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TANGANYIKA 2010 EN DIRECT

Robert Allgayer, Aurélien Sapolin, François Semence et Roland Staub sur les rives du lac Tanganyika.

Ces quatre aquariophiles bien connus, seront en effet au Burundi, du 15 février au 9 mars.

15 février 2010 : Ils sont sur le départ !!!
Robert, Aurélien et Roland rejoignent l'aéroport de Francfort depuis Strasbourg. François part de Roissy CdG et rejoint les 3 compères alsaciens sur l'aéroport de Francfort. Décollage prévu à 22h40 sur un vol d’Ethiopian Airways pour une escale avec changement d’avion à Addis Abeba. Ils atterriront à Bujumbura, capitale du Burundi, à 13h20 (heure locale) demain.

Le lac Tanganyika
Le lac Tanganyika, dont l'âge est estimé à 10/12 millions d'années, se situe dans la faille de l'Afrique centrale encore appelée "Rift Valley". D'une superficie de 32000 km2, il est long de 700 km, sa largeur maximum atteint 80 km et sa profondeur maximum atteint 1 470 mètres (fosse de Zongwe). Quatre pays le bordent : outre le Burundi, but de nos quatre amis cichlidophiles, la Zambie, la Tanzanie, et la République Démocratique du Congo.

70% des espèces qui peuplent le lac Tanganyika sont endémiques ce qui s'explique par l'isolement des populations successives dû aux diverses variations du niveau de l'eau pendant des milliers d'années. Ce sont les espèces inféodées au littoral qui se sont le plus spécialisées. Le genre Tropheus présente, par exemple, près de 120 formes géographiques différentes.

Le lac Tanganyika subit de plein fouet les effets de l'explosion démographique de ses rives. Les besoins nutritionnels entrainent des prélévements inconsidérés notamment sur les espèces pélagiques. Le déboisement des rives, fournissant le bois de chauffe et permettant la fabrication de charbon de bois, entraîne une érosion très importante se traduisant par de véritables torrents de boue lors de la saison de pluies. Les sédiments ainsi déposés empêchent, par différents processus, le développement de la couche d'algues de substrat indispensable à de nombreuses espèces.
Pour en savoir plus sur le lac et sa population, nous vous invitons à consulter l'article de Jean-Luc Ravard.


16 février : L'aventure commence

Nos quatre cichlidophiles se sont posés sur l'aéroport de Bujumbura en début d'après-midi (15h20 heure française) après une escale à Addis-Abeba.
Le temps est couvert avec des risques d'orage violents et une température de 29°C.
Ils n'ont pas encore pu donner de nouvelles, probablement trop occupés à débarquer leur matériel et à rejoindre leur camp de base.

Un habitant très particulier
En attendant leur récit, profitons-en pour faire connaissance avec un habitant très particulier du lac Tanganyika, nous voulons parler de GUSTAVE.
Gustave n'est pas très apprécié par ses voisins riverains du lac. Pour tout dire, il est même redouté. Il faut reconnaître qu'il n'a d'ailleurs rien fait pour être aimé de la population locale puisque, occasionnellement, elle lui sert de repas.
Gustave est en effet un crocodile, plus précisément un crocodile du Nil. Il passe pour être "géant" avec près de 7 mètres de long pour environ une tonne. Ce serait le plus gros crocodile connu. Certains le disent centenaire. Il est accusé d'avoir dévoré une centaine d'être humains (300 selon d'autres sources) depuis 1995. Ce chiffre semble exagéré pour les spécialistes qui soupçonnent les habitants de lui imputer des disparitions d'origine inconnues sinon crapuleuses.
A l'initiative de Patrick Faye, français établi au Burundi, de nombreuses tentatives de capture ont échoué. Gustave à fait l'objet d'un film diffusé par France 3 : Le monstre du Tanganyika.
Aujourd'hui, Gustave se promène toujours. Il est signalé ça et là, dans le lac, pas très loin de l'embouchure de la rivière Ruzizi ou dans la rivière même. Gustave est devenu un véritable mythe.
Nos quatre compères ont donc quelques chances de faire sa connaissance ... de loin, espérons le. De toute façon, ils sont indigestes et, comme l'a précisé François avant le départ, "il ne bouffe que du Robert". Il y en au moins trois qui sont rassurés.


