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MADAGASCAR

par Jean-Claude NOURISSAT et Patrick de RHAM. (Revue Aquarama, 1992)
Depuis bien longtemps déjà, j'avais le désir de me rendre à Madagascar. Jean-Pierre LOMBART, un vieil ami cichlidophile, pharmacien de métier, y a travaillé pendant plusieurs années au titre de la coopération française. Mais je n'ai pas su répondre à son invitation et n'ai pas profité des facilités qu'il m'offrait. Et c'est quand il a quitté définitivement la grande île et qu'il est venu à Toulon me confier quelques Orchidées, qu'il m'a décidé à accomplir le voyage.

Photo : J-C Nourissat


Le mois de janvier fut choisi pour cette première excursion en 1991 et, accompagné par mon fidèle compagnon de voyage Patrick de RHAM, et Hugues GELLEREAU, nous voici débarquant au petit matin à Tananarive.
PRESENTATION DE MADAGASCAR
Madagascar est la quatrième île du monde, elle n'est dépassée que par le Groenland, la Nouvelle Guinée et Java. Plus grande que la France, 590 000 km2 (550 000 pour la France), c'est à elle seule un petit Continent qui s'est séparé très précocement du Gondwana.
Le Gondwana était le continent unissant l'Amérique du sud, l'Inde, l'Afrique et Madagascar avant leur séparation. L'Amérique et l'Inde se désunirent il y a environ 100 millions d'années; Madagascar quitta
l'Afrique 50 millions d'années plus tard. Elle est séparée du continent africain par le canal du Mozambique, large d'environ 500 km. L'île a une longueur du nord au sud de 1600 km, elle est traversée dans toute sa longueur par l'épine dorsale d'un massif cristallin constituant des hauts plateaux. Le tiers de l'île est occupé par ces hauts plateaux dont l'altitude varie entre 1000 et 1500 m. De ces hauteurs dégringolent de nombreuses rivières qui se déversent côté est, dans l'Océan Indien et côté ouest dans le Canal de Mozambique. La Côte Est est basse et humide avec une végétation tropicale; la Côte Ouest est plus sèche, les plaines y sont plus larges, aussi plus pauvres.
Les conditions de formation de l'île expliquent son grand intérêt de la part des naturalistes. Isolée depuis 50 millions d'années, la flore malgache est une des plus riches du monde, avec un endémisme exceptionnel qui s'explique par l'évolution des espèces en vase clos. Le règne animal est, lui aussi, d'une diversité extrême: Reptiles, Batraciens, Invertébrés, Oiseaux. Mollusques et Mammifères avec les célèbres Lémuriens, cousins des Primates. Les Poissons aussi présentent un endémisme important, mais les espèces d'eau douce sont relativement peu nombreuses du fait de son faible volume dans l'île.
LES POISSONS A MADAGASCAR
Donc, du fait de l'isolement de l'île, certaines espèces de poissons d'eau douce ont évolué différemment de celles du Continent africain. Naturellement ce sont les Cichlides endémiques que nous allons rechercher. La littérature donne neuf espèces réparties en cinq genres. Jean-Pierre LOMBART et Thierry BARDIN avaient déjà exploré Madagascar il y a quelques années, la RFC avait publié le récit de leur voyage (RFC N° 29). Ils avaient exploré la zone Est et avaient ramené des Paratilapia polleni et des Paretroplus polyactis. La Revue Francaise d'Aquariologie de Nancy avait publié aussi une série d'articles très bien documentés, écrits par le Dr. R. CATALA qui avait vécu longtemps à Madagascar, sur les poissons de la Côte Est. Aussi fin pêcheur qu'aquariophile, ses observations étaient précieuses. Autre source de documentation, la description des Cichlidés de Madagascar par KIENER et MAUGE, et un ouvrage sur les poissons de Madagascar par Monsieur ARNOULT, ancien Directeur du Musée de Monaco. Nous avions emmené ces derniers documents avec nous pour nous permettre d'identifier nos futures captures.
Nous avions appris par J. P. LOMBART qu'un grave problème se présenterait à nous à Madagascar, tous les poissons autochtones sont en voie de disparition car des Tilapia ont été introduits par les Français dans les eaux malgaches. Nos scientifiques qui avaient bien pesé leur décision voulaient amener plus de protéines aux populations et les Tilapia parce qu'ils grossissent vite et s'adaptent facilement à tous les milieux avaient été choisis. Ils prospèrent si vite et si bien qu'ils ont envahi toute l'île et supplanté les poissons d'origine si bien que la plupart des espèces sont en voie de disparition et peut-être que certaines ont déjà complètement disparu. D'où le rôle important de nos recherches, trouver quelques exemplaires pour les ramener vivants. Nous espérons retrouver ces 9 espèces de Cichlidés malgaches.
Toujours grâce à J. P. LOMBART nous avons fait la connaissance à Tananarive d'un certain Rémi ANDRIAMAHARO qui nous a permis de nous procurer les autorisations nécessaires au rapatriement de nos captures. Et oui, à Madagascar, les bagages sont fouillés quand on quitte le pays et rien ne sort sans ces autorisations; aussi notre "vieux renard", comme l'a appelé Thierry BARDIN, nous aida au maximum. Ses promesses furent tenues avec la plus grande rigueur. Je voudrais ouvrir une petite parenthèse pour vous présenter ce Rémi: petit bonhomme de 70 ans passés, parlant un français d'une pureté parfaite, connaissant la littérature bien mieux que nous, capable de vous réciter les vers de Baudelaire ou de Voltaire, passionné d'Orchidées et de Poissons; c'est le personnage incontournable pour les amateurs de la nature à Madagascar, c'est lui qui nous procura le livre de KIENER sur les pêches de Madagascar, livre tout annoté de sa main avec les observations qu'il a faites sur le terrain. Ce livre est d'une richesse incroyable pour tout ce qui touche les poissons.

