement
journalière relativement fixe d'environ une douzaine d'heures par
cycle. Dans ces conditions naturelles, l'éclairement d'une surface
d'eau à midi et sous ciel légèrement couvert (donc
luminosité uniforme) atteint les 20 000 lux. Sous l'eau à
une profondeur d'une quarantaine de centimètres il ne reste que
quelques centaines de lux dans les secteurs ombragés. Les pertes
de lumière sont, on le voit, très importantes. L'eau en
absorbe une grande partie. Cette absorption est fonction de la profondeur
et de plus elle est d'autant plus importante que l'eau contient plus de
particules en suspension représentant autant d'obstacles supplémentaires
à la diffusion des rayons lumineux. On comprendra alors sans peine
l'intérêt d'une bonne filtration ainsi que des changements
d'eau réguliers qui clarifieront l'eau.
En aquariophilie la quantité de lumière requise est d'environ
douze à quatorze heures par jour, selon que les plantes sont d'origine
tropicale ou tempérée. A raison de un watt pour deux litres
d'eau en moyenne, en général il y a rarement trop de lumière.
Cette relation reste valable pour des bacs n'excédant pas cinquante
centimètres de profondeur. Au-delà le nombre de tubes lumineux
classiques (tubes fluorescents) nécessaire devient pléthorique.
Il faut alors opter pour un système d'éclairage reposant
sur des lampes fluorescentes à haute pression ayant une densité
lumineuse six fois supérieure.
Si des algues indésirables apparaissent une diminution de l'éclairement
de quelques heures, et ce durant quelques jours, devrait les faire disparaître.
Il faut prévoir éventuellement un changement d'eau pour
éliminer les résidus d'algues mortes qui pourraient altérer
la qualité de l'eau en se dégradant.
Ensoleillement maximal à midi +/- 100 000 lux. Forte production d'oxygène et développement d'algues sur les Cératophylles. Dépots d'Hydrogénocarbonates. Eau cristalline. (Media Luna, Mexique) |
Qualité de la lumière: La température du soleil est
de 5500 ° K. (lire 5500 ° Kelvin, où zéro kelvin,
est le zéro absolu soit, environ, 0 ° K. = - 273,15 ° Celsius
ou centrigrade). Cette température solaire n'est atteinte par aucune
lampe commercialisée, on ne peut que l'approcher par défaut.
Cet état de fait explique que, quelle que soit l'ampoule employée,
son spectre ne reproduira que partiellement celui de la lumière
solaire. Or, la composition spectrale est déterminante pour une
bonne croissance des plantes. En effet le pigment chlorophyllien responsable
de la photosynthèse est sensible à certaines longueurs d'ondes
(dans le bleu vers 430 nm et le rouge vers 650 nm) et pas à d'autres.
La lumière blanche couvre l'arc-en-ciel qui est visible en la séparant
à travers un prisme, son spectre va du violet (depuis 380 nm) en
passant par l'indigo, le bleu, le vert, le jaune et l'orange, jusqu'au
rouge (750 mn). Avec 1 nanomètre = 1 nm 1/1000 de Rrn = 1/1 000
000 mm, on emploie encore l'angstrôm valant 1 A = 1/ 10 000 de µm.
Les tubes fluorescents "horticoles" (type Grolux de Sylvania,
ou Fluora de Osram) sont calibrés pour activer la photosynthèse
mais ils sont defficients dans les autres valeurs du spectre. En fait
ce type de tubes a été conçu à l'origine pour
activer la germination des graines. Leur emploi en aquariophilie est envisageable
mais en association avec des tubes compensant le reste du spectre (dans
le jaune surtout) et donc avec des tubes de type "blanc industrie".
L'emploi des lampes halogènes, maintenant très classiques
et que l'on trouve dans tous les intérieurs (300 ou 500 watts sous
220 V), est possible s'il est complété par des tubes actiniques
ne rayonnant que dans le bleu tels que les TL03 de Philips qui rééquilibreront
l'excès de jaune des ampoules halogènes (pour exemple Cf.
photo p.59 dans le numéro 122 de AQUARAMA).
