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LA PONTE SUR SUBSTRAT CACHE
avec comme exemple Apistogramma commbrae

par R. ALLGAYER - AQUARIUM 32, STRASBOURG. (Revue Aquarama, 1981)

Apistogramma agassizi. Mâle. (Photos: J Teton)

GÉNÉRALITÉS
Ce mode de ponte est principalement caractéristique aux Cichlidés et Silures.
La ponte sur substrat caché est une forme évolutive et déviée de la ponte sur substrat découvert. Les contraintes de l'environnement ont forcé les diverses espèces à adopter cette forme de ponte. Les incidences morphologiques et éthologiques qui en découlent sont très importantes.
Ce sont souvent des espèces de petites tailles ayant un dimorphisme sexuel marqué qui sont les plus typiques. Le mâle de taille supérieure, possède des nageoires impaires dont les allongements sont plus importants. Il est aussi souvent doté de colorations plus vives. Les femelles adoptent une coloration et un patron particulier pendant le cycle de reproduction. Les espèces lacustres du lac Tanganyika ayant ce mode de ponte n'ont pas développé ces éventails de dimorphisme et d'éthologie. Des espèces comme Cichlasoma nigrofasciatum et Biotodoma cupido ont des mœurs transitoires pour ce mode de ponte. Quant aux Silures, leur dimorphisme est très peu développé, et leurs moeurs pratiquement inconnues. En raison de leur petite taille, ces espèces ne sont pas aptes à lutter contre les prédateurs. L'on peut également hypothéquer que les courants trop violents les ont contraintes à procréer dans des refuges. Des modifications sur la ponte et les oeufs sont nettement discernables. Les oeufs au nombre inférieur (30 â 100) aux pontes sur substrat découvert, sont en revanche plus gros et souvent colorés (jaune, rouge, opaque). Dans ce cas le besoin de mimétisme ne se fait plus sentir. La réserve vitelline étant plus volumineuse, l'incubation et la résorption du sac vitellin demandent plus de temps et il s'avère alors que les alevins à l'éclosion sont plus vigoureux et mieux armés pour affronter les dangers du milieu naturel.

Apistogramma agassizi. Femelle en premier plan L'entree du pot de fleurs a volontairement ete tournée vers l'objectif pour prendre la photo Malgré cette perturbation, le couple s'est livré avec frénésie au rituel de la ponte ne se souciant qu'à peine de ce dérangement. (Photos: J Teton)