Ptychochromis oligacanthus.


LE PREMIER VOYAGE
Sur le conseil de Jean Pierre LOMBART, notre premier voyage fut pour la côte Est, c'est à dire pour le canal des Pangalane. Ce canal, aménagé par les Français longe sur des dizaines de kilomètres la Côte Est derrière un cordon littoral de sable, c'est une région à forte densité de population et, à force d'être chassés, les Crocodiles ont disparu de cette région. Avec un 4 x 4 Toyota de location, voilà notre équipe. Hugues GELLEREAU, Patrick De RHAM, Rémi qui nous a accompagnés et moi-même, en route vers l'Est. Une route asphaltée nous conduit sans problèmes jusqu'à la côte. En janvier la saison des pluies est déjà bien entamée et le niveau des lacs et marécages a bien monté mais les eaux restent claires si bien qu'il est possible de plonger.
Le but principal de ce voyage était de ramener des P. polleni. Nous disposons comme moyen de pêche personnel d'un épervier. Notre destination était le village de AMBILALEMAITSO. Pour arriver à ce village il fallait franchir le canal des Pangalane; bien sûr il n'y avait pas de pont, c'est un bac qui faisait le transport de la voiture. J'ai profité de la demi-heure d'attente pour jeter un coup d'oeil dans l'eau et j'ai découvert quantité de Ptychochromis oligacanthus. Le canal était encombré de nombreuses plantes et les Ptychochromis étaient en période de reproduction si bien que j'ai eu la chance, dès ce premier jour, de rencontrer des dizaines de couples avec leurs petits. C'est un poisson qui est très prolifique car il y avait vraiment un nuage important de jeunes autour des parents. Chose intéressante aussi, il y avait des couples dont les petits ne nageaient pas encore, ils surveillaient leurs larves. Les nids fabriqués dans l'eau sont vraiment curieux: sur un diamètre d'environ un mètre ils dégagent toute la vase et toute la terre qu'il peut y avoir et ils creusent au centre 15 ou 20 trous de 4 ou 5 cm de diamètre sur 7-8 cm de profondeur pour y dissimuler leurs larves. Quand on regarde dans ces trous, il est impossible de les trouver car on ne sait pas dans lequel ils ont été cachés, c'est un bon moyen pour éviter de les voir mangés par des prédateurs.
Passé ce bac, nous arrivons à ce village de AMBILA: une gare autour de laquelle tourne toute la vie. Le train passe une fois par jour et c'est l'évènement de la journée. Notre ami Rémi connaissait tout le monde ici et, rapidement, il a trouvé un hôtel pour nous loger et nous a fait faire la connaissance des pêcheurs locaux. L'un d'eux nous a emmené en pirogue pour essayer de trouver des polleni, appelés dans cette région des MARAKELY, mais le niveau des eaux étant monté, les petits ruisseaux étaient déjà sortis de leur lit et toutes nos recherches furent vaines. Nous avons plongé pendant des heures et des heures dans cette zone, sachant qu'il n'y avait pas de Crocodiles mais nous n'avons pas aperçu la queue d'un seul Marakely. Par contre les plongées dans le canal des Pangalane à l'eau saumâtre sont intéressantes car on y rencontre quantité de Ptychochromis et, autre espèce endémique, les Paretroplus polyactis (nom vernaculaire: MACHVOUATOK). Ces Paretroplus sont bien colorés, un peu orangés, ils sont jolis mais je n'ai pas vu un seul couple en cours de reproduction. Devant l'impossibilité que nous avions de ne pouvoir rencontrer le moindre marakely, nous avons fait savoir que nous les achèterions volontiers; si bien que tous les gens du pays se sont mis à la pêche. Le meilleur moyen de les prendre dans cette région, c'est la ligne. Toutes les femmes et tous les gosses du village sont partis dans les lacs voisins pour essayer de nous en pêcher. Mais ils sont maintenant très rares et les captures, le soir, étaient vraiment peu nombreuses. Après 2 ou 3 jours, ils en avaient capturé 3 ou 4, pas plus.