18 février : Enfin des nouvelles !

Nous pensions avoir, ces dernières 48 heures, quelques nouvelles de nos quatre amis. Malheureusement aucun contact n'a pu être établi. Très certainement un problème de communication comme il en existe malheureusement dans une bonne partie de l'Afrique... Et enfin, ce matin, un courriel et quelques photos. Tout va bien malgré la météo très orageuse et 37°C.
C'est un retour pour les trois plus anciens qui sont déjà venus il y a 20/25 ans et qui vont servir de guide à Aurélien pour sa première visite. Première bonne nouvelle : Le lac est toujours en bonne place.
Comme prévu, l'installation a pris un peu de temps même si un véhicule "correct" a pu être trouvé rapidement. Rendez-vous a aussitôt été pris avec les pêcheurs pour une "prise de contact" avec le lac.
La journée du 18, profitant d'un déplacement de Patrick Faye (NDLR - dont nous avons parlé à propos de "Gustave"), leur a permis d'aller à la rencontre d'une tribu de Batwas, pygmées du Burundi.
Rencontre avec les Pygmées
Une association Française a développé un foyer à bois pour cuisiner, économiser le combustible (le bois) et supprimer une grande partie de la fumée. Patrice Faye, qui vient en aide à un groupe de Pygmées, décide de faire une comparaison entre le système traditionnel et le prototype.
Nous les accompagnons dans leur démarche au cœur de la forêt où nous rencontrons des gens extraordinaires, les Twa (Batwa).
En chemin nous prenons en « stop » un groupe de femmes et enfants Pygmées, leur joie de vivre et leurs chansons nous ont réjoui durant les quelques kilomètres parcourus ensemble. "Nous n'oublierons jamais leurs chants et ce fut un grand moment d'émotion lorsque certains d'entre eux ont accepté de monter dans notre véhicule".

Des autostoppeurs imprévus, une famille de Pygmées François, Patrick Faye et les enfants pygmées
Habitat en forêt des Pygmées Préparation du repas
Tout le monde s'affaire autour du foyer Comparaison de deux modes de cuisson
Prototype d'un foyer "eco" Chef Pygmées

Sur place, la comparaison pour nous est évidente: d'un côté 3 pierres composent le foyer et de l'autre un « bidon ». A la fin du test, le bidon a brulé 5 fois moins de bois et n'a dégagé pratiquement pas de fumée. Les Pygmées ont surtout retenu que la fumée gênait moins les femmes lors de la préparation des repas, mais aussi qu'ils avaient bénéficié d'un bon repas.
Après nous avoir montré leurs chasses et fait visiter leurs ruches, nous prenons congé. Sur le chemin du retour nous nous interrogeons à ce qui peut bien les rendre si heureux...


19 février : Cap au sud, direction Nyanza-Lac

La journée d'aujourd'hui verra le départ vers Nyanza-Lac.
Sur la route de Nyanza-Lac, la côte a été considérablement modifiée. Là où il ne se trouvait rien, des habitations se sont implantées tout le long du rivage. Des bananeraies atteignent le bord du lac.
Nous nous arrêtons à Magara, pour une reconnaissance. Robert et Aurélien se mettent à l'eau, pendant que Roland et François assurent la maintenance.