Les types de comportements familiaux sont généralement ; paternel-maternel ou mâle-maternel. Pour les espèces du lac Tanganyika ce comportement est du type familial de groupe. Les exceptions comme par exemple la cellule parentale où les deux partenaires s'occupent des mêmes tâches par relais est ici une des caractéristiques la plus représentative de la ponte sur substrat découvert.
Le dimorphisme sexuel bien marqué permet à chaque partenaire de se reconnaitre instantanément. Cela entraîne la polygamie avec pour conséquence la cohabitation de plusieurs femelles sur le territoire des mâles.
L'aquarium devra être agencé en conséquence, â savoir: l'aménagement de nombreuses caches, petits pots de fleurs ou noix de coco qui seront placés dans divers endroits du bac permettant ainsi le choix d'un refuge. Les mâles ne s'occupent que de la défense du territoire et les femelles uniquement des pontes. Un mâle peut défendre plusieurs pontes gardées chacune de près par une femelle. Du fait de cette polygamie, le bac devra être d'une longueur supérieure à 50 cm pour permettre cette répartition territoriale.
Contrairement aux Cichlidés à ponte sur substrat découvert, les Cichlidés "nains" ne touchent absolument pas aux plantes aquatiques. Notons en passant que ces dernières contribuent à la décoration de l'aquarium et au bien être des poissons. Le bac, d'une façon générale devra être décoré comme suit: plantation dense, nombreuses racines, roches formant des cavernes naturelles ou des abris artificiels (notamment pour les espèces fluviatiles). Les espèces lacustres africaines se contentent de roches disposées en étages où les anfractuosités leur offrent suffisamment de refuges.
Les genres occupant des niches écologiques très spéciales (comme: Steatocranus, Leptotilapia, Teleogramma, Plecostomus, Ancistrus, Xenocara) où les turbulences de l'eau entraineraient les larves et les alevins à la dérive, ce mode de ponte semblerait être le meilleur, l'incubation buccale mise à part compte tenu du caractère éthologique de ces divers genres.
Les genres occupant les eaux à forte turbulence préfèrent nettement les caches longilignes et cylindriques que l'on peut facilement remplacer par des tubes de PVC coupés dans leur moitié pour former des gouttiéres(*).
Pour les Silures, l'abri ainsi que la ponte est gardé par le mâle dans le cas de quelques genres.
Biotodorna cupido pratique la ponte sur substrat caché alors que la cellule familiale est du type parental comme la majorité des Cichlidés à ponte sur substrat découvert.
Cichlasoma nigrofasciatum est une espèce ayant un mode de ponte transitoire, caractérisé principalement par le choix d'un substrat particulièrement abrité sans tomber dans l'excès comme chez les femelles du genre Apistogramma qui se cloîtrent avec leur ponte dans l'abri. Cichlasoma nigrofasciatum est également une espèce où le mâle ne partage plus les soins à la ponte et le gardiennage des alevins, alors qu'il intensifie la défense du territoire commun. Cette espèce est monogame et présente une forme de cellule familiale du type parental dévié. Peut être que dans un temps lointain cette espèce aura rejoint le groupe des pondeurs sur substrat caché.
Les espèces lacustres africaines ont un comportement différent des espèces fluviales d'Amérique du sud et d'Afrique. Mes observations (Aquarama n° 52, page 16) sur Lamprologus brichardi et quelques espèces des genres Julidochromis, Chalinochromis, Telmatochromis, Lamprologus dans le cadre des pondeurs sur substrat caché, ont démontré leur caractère à former une cellule familiale de groupe et de type social. Ceci étant possible dans le cas où le nombre de poissons (10 au minimum) dans un bac spacieux (1,50 x 0,60) est suffisant pour former cette cellule et non pas deux à trois sujets, comme c'est généralement le cas dans les aquariums de la plupart des aquariophiles.
Le genre, sinon l'espèce la plus connue, pondant sur substrat caché est Pelvicachromis pulcher avec laquelle je l'espère un certain nombre d'entre vous ont fait leurs "premières armes". Si le choix d'un poisson typique du genre Apistogramma a été préféré comme exemple dans cet article, ceci est dû au mystère qu'il inspire chez bon nombre d'aquariophile, ainsi qu'à sa relative rareté sur le marché aquariophile. La littérature sur ce sujet a été jusqu'à maintenant très discrète ou souvent erronée.

1. Couple d'Apislogramma commbrae mâle à droite. femelle â gauche
2. Biotodoma cupido. Chez ce poisson la cellule est du type familial (fait exceptionnel chez les pondeurs sur substrat caché)
3. Cichlasoma nigrofasciatum. Malgré sa réputation de pondeur sur substrat découvert (qui est d'ailleurs fausse) nous voyons ici une femelle qui a recherché, pour déposer sa ponte, un abri sous forme d'auvent.
4 Teleogramma brichardi. Une des nombreuses espèces néophiles (aimant les courants d'eau) du bassin du Zaire (Congo) dont la maintenance et la reproduction n'est qu'a la portée d'un aquariophile averti.
5. Hypostomus punctatus. Poisson typiquement néophile.
6. Chalinochromis brichardi.
7 Telmatochromis temporalis.
8. Pelvicachromis pulcher Photos. J Teton

 