Le Marakely, Paratilapia polleni.


Mais comme c'est toujours mieux ailleurs, les gens du pays nous ont dit que dans le village suivant, qui répond au doux nom de AMPANOTOAMAIZINA (les noms malgaches sont toujours compliqués), il y en avait beaucoup. Pour rejoindre ce village, pas de route, il n'y a que la voie ferrée: le train était déjà passé quand nous avons décidé d'y aller, si bien que c'est avec une draisine que nous avons fait les 20 ou 30 km qui nous séparaient de cet endroit. Arrivés dans ce village, même technique, nous faisons savoir que nous recherchons ces poissons, et sommes partis avec des pêcheurs nous balader dans les marécages. La végétation palustre était abondante avec de nombreux Pandanus (endémique de Madagascar). Les paysages étaient typiques. Bien sur, nous n'avons pas encore vu la queue d'un marakely. Par contre Patrick DE RHAM était content car il a réussi à pêcher, dans les eaux noires et acides des petits Bedotia geayi qui sont très jolis et qu'il a ramenés. Revenus après notre partie de pêche, les gens du pays avaient capturé au moins une vingtaine de jeunes marakely de 5 ou 6 cm de long ; c'était bien car c'est vraiment la bonne taille pour les ramener. Nous avons passé trois jours dans cette région puis conditionné les trois espèces de poissons, Ptychochromis, Paretroplus polyactis et les jeunes marakely et avons emprunté le chemin du retour non sans avoir admiré la célèbre Orchidée noire qui est une des Orchidées les plus célèbres et les plus rares de Madagascar. De retour dans la capitale, nous avons laissé tous nos poissons chez Rémi qui a des aquariums, nous étions ainsi tranquilles car Rémi est un vieil aquariophile et saurait veiller sur leur santé.
Ensuite, nous avons décidé d'aller visiter la région Nord-Ouest, autour de la ville de Majunga. C'est dans cette région que sont décrits, par KIENER, quatre espèces de Paretroplus; cet auteur avait dessiné des cartes de Madagascar avec toutes les zones de répartition des différents Cichlidés, ceci a été notre base de travail pour préparer nos voyages. Il y a à peu près de 500 km pour arriver dans cette zone, depuis Tananarive.

Paretroplus polyactis ou "Machvouatok".


En chemin nous avons visité quelques lacs mais, à chaque fois, nos coups d'épervier ne nous ont ramené que des Tilapia. Une centaine de kilomètres avant d'arriver à Majunga, il y a une réserve naturelle qui porte le nom de ANKARAFANTSIKA. Non loin de la ville de TSARAMANDROSO il y a des bâtiments appartenant à la réserve et nous avons eu la chance de pouvoir y être accueillis. Nous avons donc passé trois jours dans cette région. Juste contre les bâtiments de la réserve il y a un lac d'eau assez claire, le long de la route: c'est un lac sacré, ce qui signifie qu'il y a des tabous qui réglementent son accès, ces réglementations sont officielles; entre autre on n'avait pas le droit de s'y baigner si, la veille, on avait mangé du porc, et il était interdit aux femmes indisposées. Si on respecte ces tabous, appelés FADY, les Crocodiles restent gentils et n'attaquent pas... Et soyez sûrs que c'est la vérité. Nous n'avions pas mangé de porc, il n'y avait pas de femme avec nous. Nous avons donc pu nous y baigner ... bien qu'il y avait des Crocodiles. Inutile de vous dire que nous ne sommes pas allés loin mais tous les gens du pays et ceux de la réserve, les scientifiques qui étaient là, s'y baignaient régulièrement. Chose intéressante dans ce lac, nous avons capturé à l'épervier deux espèces de Cichlidés. Ça n'a pas été facile de les identifier car nous ne sommes pas spécialistes de l'identification des poissons, mais, à force de déduction et de comparaison avec les dessins, nous avons trouvé là les Paretroplus kieneri et P. maculatus. Le P. kieneri n'est vraiment pas très coloré, il est tout gris un peu en tenue de parachutiste: son seul intérêt est que, en période de reproduction, il prend un masque orange assez vif sur la tête mais ce masque n'est pas très étendu, c'est un poisson qui ne sera jamais la passion des aquariophiles.

Paretroplus maculatus.