Nyanza-Lac
Situé à 130 km au sud de Bujumbura, dans la région de l'Imbo, Nyanza-Lac est notamment constitué d'un promontoire surplombant le lac Tanganyika. De là, nos quatre amis auront vue sur une large baie avec une immense plage sableuse, base de départ d'une petite flotille de pêche constituée de Pirogue. A l'horizon, vers le sud, la Tanzanie.
C'est à Nyanza-Lac que John H. Speke (1827-1864) et Richard F. Burton (1821-1890), deux célèbres explorateurs anglais, arrivent sur les rives du lac Tanganyika en février 1858 alors qu'ils recherchent les sources du Nil. Ils sont les premiers européens à l'admirer. Burton étant malade, Speke part seul vers le nord et découvre alors le lac Victoria (3 août 1958), persuadé qu'il s'agit là des sources nilotiques ce que Burton contestera toute sa vie.
Le récit de cette expédition a fait l'objet d'une ouvrage édité en 1991 chez Phebus (collection D'ailleurs, le tour du monde). Cet ouvrage est malheureusement épuisé mais se trouve épisodiquement sur certains site de vente aux enchères sur internet.


Premières observations de Tropheus, Eretmodus sp. nord, Masta, Limnochromis horei. A peine arrivés, le propriétaire des lieux nous informe qu'un hippopotame hante le site. Le seul que nous ayons vu ressemblait à ... un alsacien bien connu !!!
Bientôt nous sommes entourés d'une cinquantaine de personnes, hommes, femmes, enfants et trois militaires nous observent. Ces derniers disent assurer notre sécurité ??? Puis nous reprenons la route en direction de Rumonge.

Après avoir trouvé un hôtel, nous nous mettons à la recherche de pêcheurs. Leur condition de pêche a changé. Fini les gros bateaux, ils utilisent des barques plus petites. Nous leurs montrons le livre sur les cichlidés du Lac Tanganyika. Leur connaissance des espèces est grande, de même que leur intérêt pour les 4 "bazungous" que nous sommes.
Demain nous reprendrons la route pour atteindre Nyanza-Lac en espérant que les coups de soleil attrapés ce jour ne se feront pas trop ressentir.


20 février : Traitement des coups de soleil.

Aujourd'hui changement de programme. Pour atténuer nos cuisants coups de soleil consécutifs aux parties de pêches d'hier, nous décidons de faire une escapade aux sources du Nil.
Depuis Rumonge, la route s'enfonce dans la montagne, elle est en bon état et nous atteignons rapidement Bururi.
Après une halte chez les Sœurs en contact avec une association alsacienne "SOS Burundi", à qui nous apportons médicaments et matériels pour leur communauté, nous reprenons la route ou plutôt la piste.
C'est 30 km de bosses et de trous qu'il nous faut parcourir au milieu de magnifiques paysages.
A l 'arrivée, un mince filet d'eau sort d'un tuyau et nous avons du mal à imaginer que plusieurs centaines de kilomètres plus loin il devienne ce fleuve si majestueux.

 
Sur le chemin du retour nous essuyons un violant orage qui détrempe la piste et ralentit notre progression, merci le 4x4.
Demain, nous continuerons notre descente au Sud en direction de Nyanza-lac.

nota : malgré nos efforts pour vous envoyer des nouvelles, nous nous heurtons aux moyens de communications, lents quand ils marchent, inexistant dans d'autres cas. Certains établissement comme la poste possède un réseau Wifi, mais pas toujours de connexion Web..

23 février : Des sources du Nil aux rives du lac.

Cette fois c'est bien parti. Après une rapide visite aux sources du Nil, nos quatre amis sont de retour sur les rives du lac pour un petit inventaire piscicole, à 7 kilomètres au nord de Nyanza-Lac.
Et voici le résultat de la journée de pêche. Photos prises en plongée et dans un aquarium construit sur place.
Callochromis macrops Callochromis melanostigma
Ctenochromis horei Eretmodus cyanostictus
Eretmodus sp. "Nord" Lamprichthys tanganicanus (mâle)
Lates mariae (juvénile) Neolamprologus callipterus (mâle
Perissodus microlepidotus (mangeur d'écailles) Petrochromis sp.
Simmochromis babaulti Spathodus erythrodon
Tropheus brichardi (juvénile) Xenotilapia boulengeri
 
Xenotilapia flavipinnis  


24 février : Nyanza Lac ... enfin !!!

