Le Goutte à goutte, une technique réellement valable !
par Alain BERTSCHY (Aquarama - 1983)
Diverses techniques sont proposées habituellement pour éviter
l'accumulation des nitrates (filtration biologique, plantation dense,
écumeur, passages sur résines spécifiques, etc.)
mais la seule méthode réellement valable reste incontestablement
le goutte à goutte. Certes en aquariophilie marine le goutte à
goutte semble à priori couteux, mais en revanche combien d'inconvénients
permanents et de catastrophes soudaines sont ainsi évités
grâce à ce procédé, alors faites vos comptes
!
Vue d'ensemble
des aquariums dont le changement d'eau s'effectue au goutte à goutte. Photos J. Teton. |
Un aquarium marin bien équilibré nécessite un changement
d'eau mensuel au minimum de 10%
Un changement partiel, mais régulier, présente de nombreux
avantages, il permet la normalisation du pH et la réduction des
métabolites en dissolution qui se sont accumulés tels que
les nitrates. Par cette pratique, on élimine une grande partie
des risques de troubles, ou de maladies qui résultent de facteurs
liés à l'environnement.
Il semble utile avant de passer aux données purement techniques
de cette installation de goutte à goutte d'ouvrir ici une parenthèse
à propos des métabolites et notamment des nitrates qui s'accumulent
inéluctablement dans l'aquarium. Même une excellente filtration
"biologique" n'élimine pas ce produit final résultant
normalement du cycle de transformation de l'Azote, au contraire elle le
crée. Les composés azotés organiques rassemblés
dans l'aquarium ont pour origine : les urines, les excréments,
les cadavres de poissons, les plantes mortes et les nourritures non consommées
auxquels s'ajoute la propre teneur en nitrates de l'eau neuve qui sert
au changement (moins de 6 mg/I = norme des eaux potables).
Si l'Azote est indispensable à la croissance des organismes photosynthétiques
(plantes, algues) qui le puisent sous forme de nitrates, en revanche ces
derniers deviennent nocifs dès l'instant qu'ils dépassent
un certain seuil de concentration. En eau douce la tolérance des
nitrates par les organismes peuplant l'aquarium est assez grande (environ
200 mg/l) et, le risque d'une inversion du cycle de l'Azote (nitrates
- nitrites - ammoniaque) est minime, tout du moins lorsque l'eau est bien
oxygénée. En eau de mer, il en est autrement. D'abord les
organismes marins sont plus sensibles à la présence des
nitrates et, ne tolèrent qu'un taux de concentration très
bas (environ 100 mg/l). De plus lorsque les conditions sont défavorables
à la stabilisation de l'azote nitrique (potentiel d'oxydo-réduction
trop bas, pH trop élevé, carence d'oxygène) les nitrates
tendent à disparaître et sont alors remplacés par
des produits beaucoup plus toxiques : les nitrites et l'ammoniaque. Tout
ces problèmes sont liés au rapport : densité population
- volume du bac - changements d'eau. En l'occurence, une surveillance
attentive des paramètres physico-chimiques de l'eau est vivement
recommandée afin de maintenir par de fréquents changements
d'eau l'équilibre biologique du bac.
L'on trouve sur le marché des tests nitrates faciles d'utilisation,
avec une lecture précise. Si l'on ne pratique aucun contrôle,
les nitrates peuvent s'accumuler et atteindre par la suite une concentration
dangereuse. Pour abaisser ce taux de nitrates, la seule solution réside
dans les changements d'eau.
Possédant plusieurs aquariums marins, le changement d'eau présentait
une demi-journée de travail par semaine avec une préparation
d'eau de mer à l'avance. Un travail long, siphonnage, remplissage
des aquariums, avec tous les inconvénients - éclaboussures,
débordements, etc.
Il est préférable de changer toutes les semaines une petite
quantité d'eau que d'effectuer un changement mensuel. Il existe
une technique plus sophistiquée qui permet un changement d'eau
permanent, c'est le goutte à goutte. Mon installation a été
inspirée du système de goutte à goutte utilisé
au Musée de Zoologie, rue Sainte Catherine à Nancy, système
qui est décrit dans le Manuel d'Aquariologie de Denis Terver.