Une lumière dont le spectre est déséquilibré
perturbe la croissance des plantes. Ainsi un excédent en rayonnement
bleu et violet active préférentiellement la croissance des
feuilles et des tiges. Les tubes lumineux ont une durée de vie
variable selon les modèles, il faut les changer à temps
car passée une certaine limite leur efficacité diminue fortement
et leur spectre s'altère. Lors de leur remplacement dans un coffre
d'éclairage, il faut opérer successivement et ne pas tout
renouveler en une seule fois. Les plantes ne supporteraient pas la brusque
modification de la qualité et de la quantité de lumière.
Le substrat: Sa présence est absolument indifférente aux
poissons. Les reproductions sont même parfois facilitées
par l'absence de matériaux au fond du bac. Par contre le substrat
est nécessaire aux plantes. Différents éléments
sont disponibles: quartzite et sable, qui se colmatent avec le temps,
gravier à grains ronds, très économique, mais la
pouzzolane rouge sombre et poreuse dans laquelle pénètrent
les plus fines racines des végétaux pour s'y ancrer est
sans doute l'un des meilleurs substrats.
Les escargots: Ces mollusques gastéropodes sont les agents d'entretien
du substrat des plantes. Cependant il y a escargot et escargot. Certains
sont végétariens, ils sont donc à proscrire impérativement,
ce serait faire entrer le loup dans la bergerie! En fait il y en a un
tout-à-fait recommandable: Melanoides tubercularia. Il appartient
à la famille des Limnées, il est visible la nuit hors du
sol dans lequel il passe toute la journée enfoui à le remuer,
l'aérer, le valoriser. S'il devait se mettre à pulluler,
le seul moyen efficace et sans danger de limiter sa populations est de
le piéger. Pour ce faire on placera quelques morceaux de viande
maigre, le soir, au fond du bac juste à l'extinction de la lumière.
Une à deux heures plus tard on récupère la viande
sur laquelle grouille une masse d'escargots à supprimer. A répéter
tant que de besoin, sans risque pour aucun poisson.
Dans tous les cas, qu'elles soient sauvages ou cultivées, les plantes
subissent de nombreuses manipulations avant de se retrouver dans nos aquariums.
Leur commercialisation peut réserver quelques surprises. La difficulté,
pour l'acheteur que nous sommes, est de reconnaître une plante en
bon état, d'une autre en sursis. L'exemplaire peut, par exemple
sortir directement d'une serre de culture. Or la multiplication de certaines
espèces se fait en phase émergée. Et si la plante
n'a pas été acclimatée, avant sa mise en vente, à
sa future condition immergée, elle risque fort de ne pas y survivre
longtemps une fois installée dans le bac.
Voici les points qu'il conviendra de vérifier lors de son acquisition:
- le spécimen ne doit pas présenter de hampe florale;
- la couleur générale sera verte sans taches anormales sur
le feuillage, sauf plante particulière normalement rouge ou jaune;
- les différentes extrémités des feuilles rubanés
devront être intactes;
- les bulbes sans feuillage sont la garantie d'une plante au repos, dont
la reprise de croissance se fera dans les meilleures conditions; sous
la pression des doigts le bulbe ne doit pas dégager de gaz, signe
d'un état de décomposition de cet organe de réserve.
La qualité des plantes chez le détaillant sera déterminante pour la suite de la maintenance. Photos R. ALLGAYER |
La plantation soulève plusieurs questions: conservation des racines,
des feuilles, mode de plantation, etc... ?
A ce stade, il faut avoir à l'esprit que physiologiquement une
plante immergée ne se comporte pas comme une plante émergée.