Par contre le Paretroplus maculatus est un joli poisson, il n'a pas de couleurs chatoyantes mais ses formes sont très élégantes, un peu comme les Neolamprologus elongatus du Tanganyika qui n'ont pas de belles couleurs mais qui sont de jolis poissons. La caudale est effilée et il nous a beaucoup plu quand nous l'avons pêché. Nous avons exploré de nombreux lacs autour, nous nous sommes déplacés pendant plusieurs jours dans cette région et n'avons jamais trouvé autre chose que des Tilapia. Ils ont complètement envahi toute cette zone. Pourquoi, dans ce lac sacré, restait-il encore deux espèces? C'est un mystère. Mais nous étions bien contents d'avoir pu prendre cela. Cette deuxième partie du voyage se termine par un succès avec ces deux espèces ramenées et mises en dépôt à Tananarive chez notre ami Rémi. Nous avons voulu finir ce voyage, occuper les deux ou trois jours qui nous restaient avant de revenir, en essayant de retrouver un poisson, Ptychochromoides betsileanus, qui, d'après la littérature, était abondant dans le lac ITASY. Ce lac est proche de Tananarive et est encore en altitude. Ces poissons y ont été beaucoup pêchés, sèchés et fumés sur place et envoyés dans la capitale pour y être dégustés. Le tonnage pêché était très important. Nous nous sommes rendus à ce lac, avons consulté les pêcheurs professionnels qui étaient là, mais depuis de nombreuses années ils n'ont plus pris un seul de ces poissons, ils ont complètement disparu, remplacés par les Tilapia. Les vieux pêcheurs se rappelaient très bien de ce Cichildé qu'ils appellent le TROUNDROU MAINTY, ce qui veut dire en malgache poisson noir, ils l'appellent aussi marakely à bosse parce que les mâles prennent une gibbosité importante. C'est donc un poisson qui pouvait être intéressant pour l'aquariophilie. Nous avons cherché dans tous les petits lacs voisins, il y a des lacs de cratère, mais il n'y a plus que des Tilapia, ce poisson a complètement disparu alors qu'il était abondant ici il y a quelques dizaines d'années.
Notre premier voyage s'est donc terminé. Nous avons ramené en France cinq espèces de Cichlidés malgaches. Pour un premier coup c'est une bonne réussite. Par contre, j'ai perdu à l'arrivée tous les Paretroplus maculatus et P. polyactis. J'ai toujours les trois autres espèces qui se sont toutes les trois reproduites l'été suivant.
Nous avions profité du dernier jour de notre séjour à Madagascar avant de reprendre l'avion pour aller faire un tour au marché. Et bien sûr, nous sommes tombés sur les étals des poissonniers. Beaucoup de poissons se vendent séchés et on arrive à reconnaitre les espèces; 99,9 % sont des Tilapia mais nous avons trouvé une espèce de Cichlidé, un Paretroplus, qui se vendait séché. D'où vient-il ? Nous avons questionné les vendeurs qui nous ont envoyé chez les grossistes et finalement, à force de recoupements, nous avons fini par connaître le nom du lac dans lequel ils étaient pêchés.

Ce sera pour l'année prochaine, nous sommes-nous dits...

Pêche sur le lac Kinkony, pose du filet, fermeture et sortie des poissons.
Photos: JC. Nourissat.

DEUXIEME VOYAGE
En fait, nous n'avons pas attendu l'année suivante pour repartir, et sommes retournés à Madagascar en novembre 1991. Nous sommes partis plus tôt car nous voulions arriver avant que les pluies ne commencent. Novembre était déjà la limite, il y avait déjà eu quelques pluies. Nous étions bien sûr en piste pour trouver ce Paretroplus inconnu. Le lac qui nous avait été indiqué était le lac KINKONY situé dans la province de Majunga au Nord-Ouest. Il faut traverser l'estuaire du plus grand fleuve de Madagascar, la BETSIBOKA, traversée qui dure une bonne heure, mais il fallut attendre au moins 4 ou 5 heures que le bac soit réparé car il était en panne. Puis, sur une piste pas trop mauvaise car elle n'avait pas encore été ravagée par les pluies, nous avons roulé pendant 4 ou 5 heures pour arriver à ce lac KINKONY.

Paretroplus petiti capturés dans le lac Kinkony..


Nous avons immédiatement pris contact avec les pêcheurs professionnels que nous avons facilement trouvés sur les bords du lac. Moyennant la promesse de bien payer les poissons qu'ils nous prendraient, ils sont partis nous les pêcher. Le grand filet a été déployé au large puis en tirant sur les cordes de part et d'autre ils l'ont ramené au bord, capturant ainsi quantité de poissons. Le lac est très riche, il y a, une très grande majorité de Tilapia mais rapidement sont apparus nos premiers Paretroplus qui nous ont paru très beaux. Nous avons pensé qu'il s'agissait du Paretroplus petiti car la littérature le signale comme abondant dans ce lac. Sa couleur était, dans l'ensemble, très claire, plutôt jaune, toutes les écailles ventrales étaient cerclées de rouge. Cela fera un poisson qui, en aquarium, sera apprécié. La taille devient importante, les plus gros que nous avons pu voir faisaient au moins 25 cm, alors que les deux premiers Paretroplus que nous avions trouvés en janvier ne dépassaient pas les 8 ou 9 cm. Nous avons fait une bonne moisson de ces Paretroplus, une vingtaine choisis parmi les plus petits, et les avons mis dans nos boîtes plastique avec de l'oxygène (la bouteille nous suit partout) et nous avons tenté de les ramener. Une deuxième espèce a aussi été trouvée, mais en moins grand nombre, il s'agit de Paretroplus kieneri, le même que celui que nous avions trouvé précédemment. Dès que notre récolte fut faite, nous reprîmes la route si bien que nous avons repassé le bac dans la journée du lendemain, avons traversé une zone de steppes semi-désertiques avec une seule plante poussant partout, une variété de palmier, le Latanier. Cette zone est, en saison des pluies, complètement inaccessible, elle est très basse et, pendant six mois, il est impossible de se rendre dans les villages ou à ce lac à cause des inondations. Nous avons dormi dans le dispensaire médical. Pendant six mois le médecin devait se débrouiller pour distribuer les quelques médicaments en sa possession et ceci sans aucun contact avec le reste de la civilisation.

