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Planctonophages et filtreurs

par P. WILKENS (Aquarama - 1982) / adapté par Jean SCHNUGG
Dans la mer, berceau de la vie, de nombreux groupes d'animaux qui se nourrissent d'une manière stupéfiante se sont formés au cours des millions d'années que dura le développement du règne animal. Leur seule activité consiste à laisser circuler l'eau de mer riche en matières nutritives à travers certaines parties de leur corps ou d'y prélever des animalcules à l'aide d'organes préhenseurs hautement développés.

Spirobranchus giganteus dans un corail pierre du genre Porites. Photographié en Thailande par H. KIPPER


C'est surtout pour les algues que l'eau de mer constitue un bouillon nutritif. Dans les couches supérieures éclairées, la zone euphotique de la mer, se développent dans les cycles perpétuels de la nature d'immenses quantités de minuscules algues en suspension, le plus souvent unicellulaires, le phytoplancton. Ce sont les producteurs primaires du matériel organique dont dépendent, directement ou indirectement, tous les animaux marins. Nous devons considérer les algues planctoniques comme élément de base d'une immense pyramide alimentaire. De nombreux animaux se nourrissent directement du phytoplancton qui flotte dans l'eau.
Ces herbivores constituent à leur tour la nourriture pour d'autres groupes d'animaux qui eux sont dévorés par les carnivores. Ainsi, et tout particulièrement dans la mer, nous pouvons observer de longues et compliquées chaînes alimentaires à l'extrémité desquelles se trouvent les bactéries qui décomposent toutes les substances organiques par des processus d'oxydation compliqués, pour finalement les minéraliser, c'est-à-dire les transformer en eau, dioxyde de carbone et divers sels minéraux qui seront ensuite à la disposition des plantes sous forme de matières nutritives.
Le zooplancton est constitué par un important groupe d'êtres vivants qui se nourrissent de phytoplancton en filtrant l'eau de mer. Les millions de crustacés marins minuscules, les vers, et surtout les formes larvaires de la plupart des animaux marins qui flottent toutes plus ou moins dans l'eau, constituent ce que nous appelons le plancton. Grâce à des organes préhenseurs ou de filtration, en partie hautement développés et spécialisés, ces êtres vivants prélèvent leur nourriture dans la mer. Selon la loi de " manger et être mangé ", ils représentent à leur tour la nourriture pour de nombreux autres animaux. Parallèlement aux plus grands animaux mangeurs de plancton, tels que les méduses, les seiches et les crabes, ainsi que certains poissons, ce sont principalement de nombreux animaux marins sédentaires qui se nourrissent de zooplancton.
Le phytoplancton et le zooplancton ne sont pas les seules nourritures de base pour de nombreux animaux marins. Les substances organiques en suspension provenant de la décomposition de matériel végétal et animal sont également une bonne source de nourriture pour certains animaux. Sous l'influence de la lumière, surtout des U.V., ainsi que par la turbulence permanente de l'eau, des substances organiques colloïdales et semicolmicelles. Ces dernières sont aspirées en tant que matières nutritives par les animaux qui ne mangent que des particules très fines et principalement par les éponges, par divers coquillages et jusqu'aux ascidies ou tuniciers sédentaires.

Dans l'aquarium la croissance de Clathria spongodes est excellente.