APISTOGRAMMA COMMBRAE (REGAN, 1906)
Première description: Heterogramma commbrae, Regan, Ann., Mag., Nat., hist., ser. 7 Tome 17, 1906 p. 64.
Synonymie: Heterogramma corumbae Eigenmann & Ward. Ann. Car. Mus. IV, 1907, p. 146, tab. 45, fig. I.
Étymologie: Apistogramma = à ligne latérale incertaine. Commbrae = cette espèce devrait en fait s'appeler corumbae. C'est Regan qui a commis une erreur en lisant une lettre de Eigenmann traitant de cette espèce. Corumbae est le lieu de capture des holotypes prélevés dans le Rio Paraguay au sud du Brésil. Eigenmann a signalé cette espèce dans le Rio Meta. Notons encore qu'elle est également présente dans le Rio Parana, ce qui constitue pour l'ensemble des lieux de capture une vaste répartition géographique.
Description morphologique: Corps allongé, légèrement ovale, comprimé latéralement, nageoire dorsale sur laquelle les épines augmentent jusqu'à la 4e puis gardent la même longueur (D XVI 5-6). Chez le mâle, les rayons mous sont plus longs que chez la femelle. Nageoire anale: A III 6-7, rarement IV 5 ou III 5. Nageoires pectorales légèrement plus courtes que la tète. Nageoires ventrales s'étirant jusqu'à l'anale. Nageoire caudale arrondie. Ligne latérale peu distincte. Taille jusqu'à 5 cm.
Description de la coloration: Coloration très changeante suivant l'âge et le lieu de capture. La coloration de fond des deux sexes est jaunâtre à brunâtre. La partie dorsale est plus sombre avec des reflets verdâtres. Une bande noire traverse le corps du nez à la test de la caudale où elle se termine par une tache. Suivant l'humeur du sujet 6 à 7 bandes verticales peuvent apparaitre, ou disparaitre très rapidement, ou encore n'apparaitre que dans la zone de la bande horizontale formant ainsi une série de taches à intensité alternée. Sous la ligne latérale (partie ventrale) 2 à 4 séries de pointillés s'étirent derrière les nageoires pectorales. Ces pointillés sont particuliers à l'espèce. Une barre noire traverse l'oeil, la joue et la base de l'opercule. Nageoires grisâtres à jaunes, pectorales jaune-clair. Chez le mâle: dorsale, anale et caudale couvertes d'une légère moucheture. Les deux premières épines de la dorsale et la première épine de la ventrale sont noires. Cette coloration de la nageoire ventrale à la faculté de disparaître chez les mâles. La joue et l'opercule sont en partie couvertes de vermiculures brunes et bleues.
Coloration particulière: Lors de la parade nuptiale mâle et femelle intensifient leur coloration, principalement les marques distinctives du corps. Après la ponte, la femelle prend une robe de garde et de surveillance. La coloration du corps de la femelle devient alors un jaune citron très lumineux et les marques (barres céphaliques, épines) prennent une couleur noire profonde. Cette coloration particulière est très importante, nous en étudierons d'ailleurs les conséquences par la suite.

Bac polyvalent pour Cichlidés à ponte sur substrat caché. (Photos: J Teton)


Maintenance en aquarium: Dimensions du bac: 0,50 m x 0,30 m pour 1 mâle et 2 femelles, 1 m x 0,50 m pour 2 mâles et 4-5 femelles. Aménagement du bac: très bien planté, racines et caches en nombre croissant au fur et à mesure de l'augmentation de la population, ceci dans le but de laisser aux poissons le libre choix de l'abri.
Le fond du bac devra être couvert de sable de rivière d'une granulométrie extrêmement fine (Ø 1 mm au max.)
L'eau devra être très limpide, peu agitée (éviter les diffuseurs), pH : 6,5 à 6,9, THf: 5 à 10°, TAC 3-7. conductivité: à 20°C - 100 à 150 µ/Siemens. température de maintenance: 24 à 25°C et de reproduction: 27°C.
Cette espèce préfère une lumière diffuse, les plantes de surface sont ici les bienvenues.

1 Apistogramma commbrae mâle réfugié dans son abri (noix de coco)
2 Apistogramma commbrae femelle qui se couche sur le côté pour se glisser dans l'etroite ouverture qu'elle a laissée entre le monticule de sable et l'ébrèchure du pot
3 Le même pot soulevé montre le monticule de sable qui bouche l'entrée du refuge et la femelle qui monte la garde
4 Telmatochromrs bifrenatus (Premier plan), Julidochromis regani (second plan) Agencement typique d'un bac de reproduction.
5. Apistogramma commbrae jeune de 15 jours
6 Chalinochromis brichardi alevin de 8 jours. Chez les alevins de pondeurs sur substrat cache la pigmentation est beaucoup plus intense et colorée que chez les alevins de pondeurs sur substrat decouvert
7 Crenicara filamentosa mâle. Maintenance difficile. Reproduction extrêmement rare. Cette espèce peut après un long séjour en aquarium mourir subitement sans qu'on puisse en expliquer la cause. Les poissons commercialisés sont exclusivement issus de la pêche
8 Couple de Cynolebias nigripinnis. Ce genre de poisson est égalemenl un pondeur sur substrat caché puisqu'il enfouit ses oeufs dans le sol (Photos J Teton)