Paretroplus kieneri.

Nous avions l'intention de remonter vers le Nord de l'île car il nous manquait encore une espèce de Paretroplus, le P. dami, signalé tout le long de la bande côtière Nord-Ouest au nord de Majunga et nous voulions surtout aller dans une ville qui s'appelle MANDRITSARA. Dans le livre de KIENER et MAUGÉ il a été décrit une variété géographique très colorée du Ptychochromis que nous avions trouvé sur la côte Est. Un poisson très coloré à Madagascar doit absolument être trouvé! Cette ville de Mandritsara est difficile d'accès, les routes qui y conduisent sont mauvaises et, pour s'y rendre cela représente 2 ou 3 jours de voyage. Mais nous sommes toujours courageux et, sans une hésitation, nous prenons la route du Nord. A chaque fois que nous avons rencontré une ville nous nous sommes arrêtés pour visiter le marché car c'est l'endroit le plus intéressant pour savoir quelles sont les espèces vivant dans la région. Il faut ensuite se livrer à une véritable enquête policière pour détecter d'où viennent les poissons qu'on a la chance de trouver ou, si on n'en trouve pas, on interroge au maximum les vendeurs de poissons pour savoir si telle ou telle espèce de poisson existe. Dans cette zone tous les Paretroplus sont appelés les DAMBA: si bien que la question que nous avons partout posée était: "y a-t-il des damba dans cette région ?" Plusieurs fois la réponse fut négative, d'autres fois c'était "oui, mais il n'y en a plus". Dans une ville qui s'appelle MAMPIKONY, le long de cette route, nous avons trouvé sur le marché, au milieu des nombreux Tilapia, un Paretroplus kieneri et un Paretroplus qui était déjà écaillé, peut-être un dami mais ce n'est pas sûr. Sinon, rien d'autre. Arrivés au terme de cette route difficile, dans la ville de ANTSOHIHY, nous avons eu la chance de trouver sur le marché quelqu'un qui nous a dit: "oui, oui, des damba, je sais ce que c'est, je connais, il y a un lac ici où il y en a trois espèces". Ah! Nous avons été très intéressés et lui avons demandé de nous décrire les poissons: l'un d'eux avait, parait-il, des rayures rouges . . . Oh, là, là! Qu'est ce que c'est que ça? Il nous a proposé de nous accompagner car c'était impossible de trouver l'endroit où se situait ce lac. Il est venu avec nous, il fallut faire 40 ou 50 km de piste complètement défoncée, traverser des rivières à gué. Nous avons fini par arriver dans un petit village aux maisons construites en argile avec des toits de chaume. Jamais, depuis la fin de la colonisation, aucun étranger n'était venu ici. C'était la première fois qu'ils revoyaient une voiture. Après avoir vu le Président du village, car il faut passer par les autorités locales, celui-ci nous a confirmé qu'il y avait bien des damba dans ce lac.
Paretroplus dami, une espèce peu colorée.

La nuit tombait et il était trop tard pour essayer de pêcher, nous avons donc dû passer la nuit dans ce village. On nous a fait un repas et donné une petite maison pour y passer la nuit. La nuit fut un peu dure. Une natte par terre et débrouillez vous! Un seau d'eau, quand même, c'était la salle de bain et des quantités de cafards. Ces grosses blattes, qui faisaient au moins 3 ou 4 cm de long se précipitaient dans la pièce dès que la lumière était éteinte. Nicole a un très bon souvenir de cette soirée... ! Le soleil finit par se lever, les courbatures sont passées rapidement et nous voilà partis en direction du lac. Le Président nous avait conseillé d'aller voir certains pêcheurs possesseurs de grands filets car, bien sur, ceux-ci sont peu nombreux. Il nous confirma que ces poissons étaient maintenant rares. Après une bonne demi-heure de voiture nous arrivons au bord du lac. Les pêcheurs ont mis leurs grands filets à l'eau. Rapidement ils ont pris des Paretroplus dami, encore assez nombreux ici, mais c'est un poisson qui n'est vraiment pas assez intéressant, gris, sans forme remarquable, bref pas très beau. Par contre il grossit bien et doit atteindre une vingtaine de centimètres. Ils ont répété leurs coups de filet, sans arrêt, toute la journée. Finalement ils ont pris un Paretroplus petiti ce qui ne nous intéressait pas car nous en avions déjà, quant au Paretroplus à rayures rouges ils n'en ont pris aucun! Nous ne pouvions pas rester là longtemps, notre programme était chargé, nous leur avons donc dit que nous reviendrions deux jours plus tard et que s'ils en prenaient nous les leur payerions très bien.
Le "Lamena", une espèce rhéophile probablement non décrite.