Si nous considérons la mer comme source primaire de la vie, nous ne serons pas étonné de trouver au début du développement animal des êtres vivants qui se sont spécialisés dans la filtration de l'eau de mer pour y puiser leur nourriture : les éponges. Durant longtemps on croyait que les éponges étaient des plantes et on les attribuait au groupe des animaux-plantes ou zoophytes. Elles ne possèdent pas de vrais organes. Leur corps est composé de cellules spécialisées qui accomplissent plus ou moins les mêmes fonctions que celles assumées par les organes chez les animaux supérieurs.
De nombreuses formes d'éponges se sont conservées durant des millénaires, principalement dans les mers tropicales. Elles sont très appréciées par les amateurs d'aquariums marins et surtout par ceux s'intéressant plus particulièrement aux invertébrés. Hélas, beaucoup d'espèces importées des zones tropicales et subtropicales sont difficiles à conserver en aquarium. Leur alimentation n'est pas le problème majeur comme on le pense souvent. C'est plutôt la difficulté d'obtenir des spécimens non endommagés et, surtout, qui n'ont jamais été exposé à l'air libre. Dans le fin système des pores l'air est retenu sous forme de bulles minuscules qui détruisent peu à peu le tissu à l'intérieur de l'éponge. Extérieurement on ne voit rien ou presque, tout au moins au début.
Ce sont surtout les espèces qui ont été ramenées des grandes profondeurs à l'aide d'un chalut qui réagissent mal. L'espèce Phakellia en fait partie. Elle appartient, ainsi que la plupart des éponges colorées, à la classe des éponges communes Demospongia. Certes, les spicules se conservent longtemps en aquarium mais le pâlisse-ment progressif de la belle couleur orange indique le dépérissement de la colonie.
Les éponges Halichondria, Haliclona et lotrochota se conservent beaucoup mieux. Elles sont largement répandues, on les rencontre dans toutes les mers tropicales et subtropicales, ainsi que, en partie, dans les mers tempérées. Les espèces Haliclona madrepora et Haliclona permollis, de couleur bleu-foncé à bleu-gris, se conservent très bien. Dans l'aquarium, en les plaçant à un endroit ombreux ou sombre, elles ne sont pas envahies par les algues et leur croissance continue très bien.

Heterometra savignyi, une des rares comatules tropicales s'acclimatant bien en aquarium.


Celles qui appartiennent au genre Clathria sont également des pensionnaires agréables et sans problèmes. Elles sont de couleur jaune à orange, rarement beige à brun. Leurs colonies encroûtantes peuvent se développer magnifiquement, surtout dans des aquariums marins fonctionnant depuis longterrips. Outre la très belle espèce tropicale et subtropicale Clathria coralloïdes qui ressemble à un corail pierre, d'autres espèces, telles par exemple Clathria seriata et Clathria spongodes sont fréquemment importées.
Il est surprenant de constater que des blocs d'animaux sains, qui ne comportent aucune partie morte, ne sont pratiquement jamais envahis par les algues, même si on les place à un endroit bien éclairé. Bien que la plupart des éponges les plus colorées croissent dans la pénombre, il existe quelques formes, notamment dans la mer des Caraïbes, qui se rencontrent en eau peu profonde et très éclairée. On suppose qu'elles sécrètent des substances chimiques défensives qui empêchent qu'elles soient envahies par les algues ou deviennent victimes d'animaux mangeurs d'éponges. Les éponges sont des filtreurs produisant un courant d'eau continu qui irrigue les cellules de la cavité centrale. Ce courant est dû aux battements des flagelles (Choanocytes) ou cellules à collerette qui retiennent au passage les fines particules en suspension. L'eau sort ensuite par une ou plusieurs grandes ouvertures, les oscules.

Haliclona madrepora (bleu) et lotrochota purpurea (rouge clair). Ces éponges encroûtantes se développent bien dans l'aquarium.


Dans l'aquarium les espèces citées ci-dessus, ainsi que quelques autres, par exemple Euspongia officinalis (notre éponge de toilette), Hippospongia communis, celles des genres Suberites, Pseudosuberites et Tethya, se conservent très bien. On leur distribue toutes sortes de nourritures sèches ou lyophilisées réduites en poudre, y compris la nourriture floconneuse distribuée aux poissons d'ornement. Des fragments de levure ayant la taille d'un petit pois sont également excellents comme aliment de remplacement. On dilue toutes ces substances nutritives, après les avoir réduites en poudre, dans un peu d'eau de mer, on laisse un peu épaissir, puis on les introduit au-dessus de la colonie d'éponges. Deux à trois fois par semaine on ajoute quelques gouttes d'une solution vitaminée proposée par le commerce. Cela contribue à ce que les éponges gardent leurs magnifiques couleurs. J'obtiens également de très bons résultats en employant une nourriture vendue chez nous en Allemagne pour l'élevage des truites. Cette nourriture contient une grande quantité d'Astaxantin qui est un colorant apparenté au carotène des écrevisses. Ce sont surtout les éponges jaunes et oranges qui conservent et renouvellent ainsi leurs splendides couleurs. De plus, je distribue aux éponges tropicales dans mon aquarium-récif des algues en suspension que je cultive sur le bord de la fenêtre et sur le balcon dans un bocal en verre empli d'une vieille eau de mer.