A savoir, chez un végétal aérien (donc émergé)
ce sont les racines qui assurent l'alimentation de l'organisme en puisant
les éléments nécessaires dans le sol, bien entendu
elles fixent aussi la plante dans son substrat. Les feuilles quant-à-elles
sont quasi imperméables, sauf aux gaz résultants de la photosynthèse
ou de la respiration et à certaines molécules. Les échanges
avec l'atmosphère environnant se font par les stomates dont l'ouverture
varie dans le temps. Les racines d'une plante aquatique, c'est-à-dire
immergée, ne servent que d'ancrage dans le sol, elles n'ont pas
de rôle nourricier. Tous les échanges plantes / milieu ambiant
se font par les feuilles. De fait, il ne sert à rien de conserver,
lors de la plantation, toutes les racines d'une plante cultivée
émergée, étant donné qu'elles vont pourrir
une fois noyées. Il ne faut maintenir que les premiers centimètres,
ceux qui ne portent pas les fines radicelles qui captaient les éléments
nutritifs du sol. Si la plante était déjà immergée,
alors les racines peuvent être laissées en l'état.
Les plantes à tige, du type Cabomba, doivent être
dégagées de toutes racines pour permettre la meilleure reprise
possible de la bouture dont chaque noeud produira rapidement les racines
nécessaires. Cette opération est à renouveler chaque
fois que l'on déterre une tige pour la replanter ailleurs. Pour
les rhizomes il convient de laisser les quelques centimètres suffisants
à leur fixation dans le substrat.
Les feuilles en excès nuisent à une bonne reprise de croissance.
Une demie-douzaine sont généralement suiffisantes. Trop
de feuilles empêche le développement optimal des racines.
Rappelons que les bulbes doivent être nus. L'agencement des diverses
espèces végétales sera enfin guidé par leurs
couleurs, leurs formes, leurs ports, etc ...
Aquarium avec plantes aquatiques au sens large |
Pour
en savoir plus: AQUARAMA: BIELLMANN, D.: Débuter avec... l'eau. 90 (111) 55. Débuter avec... la réalisation d'un décor personnel. 91 (122) LAVIGNE, R.: A propos de l'eau: Histoire d'O. 89 (110) 41. L'adaptation des eaux. 90 (112). De la mesure en toutes choses. 90 (114) 49..A propos de la lumière: Réflexions. 90 (115) 36 MAIGRET, J.: L'éclairage des aquariums. Essai de synthèse, dans les numéros 108 et 110 de 1989 PAFFRATH, K.: Une belle végétation pour votre aquarium. 89 (105) 37. Des plantes pour un aquarium régional sud-est asiatique. 88 (104) 35. Des plantes pour un aquarium régional Amérique du Nord. 89 (107) 34. Des plantes pour un aquarium régional Amérique du Sud. 90 (112) 34 RATAJ, K.: Description de genres et d'espèces dans les n° 93 et 99 TETON, J.: Description de genres et d'espèces dans les n° 93-94-95-96-98-100-101-102 WISCHNATH, L.: Quelques plantes flottantes pour nos aquariums. Aimées ou détestées? Pour ou contre? 92 (123) 27. Description de genres et d'espèces dans les n° 97-110-114-115-116 LIVRES: ALLGAYER, R.: Plantes et décors d'aquarium. (Photographies de J. TETON) Bordas, 1986: pp. 158 JURDANT, J. M.: Les jardins aquatiques Un rêve, un défi, une découverte! Vander, BRUXELLES, 1987: pp. 319 MASSON, C. (sous la direction de -): Poissons et aquariums. Larousse, Paris, 1984: pp. 318 RATAJ, K. & HOREMAN, J.: Les plantes d'aquarium. Identification - Culture - Écologie. T. F. H., 1978: pp. 448 TERVER, D.: Manuel d'aquariologie 1. L'aquarium. Eau douce / Eau de mer. Réalisations Editoriales Pédagogiques, Paris 1986: pp. 303 TERVER, D.: Manuel d'aquariologie 2. Les plantes. Eau douce / Eau de mer. 1ère partie: généralités. Réalisations Editoriales Pédagogiques, Paris 1983: pp. 384 |
Aquarium avec plantes aquatiques au sens strict. Photos K. Paffrath |