Ce système peut être adapté à tous les aquariums,
qu'il soient filtrés par décantation, filtrés sur
des filtres gouttières, ou filtres type Eheim, ou encore filtres
sous sable, etc.
Pour des aquariums existants, le seul problème consiste à
percer deux orifices, l'un permettant l'écoulement du trop plein
et l'autre servant du trop plein de sécurité. Un miroitier
devrait être en mesure de percer le verre.
Pour les aquariums en construction, il suffit de faire percer un trou
de 20 / 25 mm de diamètre, le centre du trou devant être
situé environ 5 mm au dessus du niveau de l'eau. Il suffira ensuite
de coller des raccords PVC correspondant au diamètre percé,
et relier l'aquarium à une conduite d'évacuation par l'intermédiaire
d'un tuyau souple.
GOUTTE A GOUTTE
Principe
Une cuve de pression ou d'alimentation permanente de l'aquarium est installée
au-dessus de l'aquarium, percée à sa base et reliée
par une conduite en PVC a un ou plusieurs robinets doseurs. L'eau s'écoule
par vase communiquant. La cuve d'alimentation permanente de mon installation
est en polyéthylène - capacité 1000 I.
La cuve est placée au-dessus de l'aquarium, pour permettre une
alimentation par gravité. La conduite de descente aux aquariums
est en PVC (type conduite à eau) d'un diamètre de 25 mm,
le contrôle de débit par aquarium est effectué par
des robinets de dosage PVC à bille. Eventuellement, des robinets
en PVC - grand débit - pour le remplissage des aquariums peuvent
être greffés sur cette conduite.
L'on peut utiliser une cuve annexe, ce qui est mon cas -pour la préparation
de l'eau de mer artificielle. L'eau ainsi préparée est transvasée
dans la cuve d'alimentation permanente. Cette cuve peut être placée
dans le même local que l'aquarium, ou de préférence
dans les combles (pour cette solution, on aura soin de bien isoler la
cuve). L'eau dans la cuve de pression doit être aérée
en permanence.
Utilisation du système
Le robinet de dosage à bille comporte des graduations permettant
un réglage précis. On peut facilement contrôler le
débit avec éprouvette graduée - augmenter ou diminuer
ce débit en fonction du taux de concentration des nitrates dans
l'aquarium. Taux que l'on devrait contrôler et mesurer toutes les
semaines.
Pour ma part, j'utilise une éprouvette graduée en ml, il
me suffit de mesurer le temps (exemple 1 mn) puis lire sur l'échelle
graduée de l'éprouvette la quantité d'eau sortie
pendant ce temps et par un calcul correspondant on peut définir
le débit d'eau remplacé par jour - semaine - mois et ainsi
ajuster le boisseau du robinet doseur en fonction d'un changement d'eau
de 1/10e ou plus par mois de l'aquarium.
Préparation de l'eau
Il est préférable mais pas indispensable de préparer
l'eau dans une cuve annexe.
Pour ma part, j'utilise des doses de sel de 200 litres, la cuve de préparation
ayant également une capacité de 200 litres, j'évite
ainsi toute pesée de sel, (gain de temps).
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Filtre à air : La filtration de l'air est assurée par deux filtres grands débits. |
Tableau électrique
de commande : - des compresseurs : 3 relais (dont 2 temporisés) et
le pressostat contrôlent la marche ou l'arrêt des compresseurs. - Un manomètre visualise la pression et une soupape de sécurité régularise la pression de l'air en cas de surpression (diffuseurs bouché !). . |
Arrivée d'eau. |
1: Un tableau
comportant 4 voyants lumineux, indique quel compresseur est en fonction.
2. Un deuxième manomètre permet de contrôler la pression. 3. Trop plein de l'aquarium 1000, il est relié à l'égout par un tuyau en silicone ce qui permet de régler, d'ajuster la hauteur d'eau. |
4. Aquarium de quarantaine de 1501. Au premier plan -en bas - le trop plein. 5-6. Distribution d'eau de mer. A gauche : robinet de remplissage rapide des aquariums. Au centre : robinet doseur à bille du système. |
7. A droite : robinet doseur à bille. |
8. Sortie du goutte à goutte (tuyau noir) |