Nyanza Lac nous ouvre enfin ses portes et, à la bifurcation de la N3, nous décidons de pousser plus au Sud. Après plusieurs kilomètres d'une piste très difficile, nous atteignons une plage à proximité de la frontière tanzanienne.

L'inclinaison du pare-brise vous
donne l'état de la piste
Nyanza Lac


A peine le temps que l'un d'entre nous se mette à l'eau et déjà des dizaines de curieux nous entourent. Un militaire à la tenue impeccable nous demande notre autorisation de pêche (il ne la verra jamais). Au
fait du monde aquariophile, il nous souhaite bonne pêche et s'en retourne.

 
Baie de Nyanza Lac, vue vers le Sud
Baie de Nyanza Lac Rivage de la baie de Nyanza Lac
Haplochromis sp mâle Haplochromis sp femelle


L'eau trouble et les « curieux » auront raison de notre détermination, nous chargeons le matériel et retournons sur Nyanza Lac.
En chemin une petite rivière attire notre attention. Coup d'épuisette sur coup d'épuisette, Aurélien pêche quelques spécimens, sa tenue (sexy) fait beaucoup rire les passants.

Bras d'une petite rivière Coup d'épuisette, remarquez la tenue

Après une pause et bon repas à Nyanza Lac, nous vous retrouverons pour la suite dans les prochaines nouvelles.

Petite plage tranquille, en arrière
plan la Tanzanie
Il n'y a pas que l'aquarium !

nota : Depuis 3 ou 4 jours nous attendions quelques nouvelles de nos quatre explorateurs. En vain. Elles arrivent enfin ce matin et, avec elles, l'explication de ce silence : Aucun opérateur téléphonique, aucun fournisseur d'accès internet n'a encore pensé à doter la forêt équatoriale d'une infrastructure permettant aux Pygmées d'utiliser un téléphone portable ou de se connecter à internet !!!


2 mars : Cap au nord, province de Kirundo

Nous prenons la direction du Nord dans la province de Kirundo à 200 km de Bujumbura.
Cette région abrite plusieurs lacs très peu explorés et elle est limitrophe du Rwanda.
Le premier lac exploré, le lac Cohoha est situé à l'Est et abrite peu d'espèces. Ce sont surtout des tilapia qui y sont pêchés de façon artisanale, à la ligne sur des radeaux confectionnés en tiges de bananiers.
Nous y avons découvert un petit Haplochromis très coloré de 4-5 cm. Les abords du lac sont d'un accès très difficile, deux militaires armés nous ont accompagnés durant une partie de pêche.

Lac Cohoha Aurélien et son fan club, derrière lui un militaire en armes
Haplochromis sp Cohoha Haplochromis sp Cohoha mâle


Nos recherches se poursuivent dans un deuxième lac, le lac Rwihinda, dit lac aux oiseaux. Malgré ce nom évocateur, les oiseaux sont très peu présents, de même que les poissons. Une petite espèce d'Haplochromis différente du lac Cohoha a été découverte.

Roland au Lac Rwihinda Lac Rwihinda, la joie du pécheur
Habitant du Lac aux oiseaux Attention au décollage


Le troisième lac dans lequel nous espérions tremper nos filets se trouve plus au Nord Est, juste à la frontière avec le Rwanda, c'est le lac Rweru et malgré tout nos efforts pour accéder à ses rivages, nous n'avons malheureusement pas trouvé un accès. Les rives composées de marécages sont envahies par les roseaux et sont intensément peuplées. Seuls de minuscules chemins permettent d'atteindre le rivage, en passant dans les propriétés des habitants (sic) et il faut encore parcourir plusieurs kilomètres. Après plusieurs heures de recherches et d'égarement, nous avons renoncé.