Halocynthia papillosa. A gauche un oursin Sphaerechinus granulatus.


De temps en temps j'introduis dans le bocal un fragment de la grosseur d'un petit pois de viande de poisson ou de moule afin que les algues puissent bien se multiplier étant ainsi suffisamment approvisionnées en déchets organiques et anorganiques. Je verse une à deux fois par semaine 50 à 100 ml de ce bouillon nutritif dans l'aquarium, surtout au printemps, en été et en automne.
LES COELENTÉRÉS
Presque tous les Coelentérés se nourrissent exclusivement de zooplancton. Parmi les animaux-fleurs (Anthozoaires) se trouvent de nombreux planctonophages très appréciés par les aquariophiles marins. Voici trois exemples parmi ces animaux décoratifs.
La sous-classe des Anthozoaires à huit tentacules (Octocorallia) nous offre la possibilité de pouvoir observer en aquarium leur façon de se nourrir. Certains coraux mous (Alcyonaires) sont des sujets particulièrement intéressants et attrayants. Ainsi le corail champignon Sarcophyton glaucum avec ses grands polypes secondaires qui peuvent atteindre jusqu'à 5 mm, se prête particulièrement bien pour étudier la construction et la fonction de ces pièges à plancton perfectionnés. Les petits polypes qui chez ce corail occupent seulement la partie supérieure du chapeau en forme de champignon, sont équipés de huit fins tentacules plumeux. Le nombre de 8 pour les tentacules est le signe caractéristique typique pour tous les Octocorallia.
Tout animalcule planctonique qui reste accroché parmi les centaines de fins tentacules est retenu, puis amené vers la bouche. Il n'est pas indispensable que cette nourriture soit vivante, mais elle doit obligatoirement être d'origine animale.
Les coraux mous des eaux tropicales peu profondes, appartenant en majeure partie à la famille des Alcyoniidae, se conservent très bien en aquarium sous un bon éclairage. Sarcophyton et Sinularia, ainsi que le genre Lobophytum, nécessitent pour leur bien-être beaucoup de lumière, un bon brassage de l'eau et de temps en temps du plancton de remplacement sous forme de viande de crustacés, viande de poulpes, viande de poissons, Artémias, Daphnies, Copépodes, toujours séché et lyophilisé puis réduit en poudre ou très fines miettes. Le commerce spécialisé propose actuellement un choix de nourritures sèches provenant directement ou indirectement de la mer et qui permettent de nourrir correctement les animaux-fleurs dans nos aquariums marins. De plus, les coraux mous des eaux peu profondes qui contiennent tous des algues symbiotiques ou zooxanthelles, peuvent également tirer profit du métabolisme de leurs hôtes végétaux.

Mopsella aurantia demande une bonne turbulence de l'eau et du zooplancton très fin.