Nous avons donc quitté ce lac, non sans avoir dégusté une fricassée d'abeilles offerte par les pêcheurs. On ne peut pas dire qu'on se soit régalé mais c'était tout à fait mangeable.
Nous voilà partis en direction de Mandritsara. Chose exceptionnelle la route était goudronnée depuis peu si bien que le voyage se passa bien. Arrivés dans la région de Mandritsara, nouveaux interrogatoires des pêcheurs au bord du lac décrit dans le livre de KIENER. Mais les réponses ne furent que négatives, il n'y avait plus depuis très longtemps de ces Ptychochromis très colorés. Nous avons trouvé une petite rivière qui coupait la route, nous nous sommes arrêtés, notre chauffeur est allé questionner les habitants du village et les a décidés à aller nous pêcher quelques poissons. Nous ne savions pas ce que nous allions trouver, nous espérions toujours trouver ce Ptychochromis mais en fait ils ont pris, dans une rivière rapide, des petits Cichlidés qu'ils appellent des LAMENA ne ressemblant à rien de ce qui a été décrit auparavant. Une espèce nouvelle à coup sûr. Nous n'avons malheureusement pas vu d'adultes mais, en interrogeant les pêcheurs, nous avons appris que ce poisson a deux barres verticales au milieu du corps, la tête et la queue rouges. Sûrement quelque chose d'intéressant. Nous sommes revenus avec dix petits poissons de taille idéale pour le transport (4 cm).
Nous avons pris le chemin du retour, nous arrêtant 30 ou 40 km plus loin car il y avait une région avec des lacs. Au marché du village, nous questionnons encore les vendeurs de poissons pour savoir si nous pouvions trouver ce Ptychochromis. Là ils le connaissaient, il existe encore parait-il mais il est excessivement rare. Ils en voient un ou deux par an. Nous nous sommes rendus au lac en question où il nous fut confirmé par les riverains que ce poisson vivait encore. Mais c'était jour de marché et tous les pêcheurs s'y étaient rendus, il n'était pas question de se faire capturer des poissons. Nous ne pouvions rester que quelques heures, il était donc pratiquement impossible d'en trouver. Avec de la chance et beaucoup de patience il est peut-être encore possible d'en découvrir dans cette zone de petits lacs près de la rivière SOFIA à l'endroit où la route coupe la rivière, à côte du village appelé ANKASINA.

Paretroplus spec. "Port Berger" en aquarium; ci-dessous au moment de la capture.


Nous sommes ensuite repassés au lac contenant les Paretroplus à rayures rouges, sûrement aussi une espèse non décrite, malheureusement nos pêcheurs n'en avaient pas pris. Ce sera pour une autre fois.
Depuis la ville de ANTSOHIHY, nous sommes redescendus en direction de Tananarive pour rentrer avec tout notre chargement de poissons car nous étions, quand même, bien chargés. Nous avions quatre espéces, de Paretroplus, des marakely récupérés dans un lac, et les Lamena. Sur le bord de la route nous voyons des gens assis avec des paniers de poissons séchés. Qui dit panier de poissons séchés dit pêcheurs. On s'arrête et on questionne. Ils connaissaient les DAMBA. Il y avait, à côté, un lac en contenant deux espèces, dont un gris à queue rouge. Ah! Nouvelle exclamation! Nous allons voir, redescendons vers ce lac, prenons contact avec les pêcheurs qui nous confirment la chose. Nous partons à la pêche avec eux, tendons les grands filets. La pêche était plus malaisée en raison de la végétation présente sur les bords, il était difficile de faire sortir les poissons de ces cachettes. En effet, ils ont capturé un Paretroplus qui semblait être une espèce non décrite. Nous en avons récupéré 6 ou 8 et, après de nombreuses heures de route sur des pistes complètement défoncées nous sommes rentrés à Tananarive. Les poissons furent placés chez Rémi pendant un jour ou deux de façon à ce qu'ils se reposent avant de prendre l'avion pour le retour en France.

Au moment où je vous parle, je suis rentré depuis quelques semaines seulement. Tous les poissons se portent bien. J'ai une collection de Paretroplus importante avec six espèces. La description de la nouvelle espèce est en cours et il faut attendre que les LAMENA grandissent pour voir à quoi ils ressemblent adultes.
Ces résultats sont très encourageants car, finalement, en 8 ou 10 jours de recherches nous avons trouvé à coup sûr deux espèces nouvelles, une autre espèce est soupçonnée d'exister même si nous ne l'avons pas vue mais nous savons où elle est et avec un peu de patience on finira par la trouver. Et nous sommes loin d'avoir tout fouillé dans cette zone de Madagascar. La seule rivière que nous avons un peu explorée, nous y avons trouvé ces LAMENA, tous les autres fleuves ont été traversés sans s'y arrêter. Bien sûr tout cela demande une suite et cette suite ce sera pour l'année prochaine...
REMARQUES SUR LA BIOLOGIE DES POISSONS RAMENES DU PREMIER VOYAGE:

Les Paretroplus en bac d'ensemble chez J. C. Nourissat.