Lac Rweru Extrème pauvreté des habitants de la région du Lac Rweru


Bilan mitigé pour ces trois lacs, peu d'animaux – poissons – oiseaux, pas plus de crocodile ni d'hippopotame, victimes de la guerre et d'une population obligée de survivre dans des conditions difficiles en utilisant toutes les ressources qui se trouvaient à proximité. Mais nous avons découvert deux magnifiques petites espèces d'Haplochromis.

3 mars : Points de pêche
Après nos recherches dans les lacs du nord et un rapide passage à Bujumbura, nous descendons à nouveau la route nationale 3.
Une fois notre camps de base établi, nous trouvons deux lieux de pêche plus au Sud, PK 108 et PK116 (points kilométriques).
La clarté de l'eau en ces points nous surprend par rapport à celle observée dans d'autres lieux où les sédiments se mélangent à l'eau du lac, qui prend alors une couleur rouille. Pas besoin de se mettre à l'eau pour observer les Tropheus, Petrochromis, etc dans leur milieu - voir les deux photos prises depuis un promontoire.

Photo prise depuis un promontoir - Vue d'ensemble de brouteurs sur substrat Photo prise depuis un promontoir - Petrochromis sp Nyanza Lac
Robert en apnée Simmochromis sp PK108
Aigle pêcheur Boulengerochromis microlepis
Gnathochromis pfefferi Neolamprologus lemairii
Ophthalmotilapia heterodonta Telmatochromis dhonti
Simmochromis diagramma (Nyanza Lac) Tropheus brichardi adulte
Tropheus brichardi juvenile Acapoeta tanganicae

4 mars : Points de pêche
Chaque jour le temps change, aujourd'hui c'est « tempête » et le lac se trouble, visibilité 50 centimètres, demain sera meilleur. Pendant 3 jours, nous alternons pêche, photos et repos dans ces lieux.
Certains pêchent, d'autres mettent les poissons dans le formol, le désespoir de l'un, le bonheur de l'autre. Mais nous rencontrons des problèmes pour maintenir les poissons vivants, température excessive, manque d'oxygène, surface d'échange trop petite, trajet long et fatiguant.
Comme nous avons trop de perte dans les sceaux avec diffuseur, une solution s'offre à nous : la valise aquarium, ça marche (on vous expliquera).
Demain nous remontons sur la capitale après un dernier passage à Rumongue.

6 mars : L'école de Patrice Faye
Deux jours sans nouvelle et on s'imagine déjà le pire...
Et bien non, ils ont laissé leurs chers poissons quelque temps pour s'intéresser à la vie de la population locale et notamment à la scolarisation. L'alphabétisation très faible des Burundais fait que seuls 10% des enfants peuvent suivre des études secondaires.
École P.I.F. - Ecole d'alphabétisation pour orphelins, indigents et population d'extrême pauvreté
Une association animée par Patrice Faye, monte des écoles pour aider les orphelins et les laissés pour compte.
Elle ne dispose malheureusement que de peu de moyens, mais arrive à scolariser de nombreux enfants.
Elle leur apprend également les bases de la couture avec la confection de vêtements, de nappes et diverss objets, de même que la fabrication d'objets en bois. Ces réalisations sont vendues au profit de l'école et des projets concernant des fours à énergie solaire sont en cours.

Ecole AL'atelier de couture
Monsieur le Directeur nous présente le travail des enfants Un instituteur plein de fougue

Un jardin potager participe à l'apprentissage et permet de subvenir quelque peu à la nourriture des familles.
Les conditions d'études sont très précaires mais les enfants sont volontaires et suivent les cours dispensés en Français.
Quelques personnes aident l'association qui manque de beaucoup de choses élémentaires pour la plupart d'autres nous : cahiers, crayons, livres, stylos, …L'énergie de Patrice et les relations qu'il entretien avec les enfants dynamisent les personnes qui l'approchent et motivent les enfants qui, pour certains, suivent par la suite une scolarité normale dans les collèges ou lycée de la capitale.