Parmi les Octocoralliaires nous trouvons d'autres planctonophages : les Gorgonacea. L'espèce Mopsella aurantia, très peu branchue mais avec de très gros polypes secondaires, est facile à nourrir en aquarium grâce aux substances nutritives énumérées ci-dessus. Elle a besoin d'une grande turbulence de l'eau afin que les petits polypes de couleur jaune-orange, avec huit minuscules tentacules plumeux, puissent s'étaler entièrement. Les blocs sains savent d'ailleurs très bien se préserver de l'envahissement par les algues et même des algues filamenteuses ne s'y fixent pas, probablement parce que ces animaux sécrètent également une substance défensive. Par contre, si le squelette est dénudé à un endroit quelconque, il faut s'attendre à ce que les algues s'y fixent. Mieux vaut donc couper l'endroit lésé à l'aide de ciseaux bien tranchants pour obtenir une surface lisse.
Les animaux-fleurs à six tentacules (Hexacorallia) font également partie des planctonophages, exception faite pour quelques actinies qui se nourrissent de minuscules organismes animais en supension. Parmi l'importante sous-classe, citons à titre d'exemple les anémones encroûtantes (Zoantharia). L'ordre des zoanthaires contient principalement des petites anémones sédentaires qui ressemblent à du corail. Elles sont très répandues dans les zones d'eau peu profondes des mers tropicales et subtropicales.
La plupart des 200 espèces forment des colonies fixées directement sur du substrat mort, sur des roches coralliennes. Souvent elles colonisent égàlement sur d'autres êtres vivants sédentaires. Ainsi il n'est pas rare de trouver des Zoanthus, Epizoanthus et Parazoanthus sur des éponges, des gorgones, des bryozoaires, des tuniciers et autres animaux marins de ce genre. Certaines se fixent à l'aide de leur pied pointu même dans le tissu spongieux de diverses algues marines du genre Halimeda et Udotea.
Chez Epizoanthus les animaux individuels, de couleur beige-brun, atteignent un diamètre d'environ 1,5 cm, la hauteur étant à peu près égale. Une double couronne de fins tentacules sert à capturer les organismes du zoo plancton. Cela se passe comme chez les grandes anémones de mer. Les coraux encroûtants importés des récifs tropicaux demandent beaucoup de lumière, car ils contiennent également dans leur tissu des algues symbiotiques (Zooxanthelles). Cela est tout particulièrement valable pour les espèces du genre Palythoa. Souvent ils se nourrissent uniquement des produits du métabolisme de leurs hôtes végétais. En aquarium on les nourrit de la même manière que les coraux cuirs ou les coraux arborescents. Un nourrissage adéquat assure la multiplication des petites colonies par bourgeonnement de polypes secondaires appelés aussi stolons.
LES FILTREURS
Les Spirographes figurent parmi les filtreurs les plus connus des aquariophiles. Chez ces vers marins nous distinguons deux grands groupes : les sabellaires (Sabellidae) qui ont un tube parcheminé mou et les serpulides (Serpulidae) qui ont un .tube calcaire, Les Spirographes font partie des animaux inférieurs pouvant être maintenus dans nos aquariums marins. L'espèce Sprirobranchus giganteus est très répandue dans les récifs coralliens de l'Indo-Pacifique où elle construit son tube presque exclusivement sur du corail pierre vivant, du genre Porites. Il se trouve alors que le tissu corallien entoure progressivement les tubes calcaires et, le temps aidant, il dépose lui-même encore d'importantes quantités de calcaire sur ces tubes. Cela fait que ces derniers pénètrent souvent profondément dans le squelette corallien déjà en partie mort.
Les Spirographes se nourrissent de divers organismes en suspension, surtout de minuscules algues unicellulaires. Dans l'aquarium on peut employer en remplacement diverses préparations planctoniques liquides, tel par exemple " Liquifry marin ". Toutes les nourritures énumérées plus haut pour les éponges sont également valables pour les Spirographes, y compris la levure. En aquarium les Spirographes sont souvent victimes des crevettes curieuses et éternellement en quête de nourriture. La très belle crevette nettoyeuse Hippolismata grabhami, ainsi que celles des genres Palaemon, Saron, Rhynchocinetes, etc., introduisent souvent par surprise leurs longues pinces dans le tube et retirent le ver. Il vaut mieux faire cohabiter ces vers marins exclusivement avec d'autres planctonophages et filtreurs dans un aquarium marin bien rodé et où croissent beaucoup d'algues. Les substances de réserve libérées dans l'eau par les algues marines, ainsi que divers polysaccharures et polypeptides, constituent une excellente alimentation de base pour de nombreux filtreurs.

Lima scabra, la moule lime, fixée entre des roches et des algues rouges.

Les mollusques bivalves représentent le plus important groupe de filtreurs aux formes multiples. La moule lime Lima scabra est la plus intéressante pour l'aquarium. Cette espèce, une des plus grandes de sa famille, vit dans la mer des Caraïbes, dans les zones ombragées de ses récifs coralliens, et surtout dans les prairies d'algues et de varech. Leur pied est riche en glandes à byssus à l'aide desquelles la moule se fixe aux roches, aux coraux ou entre les algues, en produisant des filaments gluants qui durcissent sous l'action de l'eau de mer, tout en restant élastiques.
Notre moule européenne Mytilis edulis est étroitement apparentée à cette moule tropicale Perna viridis de l'Indo-Pacifique qui se conserve très bien en aquarium.