Comportement : Cette espèce assez craintive met un certain temps à s'acclimater dans un nouvel environnement. Dans un aquarium de dimensions respectables pour l'espèce (1 m x 0.50 m) et suivant le nombre de sujets, Apislogramma commbrae, déploie toutes les facettes de son comportement. Pour ces dernières dimensions de bac que j'appellerai "standard" pour les espèces du genre, 2 mâles et 4-5 femelles sont à mon avis une population "idéale".
Après une période d'adaptation de 1 à 2 jours où tous les individus se sont réfugiés dans les abris, suit une période d'élaboration de structure territoriale. Les mâles se partagent l'ensemble du bac et se manifestent par des nages rapides, saccadées, toutes nageoires déployées et des mouvements amples de la caudale. C'est principalement aux limites du territoire que ces "messieurs" se jaugent. Dans un bac de cette dimension "standard" les menaces ne prennent pas plus d'ampleur. Dans un bac de dimensions inférieures et à population égale, ces menaces peuvent aller jusqu'à la poursuite continuelle, entrainant des blessures et un traumatisme mortel. C'est à l'aquariophile d'éviter cet état, soit en diminuant la population ou en choisissant un bac approprié. Cette dernière solution est de loin la meilleure.
Lorsque une ou plusieurs femelles sont arrivées à maturité ovarienne (le mâle étant polygame), elles déploient tous leurs charmes afin d'attirer ses faveurs. Deux ou trois femelles peuvent cohabiter sur le territoire du mâle et simultanément solliciter sa compagnie. Avant la ponte, la femelle a une coloration identique au mâle, la taille ainsi que la nageoire dorsale permet de la distinguer aisément. Par des courbes en arc de cercle, des battements de la caudale très saccadés, toutes nageoires impaires collées au corps, suivie par une nage (nage pilote) vers son abri, elle essaie d'attirer le mâle en vue de la ponte. Le dimorphisme sexuel permet là qu'il n'y ait pas de longue préparation à la formation du couple, contrairement aux espèces pondant sur substrat découvert. Plusieurs tentatives de la part de la femelle sont nécessaires pour attirer le mâle dans son refuge. L'observation de la ponte (sensus stricto) est extrêmement difficile pour le genre Apistogramma (entre autres), le moindre dérangement peut entrainer des conséquences imprévisibles (arrêt total de la ponte, œufs pouvant être dévorés). La ponte dure en moyenne une demi-heure, la fin se signale par l'expulsion du mâle qui se fait littéralement "mettre à la porte" par la femelle.
A ce stade, la femelle prend une coloration particulière, qu'elle gardera jusqu'au début du cycle de ponte suivant. L'ensemble du corps est jaune citron avec des marques particulières. Ces marques se caractérisent par la barre oculaire, les deux épines de la dorsale et une tache ventrale entre les nageoires ventrales. Ces marques sont toutes d'une couleur noire veloutée. La barre corporelle horizontale s'estompe, ainsi que la tache, sur la racine de la caudale.
La femelle poursuit le mâle dans les derniers retranchements de son territoire pendant environ 1 jour (conditionnement). Ce but atteint, elle s'installe dans son abri et commence à édifier un monticule de sable à l'entrée de son refuge, ne laissant qu'un intervalle pour son passage en position latérale. Impossible pour le mâle de forcer ce passage avec une "tigresse" de l'autre côté du monticule.
Pendant l'incubation des œufs qui dure 5-6 jours à 25°C, la femelle reste cloitrée dans son abri. Lorsque le stade de résorption vitelline est atteint, la femelle commence à dégager progressivement le monticule, préparant la sortie des alevins. A ce stade, la femelle devient un réel danger pour le mâle, particulièrement dans un bac exigu. C'est par des nages rapides vers le mâle, toutes nageoires impaires déployées, qu'elle l'intimide, particulièrement en position latérale pour donner une impression de volume. Lorsque le bac est exigu, elle poursuit le mâle et le mord aux nageoires anale et caudale. Il ne faut pas considérer la femelle comme une "Mante religieuse" car la mort du mâle dans ce cas est exceptionnelle et par la faute de l'aquariophile.

Aequidens geayi un pondeur sur substrat caché. (Photos: J Teton)