Patrice au milieu des enfants Présentation des fours solaires


Le "Bouzoumgu*" (Patrice Faye) connu pour ses actions en faveur de la conservation de la nature, ses connaissances de la faune du Burundi (notamment les serpents, crocodiles, poissons, oiseaux) , plus ses activités** de comédien, écrivain, metteur en scène, arrive, dans son emploi du temps plus que chargé, à trouver l'énergie nécessaire pour gérer le fonctionnent de l'école. A le voir parmi les enfants on ne peut que lui souhaiter de réussir dans la mission qu'il s'est donné et si des Cichlidophiles font le voyage, qu'ils n'oublient pas, dans leurs bagages, ces petites choses qui manquent tant aux enfants délaissés du Burundi.
Pour en savoir plus : www.sosenfantsburundi.org

8 mars : c'est la fin du voyage et l'heure d'un premier bilan
Nous voilà bientôt arrivé au terme de notre périple après 3 semaines et 2500 kilomètres de routes dont 30% de pistes, de boue et de bosses en tout genre à sillonner le Burundi.
Notre bilan est plutôt positif car nous avons atteint les buts fixés au départ, l'exploration des lacs du Nord et la recherche de cichlidés du sud de Rumongue jusqu'à Nyanza lac.
Nous n'avions pas prévu de rapporter des poissons, juste de prendre des photos, des notes et pour Robert ... du formol.
Oui mais voilà la jeunesse, rien ne l'arrête et Aurélien ne s'est pas contenté de photographier, il a pêché (que Sophie se rassure, ce ne sont que quelques poissons). Ceci étant il nous a fallu improviser pour maintenir es cichlidés vivants au Guest House où nous logions à Rumongue.

La valise aquarium Changement d'eau

Les sceaux servant de stockage n'étant pas assez larges, l'idée d'utiliser une valise a fait son chemin.
Un peu de silicone pour boucher les trous des roulettes et ça marche, une simple pompe à air, mais pas de tuyau (il en existe sur le 4x4 pour le lave-glace) et voilà du tuyau, un té, une pompe à air et une valise tout est là, plus une perte.
Ce dernier jour est consacré à la visite de la vallée de la Ruzizi, à l'ouest en bordure de la frontière avec le Congo, les pluies très violentes des derniers jours ont rempli les rizières et les affluents sont chargés de sédiments, où sont les poissons ? Les pêcheurs rencontrés ont attrapé des poissons chats et des tilapias de petites tailles.

La Ruzizi serpentant dans sa vallée Un des affluents de la ruzizi
Habitation marquant la pauvreté du Nord Famille Burundaise
Heureusement il y a Primus; la bière du Pays... Coucher de soleil sur Rumongue
Toute ressemblance avec un membre du Conseil d'administration de la FFA n'est que pure coincidence...

Il ne nous reste plus qu'à préparer nos valises et en attendant de vous raconter notre aventure plus en détail à travers d'articles dans vos magazines préférés, nous vous remercions de nous avoir suivi durant ces 3 semaines.

Nota : L'identification des espèces photographiées demandera une confirmation de notre part après notre retour.

22 mars : Epilogue
Cela fait 15 jours qu'ils sont de retour parmi nous. Les poissons sont bien arrivés vivants et ont trouvé place dans les bacs alsaciens. Robert s'est mis au travail mais il a tenu à finaliser le "reportage" que vous avez pu suivre quasiment en direct. Laissons-lui la parole une dernière fois.