Je ne peux pas vous parler de ceux que j'ai ramenés du second, car les observations sont encore insuffisantes.
J'ai eu des difficultés à acclimater les trois espèces ramenées car, à mon retour elles ont attrapé l'Oodinium et j'en ai perdu pas mal. C'est finalement quand la situation était désespérée que j'ai salé l'eau au maximum et qu'ils ont guéri, il m'est donc resté une trentaine de jeunes Paratilapia distribués d'un côté et de l'autre pour pouvoir assurer la conservation de l'espèce et il m'est resté les 5 adultes pêchés. Je les ai mis dans un aquarium de 600 litres avec les Ptychochromis, rien ne s'est passé pendant plusieurs mois. En mai, quand la température fut suffisante, tous ces poissons furent mis dans un bassin extérieur d'une quinzaine de m3. Là, rapidement, les Paratilapia poilleni se sont installés en couples, j'ai deux mâles et trois femelles, et ils ont pris des couleurs splendides, la robe noire avec tous les points blancs, bleus, verts même. L'eau du bassin étant assez trouble, je les observais avec difficulté, sauf au moment de la distribution de nourriture quand ils venaient à la surface. Au bout d'assez peu de temps j'ai vu qu'un couple ne quittait pas un angle du bassin et, prenant mon masque, j'ai réussi à trouver la ponte en plongeant. Je m'attendais à voir une grosse plaque d'oeufs sur la paroi du bassin, en fait, il n'en était rien. C'est plutôt une espèce de petite grappe de raisin que j'ai trouvée, avec des grains microscopiques, il y en avait des quantités, accrochés sur la paroi se balançant au gré des vagues. Ces oeufs sont très sombres et c'est la première fois que je voyais une telle ponte. Les parents veillaient jalousement sur elle, ils étaient téméraires, hardis et venaient m'attaquer. L'eau n'étant pas très claire, j'ai dû m'approcher pour pouvoir voir quelque chose, dans les cinquante derniers centimètres je voyais les parents qui me fonçaient dessus, essayant de me mordre au travers du masque ils tapaient le museau contre la vitre, surtout la femelle qui était la plus courageuse; le mâle avait tendance à passer derrière et à mordre tout ce qu'il pouvait, les doigts de pied, les jambes, le dos, il n'y avait pas intérêt à se baigner sans maillot...

Paratilapia polleni sub-adulte en aquarium.


Au bout de quelques jours les oeufs ont éclos, ce que je surveillais avec attention. Quand j'ai vu les larves commencer à nager un peu j'ai voulu les récupérer avec une petite épuisette. J'ai donc plongé et quand j'ai ramassé d'un coup d'épuisette tout le petit nuage noir qui était au fond de l'eau, quelle n'a pas été ma surprise de voir que ces larves passaient au travers des mailles de tulle fin. Tous les autres Cichlidés sont pêchés avec cela et jamais ils ne passent au travers des mailles, c'est dire si les alevins sont petits, beaucoup plus petits que tous les autres poissons que je connais. Je m'y suis repris à plusieurs fois pour en capturer le maximum mais certains m'ont échappé. Je les ai élevés en aquarium, avec des artémias. Les parents ont regroupé tous les alevins que j'avais laissés. De temps en temps, je les apercevais, lorsqu'ils promenaient leur nuage de jeunes autour d'eux, ils étaient toujours très sombres. Je me suis rendu compte que ceux que j'avais laissés dans le bassin et qui se nourrissaient de façon naturelle en suçant les parois exposées au soleil grandissaient un peu plus vite que ceux que j'élevais aux artémias en aquarium. A la fin de l'été, début octobre, j'ai été obligé de les rentrer car la température décroit un peu trop et ils ne supporteraient pas des températures trop basses. J'ai vidé le bassin, récupéré les parents et les jeunes de un centimètre furent mis en aquarium. La croissance est au départ lente mais s'accélére à partir de deux centimètres si bien que, après 5 mois, ils font déjà 5 cm; ce n'est pas mal. Il est très difficile de les identifier car leur forme ne ressemble pas tellement à celle des parents, ils deviennent gris clair et ils ont des rayures verticales un peu plus sombres; signe très marqué: la tache tilapienne dans la dorsale toujours visible à 5 cm. Puis, peu à peu, les barres verticales disparaissent et on devine sur leur robe gris clair de petites taches moins pigmentées. J'ai mis les parents dans un grand bac pour passer la mauvaise saison; leur comportement n'a rien à voir avec celui qu'ils avaient dans le bassin. Ils restent figés dans des coins, bougent peu. Le mâle dominant et une ou deux femelles, sont très colorés quant à l'autre mâle. il est gris clair, pas vraiment joli. J'attendrai le printemps pour les remettre dehors.