Les alevins: La première sortie des alevins est très passionnante à observer. En premier, la femelle sort de l'abri et se place avec la tête en face de l'ouverture. La coloration et les marques corporelles sont en fait des signaux visuels pour les alevins (petites saccades brusques qu'elle provoque par des nages arrière) lui permettant de les attirer à l'extérieur. L'empreinte exercée par ces figures corporelles sur les alevins est très forte. Elle permet à la femelle encore après 15 jours d'attirer les alevins afin de les tuer ou de les chasser. La femelle ne tolère aucun alevin dans le bac après une nouvelle ponte, cela afin de préserver une place et une quantité de nourriture suffisante pour les futurs alevins.
Les alevins peuvent se nourrir de nauplies d'artémias dés leur sortie de l'abri. Leur taille est de 2-3 mm. La surveillance de la femelle est sans faille. Lorsque la nourriture est riche, la concentration des alevins est limitée dans un rayon de 3-4 cm, la femelle se place à environ 2 cm au-dessus du nuage d'alevins. Quand elle se fait rare, les alevins partent à sa recherche et le rayon augmente. La femelle patrouille autour des alevins, et les plus éloignés sont pris en bouche et recrachés vers le centre. Vers le soir, les alevins sont progressivement attirés vers l'abri, les retardataires sont happés par deux ou trois et crachés sous l'abri. Si la femelle laisse au mâle l'occasion de s'approcher des alevins, celui-ci les ignore totalement. Les alevins ont une croissance lente qui est de règle pour ce genre. Les pertes sont peu nombreuses sous des conditions normales d'hygiène. Ils atteignent une taille de 8-10 mm en 1 mois et sont à maturité sexuelle à 7-8 mois. Les frictions entre les alevins débutent à partir d'une taille de 2-3 cm.
Je termine ici la description de cette espèce dont les divers aspects sont valables pour un certain nombre de genres comme: Crenicara, Nanarara, Taeniarara. Nanochromis, Pelvicachromis, avec toutefois quelques variantes de comportement suivant l'espèce.
Les Silures :
Les Silures occupant les torrents et rivières à courant rapide sont dotés d'un appareil fixatoire buccal. Ils ont en général des structures éthologiques à plusieurs variantes. Ce sont généralement les mâles qui gardent le nid. Les espèces des rivières à courant lent pratiquent généralement l'incubation buccale. Leur comportement est difficile à observer, leurs mœurs étant principalement nocturnes.
Peu populaires, et souvent considérés à tort comme "aspirateurs " par la plupart des aquariophiles, leur introduction individuelle (par unité) dans le bac n'a pu favoriser des comptes rendus de reproduction. Voici brièvement ma conception pour leur reproduction, et principalement pour les genres d'Amérique du Sud : eau pH: 6-6,9 ; TH f: 5-10° ; conductivité à 20°C: 100 à 150 µ/Siemens ; température: 19 à 23°C. Bac: 1,00 x 0,50 x 0,30 m. Le substrat sera principalement constitué de sable de rivière, roches, quelques tubes de P.V.C. de 40 à 60 mm de diamètre et de longueurs différentes. Une chose très importante est l'utilisation d'une turbine ayant une puissance suffisante, pour permettre au courant de rejet d'atteindre l'ouverture des tubes. Ces tubes coupés seront adoptés d'office. L'introduction de plusieurs sujets jeunes (10) de 4-5 cm qui, suivant l'espèce, atteindront l'âge de reproduction après 1-2 années. Dans ce domaine, la patience est la première des vertus.
Quant aux espèces lacustres, principalement celles du lac Tanganyika. leur maintien en aquarium ne pose pas de problème particulier. La seule difficulté est la reconnaissance des sexes. Un bac spacieux (1,50 x 0,60 m) avec 15-20 sujets permet d'observer correctement ces diverses espèces. Plusieurs générations et pontes se bousculent dans de tels bacs, les pontes y sont difficiles à observer. L'aquariophile constate généralement la reproduction de l'espèce lorsque les larves ont atteint la nage libre. Plusieurs auteurs signalent des pontes surveillées et soignées par un trio (ou plus) mais rarement par quatre sujets, et celles-ci principalement spécifiques aux genres Lamprologus (brichardi, petrirola. Ieleupi) et Julidochromis (toutes les espèces). Ces faits troublants m'avaient incité à pousser plus en avant mes observations dans ce domaine particulier.
Ce groupe particulier de pondeurs sur substrat caché que sont ces espèces lacustres, a un mode de reproduction plus mystérieux, car ils n'hésitent pas à pondre dans des abris artificiels, mais les empilements de roches leur sont plus appropriés. La croissance des alevins est lente. Les larves sont dotées d'un crochet ou ventouse céphalique permettant leur fixation sur un support jusqu'à la nage libre.
Ce mode de reproduction quoique très élaboré, comparé aux pondeurs sur substrat découvert, n'est pas le sommet de la protection des alevins et des œufs. Celui-ci est atteint avec les espèces pratiquant l'incubation buccale. Cette évolution va de pair avec des modifications morphologiques et éthologiques, sauf pour quelques espèces d'exceptions.

Julidochromis dickfeldi. (Photos: J Teton)

 

TABLEAU COMPARATIF DES INCIDENCES MORPHOLOGIQUES
ET ETHOLOGIQUES AUX MODES DE PONTE

 

(*) Voir Aquarama n° 58: Les substrats de ponte artificiels par R. Allgayer.