J’ai pu examiner les spécimens placés dans le formol et qui, pour l’occasion, ont été lavés et mis dans l’alcool à 70 %. Certaines espèces présentées sur le site lors du voyage ont parfois été déterminées dans la précipitation. Je vous indiquerai par la suite de quel cichlidés il s’agit.
Le voyage s’est très bien passé mis à part un aigrefin qui m’a fauché 1 000 euros dans ma chambre d’hôtel.
Avec 20 années de recul, le Burundi n’a pas très évolué mais il y a internet…pour quelques-uns et Toyota a remplacé Peugeot sur les routes. La fin de la guerre et les accords signés ont favorisé le retour de milliers de réfugiés. Cela se remarque particulièrement le long du lac où la population est dense. Les bananeraies et les palmiers à huile occupent toute la bande qui sépare la nationale 3 de la côte.
Des « bazounbous » (les blancs, en langage local) qui déballent des filets riquiqui sont vite entourés par les adultes et les enfants. Certains s’improvisent «chef de la plage» afin de grappiller quelques francs Bu. Cela nous a fait rigoler, mais c’est ça, l’Afrique ! Ainsi la pêche est assez pénible au milieu de la population et, parfois, la police et/ou l’armée étaient d’un grand secours pour nous allouer un peu plus d’espace. A l’avenir, l’exploration rationnelle de la côte burundaise du lac Tanganyika ne pourra se faire que par bateau afin d’atteindre une majorité de côtes.
Les lacs du nord, à la frontière avec le Rwanda (Rwihinda, Cohoha, Mweru), sont des lacs d’altitude (1 400 - 1 700 mètres). La faune pisciaire est assez pauvre en espèces et en quantité. Trois tilapies ( Oreochromis niloticus, O.macrochir, Tilapia rendalli) et un haplochrominien non décrit y vivent. Ces lacs font l’objet de surpêche tant la demande en protéine est élevée dans cette région dont les cultures de café et de thé sont destinées à l’exportation et ne contribuent pas à l’alimentation de la population locale. Certes, la culture vivrière est présente, mais ne suffit pas à l’alimentation de tous.
La pêche artisanale sur le lac utilise maintenant des filets à très petites mailles. Ainsi la nuit, la guirlande de feux, sur le lac, tissée par les pêcheurs aux lamparao attire toutes les espèces pélagiques comme les Mukéké (Luciolates) qui se font prendre dans ces filets. Ces poissons sont perdus et n’atteindront jamais la taille adulte. La quantité de poissons pêchée est faible et fait monter les prix sur les marchés. Le poisson est plus cher que la viande au Burundi.
Patrice Faye, nous a fait connaître les Batwas pygmoïdes. ils sont considérés comme les « gitans » locaux et ont la réputation d’être menteurs et voleurs. Ce sont les champions de la capture de reptiles parfois dangereux comme le Boomslang ou le Mamba. Encore un grand merci à Patrice, nous lui souhaitons beaucoup d’aides pour ses nombreuses entreprises humanitaires.
Nos reconnaissances vont à Alain Bertschy (Aquarium Systems, Sarrebourg) et à la Société d’Histoire Naturelle et d’Ethnographie de Colmar pour leurs soutiens.
Ci-après, les déterminations d’après les spécimens conservés et capturés lors du voyage.

 
Haplo des rizières au Sud de Nyanza-Lac  

Au nord de Nyanza-Lac  

 
Au marché aux poissons, sur le port de Rumonge, l’offre est assez disparate / 1 Synodontis, 2 Mastas, 2 Mukékés de petite taille ( Luciolates stappersii) 1 Bentho etc.
Autre curiosité du Burundi : sur la nationale 1 dans la descente de Bugarama vers Bujumbura, les "descendeurs de bananes" atteignent près de 80 km/h. Pour la remontée, ils s’accrochent à l’arrière des camions dans les effluves d’échappement.
Enfin, dernière image de cette aventure aquariophile, avec un grand merci à Roland, chargé de l'intendance. Grace lui, la perte en kilos s'est trouvée très limitée.


* Bouzoumgu : le blanc ou au pluriel Bazumgu - les blancs- en Kirundi.
** Ce n'est qu'une petite partie de ses activités, on peut ajouter, plombier, chef de chantier tout corps d'état, responsable de quartier... et je crois que j'en oublie.