Paretroplus petiti sub-adulte.


Dans ce bassin extérieur où j'ai réussi à faire reproduire ces polleni, j'avais mis aussi des Ptychochromis oligacanthus et les Paretroplus kieneri. Les Ptychochromis se sont tout de suite mis en couple alors qu'en aquarium ils avaient tendance à ne plus aller très bien. Dès l'instant où ils furent mis dans ce grand volume ils ont totalement changé d'attitude et ils se sont reproduits rapidement. Cette espèce pond des plaques d'oeufs sur le fond à la façon classique des Cichlidés. Ce sont de bons parents, s'occupant bien de leurs jeunes jusqu'à une taille approximative de un centimètre; puis ils se remettent à pondre, si bien que j'ai eu plusieurs pontes de ces poissons. A la fin de l'été, quand j'ai pêché les polleni et les Ptychochromis il m'était impossible de les différencier les uns des autres, la même allure, la même petite tâche dans la dorsale: impossible de pouvoir les trier. Ils faut attendre qu'ils fassent au-moins deux centimètres pour poux commencer à les différencier. Les polleni deviennent un peu plus jaune que les Ptychochromis. Bien sûr, en grandissant les Ptychochromis prennent le nez un peu plus pointu et une forme plus caractéristique.
J'avais donc aussi dans le bassin trois Paretroplus kieneri. Comme les autres, leur attitude a été complètement différente quand ils ont été dedans. Dans les aquariums de 800 litres dans lesquels je les tenais, j'avais été obligé de les séparer, un par aquarium avec d'autres poissons, car ils se battaient et je risquais de les perdre. Je les ai mis prudemment dans le bassin, j'avais peur qu'ils se battent encore mais il n'en a rien été, ils ne se sont plus quittés.

Reproduction de Paretroplus kieneri sub-adultes et alevins se nourissant d'artemias.


Quand un nageait, l'autre suivait; l'un s'arrêtait, l'autre aussi; incroyable! Ils ont attendu assez longtemps avant de pondre. Je me suis rendu compte qu'il y en avait deux toujours dans le même coin, mais l'eau n'étant pas très claire, de la surface je ne voyais pas ce qui se passait au fond. Je les voyais repousser les autres avec énergie, je me suis douté qu'il devait se passer quelque chose d'intéressant. J'ai donc plongé et ai vu une plaque d'oeufs importante qu'ils ont bien surveillée, je ne m'étendrai pas plus sur le mode de reproduction car je n'ai pu observer que peu de choses mais, étant donné que c'était la première, j'ai ramassé les alevins dès la nage libre et les ai élevés. Ces alevins étaient vraiment très particuliers, jamais je n'en ai vu comme cela. Tout petits ils avaient une allure particulière parce que l'avant et l'arrière du poisson étaient presque transparents, disons de teinte claire, et le milieu était sombre: si bien qu'ils semblaient marqués par une large barre noire médiane. Une autre chose assez surprenante est que ces alevins sont toujours groupés, serrés, les uns contre les autres, nageant tous ensemble, toujours dans un espace très réduit. Au fur et à mesure de leur croissance ils sont toujours restés groupés. Tous les autres poissons que j'élève se dispersent dans l'aquarium, nagent tranquillement d'un côté ou de l'autre, surtout quand ils ne sont pas attirés par la nourriture. Ceux-là sont toujours regroupés. La barre noire disparut alors que les jeunes atteignaient 1 cm de long, ça a donc duré un bon mois. Ensuite ils grandissent normalement, ils sont beige clair sans coloration spéciale. Ces kieneri quand ils sont adultes ont un comportement assez spécial. Alors que je plonge dans mon bassin ils sont perpétuellement près de moi, presque à me toucher. On a l'impression qu'ils attendent qu'on soulève des particules au fond de l'eau pour pouvoir trouver des choses intéressantes à manger. Ils me suivent comme mon ombre; je suppose que, quand il y a des Crocodiles dans le lac où ils vivent, ils ont la même attitude car la terre soulevée par le monstre doit libérer des petits animalcules dont ils sont certainement friands. Les autres poissons, quand on plonge dans le bassin ont tendance, quand ils ne sont pas en reproduction, à fuir; eux jamais, dès qu'on fait du bruit ils viennent voir ce qui se passe.
Voilà ce que j'ai pu observer jusqu'à maintenant sur ces trois espèces reproduites. J'attends que toutes les autres espèces que j'ai ramenées grandissent un peu, car il y en a qui ne sont pas encore à maturité (il est tellement plus facile de ramener des jeunes poissons). Certains me plaisent beaucoup, j'aime bien les Paretroplus maculatus, les espèces non décrites, même s'ils n'ont pas les couleurs des poissons du Malawi.