Le genre Mytilus produit également ce clisse de byssus. Lorsque la moule s'est fixée sur un substrat adéquat, elle ouvre ses valves ovales et présente son merveilleux manteau avec ses longs tentacules. Ces tentacules sont très sensibles et au moindre contact la moule se ferme rapidement pour les abriter. Diverses expériences ont permis de constater que ces tentacules permettent à la moule de repérer ses ennemis mortels, les étoiles de mer, à une distance de 20 cm et plus. Dès l'approche de son ennemi, la moule quitte son substrat et s'éloigne rapidement par nage désordonnée provoquée par les mouvements de ses deux valves. Par ces mouvements l'eau est aspirée par l'avant puis expulsée par deux ouvertures latérales.
En général les moules limes se conservent moins bien en aquarium que d'autres mollusques bivalves. Deux ans semblent être le maximum de durée de vie en aquarium. Certes, ces animaux ne peuvent vivre que des plus fines particules en suspension qu'elles filtrent de l'eau. Tout ce qui dépasse une taille de 1 à 2 microns (1 micron = 1 millième de millimètre) ne peut être absorbé. Les matières nutritives citées plus haut pour les éponges donnent encore les meilleurs résultats en aquarium. En aucun cas il faut les faire cohabiter avec des étoiles de mer car celles-ci dérangent continuellement les moules ce qui raccourcit encore davantage leur vie.
Les crinoïdes et comatules sont également des filtreurs. Actuellement ce sont surtout Heterometra, Comatula et Mariometra qui sont importées et qui nous parviennent en parfait état. Ces animaux très délicats doivent être maintenus dans un aquarium spécial réservé aux invertébrés où ils se conservent d'ailleurs très bien. Les comatules mangent du zooplancton et phytoplancton. En aquarium ils sont faciles à nourrir, il suffit de leur offrir le même plancton de remplacement qu'aux animaux-fleurs. Une alimentation riche en calcaire est recommandée, je leur donne de préférence des crustacés, daphnies séchées, etc., réduits en poudre. Ils régénèrent alors plus facilement certaines parties détruites, voir même des bras entiers arrachés.
Paracucumaria tricolor est un agréable pensionnaire pour l'aquarium d'invertébrés.


Parmi les Holothuries on trouve également de nombreux filtreurs. Une espèce est particulièrement appréciée par les amateurs : Paracucumaria tricolor de l'Indo-Pacifique. Cette très belle concombre de mer s'ancre de préférence parmi les grandes branches d'Acropora, de Pocillopora et d'autres coraux arborescents. Si on veut en profiter pleinement en aquarium, il faut leur offrir ce genre de substrat en plus d'une forte turbulence de l'eau. En aquarium on les nourrit avec les nourritures énumérées à plusieurs reprises dans cet article. Les particules organiques flottants dans l'eau restent accrochées aux tentacules et sont amenées vers la bouche. Deux P. tricolor vivent depuis plusieurs années dans mon aquarium-récif où elles se sentent très à l'aise, ce qui ne serait pas le cas dans un bac dans lequel elles seraient obligées de cohabiter avec des poissons et des invertébrés qui se déplacent constamment.
Les ascidies, classe des Ascidicea, font partie de la tribu des tuniciers. Halocynthia papillosa figure parmi les plus belles et les plus décoratives ascidies. Elle aspire l'eau qui entre par l'ouverture située en haut de son corps en forme de sac. Les particules nutritives sont retenues, enrobées de mucus puis amenées dans l'intestin, tandis que l'eau filtrée sort de l'animal par une ouverture latérale après avoir traversé la cavité péribranchiale.
Cette espèce, de couleur rouge à jaune-rouge, ne supporte pas de température au-dessus de 20°C. D'autres espèces tropicales ou subtropicales du genre Polycarpa, Styella et Pyura supportent très bien des températures élevées.
En aquarium l'alimentation des ascidies correspond à celle des éponges, des animaux-fleurs colonisants et des spirographes. Les espèces colonisantes, des genres Eudisoma, Didemnum, Tridemnum, Molgula, etc., se reproduisent très bien dans l'aquarium.
Cet article n'est qu'un aperçu d'un groupe d'animaux qui représente pour l'aquariophile marin une riche source d'observations et d'enseignement.
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